Dans la célèbre grotte des cristaux géants, au Mexique, des chercheurs de la Nasa ont découvert des bactéries emprisonnées depuis 50.000 ans, et toujours vivantes. De quoi revoir nos idées sur les capacités d'une vie semblable à la nôtre à se développer sur d'autres planètes.

au sommaire


    Depuis huit ans, l'équipe de Penelope Boston travaille dans la mine de Naïca, au Mexique, dans l'État de Chihuaha. L'endroit est devenu célèbre dans le monde entier pour ses cristaux de gypsegypse géants, dont la longueur se mesure en mètres (11,4 m pour le plus grand), en particulier dans la grotte dite, justement, « des cristaux ». Formés et développés dans l'eau (qui a été pompée pour l'exploitation du minerai) depuis des dizaines de milliers d'années, ils enferment des petites bulles d'eau liquideliquide.

    C'est là que Penelope Boston a découvert d'étranges bactéries miniatures - des nanobactéries -, enfermées dans ces cavités depuis 10.000 à 50.000 ans. Or, ces micro-organismesmicro-organismes étaient encore vivants et, revenus dans des conditions plus clémentes, se sont divisés. C'est ce que la biologiste a expliqué lors d'une conférence donnée dans le cadre de la réunion annuelle de l'AAAS (American Association for the Advancement of Science)), qui se tient actuellement. Une publication nous est promise. Pour l'instant, les informations sont diffusées par la presse, comme Science News.

    Est-ce surprenant ? Oui, même si ce n'est pas une première. Un petit peuple de nanobactéries en pleine forme a été découvert à 3,2 km sous la calotte glaciairecalotte glaciaire du Groenland et, plus fort encore, des traces de métabolismemétabolisme ont été mises en évidence dans un pergélisol gelé depuis 600.000 ans, comme si les bactériesbactéries qui y survivent réparaient leur ADNADN pour résister au temps.

    Voir nos actualités :

    En 2008, des scientifiques présentaient la nanobactérie <em>Chryseobacterium greenlandensis</em> découverte à 3,2 km sous la glace du Groenland. Elle est vue ici au microscope électronique à balayage. Sa taille est très petite, environ 1 micron de longueur pour un demi-micron de diamètre. Celles qui ressemblent des cacahuètes sont en train de se diviser. © Jennifer Loveland-Curtze, <em>Penn State</em>

    En 2008, des scientifiques présentaient la nanobactérie Chryseobacterium greenlandensis découverte à 3,2 km sous la glace du Groenland. Elle est vue ici au microscope électronique à balayage. Sa taille est très petite, environ 1 micron de longueur pour un demi-micron de diamètre. Celles qui ressemblent des cacahuètes sont en train de se diviser. © Jennifer Loveland-Curtze, Penn State

    Ces bactéries super-résistantes intéressent les exobiologistes

    Mais ici, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, dans un sol chauffé par une activité volcanique toute proche, les conditions sont à l'inverse d'une congélation, avec des températures autour de 45 °C. Ces nanobactéries, emprisonnées dans le cristal, sont en revanche protégées de l'airair, saturé d'humidité (qui atteint près de 100 %) et pratiquement irrespirable par des humains, comme elles l'étaient de l'eau quand la grotte était noyée.

    Ces bactéries miniatures intéressent les chercheurs car leur espèce est inconnue et parce que, même à l'état dormantdormant, elles sont encore vivantes après 50.000 ans enfermées dans une prison étanche. Leur capacité à survivre dans ces conditions alerte aussi les exobiologistes. D'ailleurs, Penelope Boston travaille à la Nasa, où elle dirige l'institut d'astrobiologieastrobiologie (synonyme d'exobiologie). Les recherches de vie terrestre en milieu extrême font justement partie des thèmes étudiés par ses équipes.

    Car même la vie « telle que nous la connaissons » nous surprend encore lorsqu'elle s'adapte à des environnements qui semblaient infréquentables. L'exobiologiste qui étudie les conditions d'apparition de la vie et de son développement doit commencer par mieux comprendre celle qu'il a autour de lui...