« Bêtes de Science », c’est comme un recueil d’histoires. De belles histoires qui racontent le vivant dans toute sa fraîcheur. Mais aussi dans toute sa complexité. Une parenthèse pour s’émerveiller des trésors du monde. Pour ce quatrième épisode, partons pour l’Asie sur les traces de l’un des animaux les plus mignons du monde : le panda géant.


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    Le panda géant, c'est un peu le symbole des espèces menacées. Peu à peu, presque l'airair de rien, nous avons grignoté sur son territoire. Morcelé son habitat. Et mis en péril l'équilibre fragile qu'il avait su négocier avec la nature.

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    Le panda géant reste menacé dans la nature

    Nous avons manqué de douceur pour celui que les légendes présentent pourtant comme un animal au grand cœur. Elles racontent même que c'est ainsi que des taches noires sont apparues sur la fourrure initialement d'un blanc immaculé du panda géant. Comme autant de traces de cendres laissées par leurs pattes essuyant leurs larmeslarmes à la mort d'un humain. Se bouchant les oreilles pour ne pas entendre les pleurs. Et se serrant dans les bras pour trouver du réconfort.

    Le panda géant. À le voir, avec son air débonnaire et ses yeuxyeux cerclés de noir, assis là à mastiquer sans fin un bambou pourtant indigeste, une seule envie nous vient : lui faire un énorme câlin. Mais ne vous y trompez pas. L'animal a aussi ses petits défauts. Tiens, par exemple, il est un poil fainéant. Y compris lorsqu'il s'agit de séduire sa belle.

    Une vertu inattendue du crottin de cheval

    Pire encore -- ou peut-être pas, selon les valeurs de chacun --, le panda géant semble avoir développé une étrange attirance pour, n'ayons pas peur des mots... le caca des autres. Et cette attitude est tellement rare chez les mammifères sauvages -- qui préfèrent s'en éloigner pour éviter des contaminationscontaminations par des parasites -- que des chercheurs ont voulu en savoir plus. Ils ont voulu comprendre pourquoi diable les pandas géants aiment tant se rouler dans le crottin de cheval. En frotter et en étaler partout sur leur fourrure. Avec une préférence marquée pour le crottin frais !

    Ce qui leur a mis la puce à l'oreille, c'est que ce comportement s'observait chez les pandas de Qinling -- une sous-espèce dont la fourrure peut apparaître tachée de brun clair plutôt que de noir et dont il n'en reste pas plus de 300 individus à l'état sauvage -- surtout lorsque les températures, dans les montagnes où ils vivent, passent en dessous des 15 °C.

    En s'intéressant eux aussi de plus près au crottin de cheval, les chercheurs y ont trouvé des substances -- du bêtabêta-caryophyllène (BCP) et de l'oxyde de caryophyllène (BCPO) -- capables de faire basculer, temporairement au moins, l'interrupteur de la sensation de froid sur « off ». Les pandas géants, eux, l'avaient appris par l'expérience, en vivant aux côtés de chevaux parcourant depuis 1.000 ans les routes commerciales des monts Qinling. Eux qui, contrairement à leurs cousins les ours, n'hivernent pas, ont trouvé une solution tout aussi efficace pour lutter contre le froid... Pas si bête, le panda de Qinling !