Dans un récent article publié dans la revue Nature, des directeurs d’établissements de recherche du monde entier appellent les États, les compagnies et les scientifiques qui les conseillent à être plus justes, plus rigoureux et plus transparents concernant la politique de contrôle des émissions de gaz à effet de serre. 


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    Le monde entier lutte tant bien que mal contre les changements climatiques en cours et à venir. Mais il manque encore plusieurs ingrédients pour mettre toutes les chances de notre côté afin de ne pas rater la recette. Ils sont au nombre de trois : la transparencetransparence, l'équité et la vision à long terme. Plusieurs directeurs et directrices de recherche d'instituts scientifiques du monde entier publient un commentaire dans la revue Nature pour que les États, les compagnies privées et les scientifiques qui les conseillent travaillent ces points avant le prochain sommet des Nations Unies sur le climat à Glasgow, au Royaume-Uni, en novembre 2021. 

    Plus de transparence et de clarté 

    Pour respecter l'accord de Paris, chaque pays prend des mesures. Parmi eux, les tactiques mises en œuvre pour lutter contre le changement climatique sont très hétérogènes. Certains se concentrent sur le dixoyde de carbonecarbone tandis que d'autres luttent contre les émissionsémissions de l'ensemble des gaz à effet de serre. La date butoir de l'objectif zéro émission diffère aussi largement selon les États : en Finlande, c'est 2035 ; aux État-Unis et dans l'Union européenne, c'est 2050 ; pour la Chine, ce sera 2060. Ce n'est pas mieux du côté de l'industrie. Tandis que le mastodonte suédois Ikea, de même que le géant MicrosoftMicrosoft, luttent tous deux activement contre leurs émissions sur l'ensemble de leurs chaînes d'approvisionnement respectives, le Conseil international des Aéroports (ACI) a une stratégie zéro émission qui couvre seulement 2 % des émissions de toutes les activités de l'aviation de leurs aéroports. 

    Et c'est un problème. Cette hétérogénéité pourrait avoir un impact crucial sur les résultats attendus en matièrematière de température d'une part, mais également de changement climatiquechangement climatique général d'autre part. Par exemple, certaines entreprises privilégient la lutte indirecte contre leurs émissions. Mais cela n'est pas sans risque. Planter des forêts dans une logique de GreenWashing pourrait déplacer l'agriculture, de même que la plantation de la monoculture pourrait réduire la diversité des espècesespèces.

    La basilique Notre-Dame de Fourvière, noyée dans un nuage de pollution et de brume, le 7 décembre 2016, à Lyon. © Jeff Pachoud, AFP, Archives
    La basilique Notre-Dame de Fourvière, noyée dans un nuage de pollution et de brume, le 7 décembre 2016, à Lyon. © Jeff Pachoud, AFP, Archives

    Aussi, la permanence de tels déménagements biologiques reste incertaine. La capacité de stockage de carbone à long terme des forêts et des sols n'est pas bien connue et il ne peut y avoir aucune garantie qu'une forêt ne sera pas plus tard dévastée par un incendie forestier ou modifié par le changement climatique. Du côté des technologies de stockage, leurs ambitions restent spéculatives à l'heure actuelle. Tout cela suggère que les États et les compagnies privées doivent mieux définir leurs objectifs en fonction des résultats que nous souhaitons collectivement atteindre. 

    Un jeu à somme nulle 

    Les discussions éthiques se doivent d'être au centre des actions climatiques. Si les politiques climatiques peuvent créer des solutions gagnantes-gagnantes pour les États, atteindre des objectifs en matière d'émissions constitue un jeu à somme nulle. Autrement dit, si un pays fait moins d'efforts, cela se répercute nécessairement sur un autre qui doit en fournir plus. Les discussions éthiques doivent être plus explicites sur le sujet. Doit-on demander la même chose à un pays en voie de développement qui n'a pas contribué au changement climatique et un pays développé dont les émissions ont contribué massivement à la situation actuelle ? Doit-on demander les mêmes efforts à des industries qui peuvent réorienter leurs pratiques afin de capter le dioxyde de carbonedioxyde de carbone tandis que d'autres n'ont pas cette possibilité ? 

    Voilà pourquoi la transparence et la clarté évoquées précédemment sont nécessaires. Il faut pouvoir discuter des différentes stratégies plus équitables à la lumièrelumière d'une cible collective et globale.

    Les États et les compagnies doivent mieux définir leurs objectifs en fonction des résultats à atteindre collectivement. © Frederic Bos, Adobe Stock
    Les États et les compagnies doivent mieux définir leurs objectifs en fonction des résultats à atteindre collectivement. © Frederic Bos, Adobe Stock

    Une vision à long terme 

    L'objectif zéro émission ne constitue pas un point final dans la lutte contre le changement climatique. Afin d'atteindre cet objectif à l'échelle mondiale, les acteurs qui en ont les moyens doivent d'ores et déjà préparer des stratégies d'émissions négatives. Par exemple, si l'Union européenne parvient à atteindre son objectif zéro émission pour 2050, une stratégie d'émissions négatives pourrait compenser les réductions plus modestes d'autres pays causées par des obstacles techniques ou politiques plus importants.