Planter des arbres pour nous aider à lutter contre le changement climatique. L’idée est séduisante. Mais elle risque d’être difficile à mettre réellement en œuvre. Par manque de semis…


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    Pour lutter contre le changement climatique, certains pensent avoir trouvé la solution. Ils veulent planter des arbres. Un milliard d'ici 2030 rien qu'en France, selon notre président de la République. L'objectif est du même ordre aux États-Unis. Et le Forum économique mondial vise jusqu'à mille milliards d'arbres dans le monde.

    Pour reboiser le monde, les arbres vont manquer

    Mais il y a quelques semaines, Jean-François Soussana, vice-président de l'Institut national de la recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) et membre du Haut conseil pour le climat, nous prévenait : « Il ne faut pas négliger la difficulté que va poser notre capacité à avoir des plants forestiers en nombre suffisant ».

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    Et une étude menée par l’université du Vermont (États-Unis) le confirme. Les pépinières américaines ne seront pas en mesure de répondre à cette demande. Aussi bien en matièrematière de quantité que de diversité et de qualité. Les pépinières ayant la fâcheuse tendance à privilégier les essences appréciées pour la production commerciale face à celles qui seraient utiles pour la conservation, la restauration écologique ou l'adaptation au climat du futur.

    Selon les chercheurs de l’université du Vermont (États-Unis), l’épicéa rouge est important pour les écosystèmes, mais les semis disponibles sont rares. © Robert H. Mohlenbrock, USDA-NRCS PLANTS Database, Wikipédia, Domaine public
    Selon les chercheurs de l’université du Vermont (États-Unis), l’épicéa rouge est important pour les écosystèmes, mais les semis disponibles sont rares. © Robert H. Mohlenbrock, USDA-NRCS PLANTS Database, Wikipédia, Domaine public

    Des arbres ni assez nombreux et ni assez diversifiés pour lutter contre le réchauffement climatique

    Les chercheurs évoquent l'exemple de l'épicéa rouge -- aussi connu sous le nom d'épinette rouge. La variété est écologiquement importante. Elle est encore présente sur des centaines de kilomètres dans l'est de l'Amérique du Nord. Mais elle subit désormais le stressstress des changements climatiqueschangements climatiques, des ravageurs et du défrichage. Les chercheurs n'ont trouvé que 800 semis d'épicéas rouges à l'achat, alors qu'il en faudrait plusieurs millions pour atteindre les objectifs de restauration.

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    Pour relever le défi du reboisement, il faudra donc investir lourdement dans la production de semis diversifiés. Des investissements pas si simples à engager dans ce monde en réchauffement où l'on ne sait pas avec certitude quelles espècesespèces seront adaptées à quelles régions dans les années à venir. Des investissements qui devront en plus être locaux. Car les chercheurs montrent aussi que les semis produits à de grandes distances ont moins de chance de prendre que ceux produits à proximité de la plantation.