La démarche est qualifiée de « sans précédent ». Plus de 200 revues de santé viennent de publier un seul et même éditorial. Il appelle les dirigeants du monde à reconnaître le lien étroit entre la crise climatique et la crise de la biodiversité. Il affirme aussi que ces deux crises constituent une urgence sanitaire mondiale immédiate qui exige une réponse unifiée et robuste.


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    Ce mercredi 25 octobre 2023, au travers d'un éditorial publié dans plus de 200 revues spécialisées -- parmi lesquelles quelques titres de premier plan comme The BMJ, The Lancet ou encore JAMA --, des scientifiques du monde entier ont appelé les autorités à considérer enfin la crise climatique et la crise de la biodiversité comme intimement liées. Comme des crises qui doivent être affrontées ensemble. Des crises auxquelles il faut trouver des solutions conjointes si nous espérons nous en relever. Les auteurs demandent aussi à l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) de reconnaître cette crise environnementale pour ce qu'elle est : une urgence sanitaire mondiale.

    Le saviez-vous ?

    L’Organisation mondiale de la santé (OMS) qualifie traditionnellement d’urgence sanitaire mondiale, un événement grave, soudain, inhabituel ou inattendu. Mais aussi, un événement qui constitue un risque pour la santé dans plusieurs pays et qui nécessite une réponse internationale coordonnée.

    Les scientifiques notent en effet que la santé humaine est aujourd'hui affectée à la fois par la crise climatique et par la crise de la biodiversité, et que les communautés les plus pauvres sont les plus touchées.

    Certains scientifiques estiment que jusqu’à une mort sur 5 dans le monde serait due à la pollution de l’air engendrée par les combustibles fossiles. Les mêmes qui sont responsables du réchauffement climatique anthropique. © Stavros, Adobe Stock
    Certains scientifiques estiment que jusqu’à une mort sur 5 dans le monde serait due à la pollution de l’air engendrée par les combustibles fossiles. Les mêmes qui sont responsables du réchauffement climatique anthropique. © Stavros, Adobe Stock

    Climat et biodiversité, même combat pour une meilleure vie

    Pour exemple de menaces exacerbées par le changement climatique, les chercheurs citent la hausse des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes, la pollution de l’air et la propagation de maladies infectieuses ou encore l'acidification des océans qui réduit la qualité et la quantité des produits de la mer dont dépendent des milliards de personnes pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance.

    Pour nous aider à prendre la mesure du risque engendré par la perte de la biodiversité, les scientifiques rappellent que la situation compromet notre nutrition et limite la découverte de nouveaux médicaments dérivés de la nature. Les changements dans l'utilisation des terres ont forcé des dizaines de milliers d'espèces à entrer en contact plus étroit, augmentant les échanges d'agents pathogènespathogènes et l'émergence de nouvelles maladies et pandémiespandémies. Ils notent par ailleurs que les gens sont en meilleure santé lorsqu'ils ont accès à des espaces verts qui aident à filtrer la pollution de l'airair, à réduire la température de l'air et du sol et à offrir des possibilités d'activité physiquephysique. Se connecter avec la nature réduit également le stress, la solitude et la dépression tout en favorisant les interactions sociales. Comme le disait Antonio Guterres, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies, « sans nature, nous n'avons rien » !

    Un appel à déclarer l’urgence sanitaire mondiale

    Les chercheurs regrettent aussi que les conférences qui traitent de ces sujets, la COP climat et la COP biodiversité, soient toujours distinctes. « C'est une erreur grave et dangereuse », affirment-ils. D'autant plus que les engagements pris sont trop rarement respectés. « Cela a poussé les écosystèmes encore plus loin, augmentant considérablement le risque de dysfonctionnement de la nature », préviennent les scientifiques.  Même si nous parvenions à maintenir le réchauffement climatiqueréchauffement climatique en dessous d'une augmentation de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, nous pourrions encore causer des dommages catastrophiques à la santé en détruisant la nature ».

    Les scientifiques appellent ainsi à une harmonisation des processus des COP. Parce que « restaurer la biodiversité et lutter contre le changement climatique dans le même élanélan apparaît comme la seule voie à suivre », ils demandent également aux professionnels de santé de devenir les plus fervents défenseurs de ces deux causes. Et à tout un chacun de signer la pétition demandant à déclarer une urgence mondiale de santé publique à l'occasion de la prochaine l'Assemblée mondiale de la santé qui se tiendra en mai 2024. Une décision qui aiderait peut-être à déclencher une réponse internationale coordonnée.

    Voir aussi

    « La prochaine crise sera bien plus meurtrière » ! 200 revues de médecine exhortent les gouvernements à agir contre le réchauffement climatique