Les activités humaines sont responsables du déclin de la biodiversité observé par les scientifiques depuis plusieurs décennies. Jusqu’ici, c’est essentiellement le changement d’affectation des sols qui nuit à la nature. Mais demain, les effets du réchauffement climatique pourraient prendre le pas.


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    L'Ipbes, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, c'est un peu le Giec de la biodiversité. Et selon ses experts, le changement d'affectation des terres est le principal facteur du déclin de la biodiversité observé au cours du XXe siècle. Mais à quel point ? Une équipe internationale de chercheurs donne aujourd'hui des chiffres. Le changement d'affectation des terres serait responsable à lui seul d'une diminution de 2 à 11 % de la biodiversité mondiale.

    Les scientifiques assurent qu'il s'agit là de l'estimation la plus complète à ce jour de l'impact de la réduction et de la fragmentation des habitats sur l'évolution de la biodiversité. Elle repose sur treize modèles portant sur toutes les régions du monde. Ce qui la différencie à coup sûr d'études précédentes qui travaillaient sur des données fragmentées et donc, potentiellement biaisées.

    Les chercheurs ont aussi calculé l'impact simultané du changement d'affectation des sols sur ceux que l'on appelle les services écosystémiques. Comprenez, les avantages que la nature apporte aux humains. Au cours du siècle dernier, ils ont constaté une augmentation massive de la fourniture de services écosystémiques, comme la production alimentaire et forestière. En revanche, les services de régulation des écosystèmes, comme la pollinisation, la rétention d'azoteazote ou la séquestration du carbonecarbone, ont modérément diminué.

    Les activités humaines au cœur du déclin de la biodiversité

    Les modèles développés par l'équipe permettent aussi quelques projections. Et celles-ci montrent notamment que si l'utilisation des sols est depuis longtemps le principal facteur de perte de biodiversité, il pourrait être détrôné dès le milieu de notre siècle par un autre facteur d'origine humaine : le réchauffement climatique.

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    Les chercheurs expliquent dans la revue Science que, quel que soit le scénario envisagé - de celui qui table sur la mise en place d'un vrai développement durable à celui dans lequel les émissionsémissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre demeurent élevées -, les effets combinés du changement d'affectation des terres et du changement climatiquechangement climatique vont conduire à une perte de biodiversité. Et ce, dans toutes les régions du monde. Même si des variations marquées apparaissent selon les régions, les modèles et les scénarios.

    La préservation de la biodiversité comme solution à la crise climatique

    L'équipe rappelle cependant que ces projections ne correspondent en rien à des prévisions. Leur objectif est, au contraire, de nous permettre de mettre en place des politiques qui nous aideraient à éviter les trajectoires les moins souhaitables. « Notre analyse montre qu'une approche véritablement intégrée prenant en compte les différentes dimensions de la durabilitédurabilité dans un cadre cohérent est nécessaire pour réduire les conflits entre les politiques et sauvegarder la biodiversité dans les décennies à venir. Par exemple, même si le déploiement de la bioénergie reste un élément essentiel de la majorité des scénarios de stabilisation climatique, il constitue également une menace pour les habitats des espècesespèces, notent les chercheurs. Compte tenu des effets négatifs potentiellement synergiques de l'utilisation des terres et du changement climatique sur la biodiversité, nos résultats suggèrent que les efforts de conservation et de restauration devraient être prioritaires à l'échelle mondiale en tant que solutions climatiques naturelles nécessaires. »

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    En conclusion, les scientifiques soulignent que les politiques actuelles ne suffiront pas à atteindre les objectifs fixés sur le plan international en matièrematière de préservation de la biodiversité. Ils recommandent de redoubler d'efforts et de continuer à évaluer les impacts des politiques pour identifier les plus efficaces.