La Journée internationale de la biodiversité marque l'occasion de revenir sur un concept méconnu : celui d'espèces parapluie. Formidables outils scientifiques et de communication, elles sont essentielles à la défense de l'environnement, mais pointent aussi les limites de notre compassion et de notre rapport à la nature.


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    Préserver la biodiversité relève, dans la conjoncture actuelle, du morceau de bravoure. Pour concentrer les efforts, convaincre les pouvoirs publics de s'adapter et toucher les cœurs, les scientifiques doivent donc faire des choix... C'est là qu'intervient l'espèce dite « parapluie ».

    L'espèce parapluie, c’est quoi exactement ?

    D'après le site du ministère de la Culture, une espèce parapluie désigne « une espèce dont l'habitat doit être sauvegardé pour que soient conservées d'autres espèces, parmi lesquelles certaines sont rares et menacées. » En résumé, c'est une espèce qui occupe un large territoire, dont dépendent de nombreuses autres espèces. La protéger, c'est protéger son habitat, et avec lui tous les organismes vivants qui y sont rattachés. La désignation d'une espèce parapluie permet donc de définir un territoire à protéger, mais également de soigner sa communication...

    Dans notre podcast Bêtes de Science, tous les animaux, du plus beau au plus moche, ont leur place. Blob, bousier, scinque, nécrophore, varan de Komodo ou encore oryctérope sont tous à retrouver, découvrir et apprécier avec Bêtes de Science. © Futura

    Pas simple de convaincre des organismes, des entreprises, des pouvoirs publics ou la population de faire des efforts pour sauver un poisson ou un insecte à l'allure un peu bizarre... Quand le milieu s'y prête, scientifiques et associations prennent donc soin de désigner une espèce parapluie capable de nous séduire.

    Espèce étendard et espèce parapluie : que, où, qui ? © Jonathan Dumas, YouTube

    De parapluie à étendard

    La plus célèbre d'entre elles est noire et blanche, adore le bambou et nous séduit avec sa bouille ronde, il s'agit bien sûr du panda géant ! Ce dernier « vit sur la même zone géographique que 70 % des mammifères forestiers, 70 % des oiseaux forestiers et 31 % des amphibiens forestiers », explique France TV. Le protéger permet donc de sauver un nombre incalculable de petites bêtes moins jolies. Et c'est, peu ou prou, la même chose pour l'ours blanc, la baleine bleuebaleine bleue, le tigre du Bengaletigre du Bengale ou encore la loutre : certaines espèces parapluie deviennent des espèces étendard.

    Évidemment, il y a des milieux où l'on a beau chercher : point de jolie fourrure, de grands yeuxyeux ou de morphologiemorphologie harmonieuse... les spécimens que l'on y croise peuvent nous paraître moches. Pourtant, ils sont tout aussi indispensables que les autres au bon fonctionnement des écosystèmes et ont besoin de mesures de protection. C'est là que les campagnes de séduction trouvent leurs limites. Pour compatir, l'être humain a besoin de s'identifier ou d'admirer. Il est donc bien plus touché par le sort des mammifères que, par exemple, celui des limules.

    De quoi remettre en perspective notre rapport à la nature et rappeler que la défense de la biodiversité doit se faire à tous les niveaux : la nature n'a pas à être séduisante pour avoir le droit à la vie, et les espèces parapluie peuvent être un formidable moyen de mettre en lumièrelumière... ou d'occulter tous les organismes qu'elle protège. Prudence, donc.