Combien coûte un arbre ? La question peut paraître saugrenue. Pourtant, des spécialistes ont mis au point un indicateur pour calculer la valeur d’un arbre en fonction de sa taille, de sa notoriété ou de sa beauté. Voici comment ils ont procédé pour établir leur classement et leur verdict.
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La nature a-t-elle un prix ? Et si oui, comment le calculer ? Faut-il, par exemple, évaluer une forêt en terme d'émissionsémissions de carbone épargné, de la valeur de sa biodiversité, de son attrait touristique, de son utilité économique, de sa valeur marchande ? Des dizaines d'économistes et de scientifiques se sont penchés sur la question, qui demeure un véritable casse-tête.
Comment fixer le prix d’un arbre ?
Le Royaume-Uni a mis au point un indicateur nommé CAVAT (Capital Asset Value for Amenity Trees) pour les arbres, qui mesure leur valeur en terme d'équipement public, c'est-à-dire la façon dont ils contribuent à l'attrait d'un endroit. Il se base notamment sur l'âge et la taille de l'arbre, sa notoriété, son emplacement (est-il accessible gratuitement au public ou dans un jardin privé ?), son esthétique (est-ce qu'il a de belles branches ? Est-il atteint d'une maladie ou son tronc est-il endommagé ?), ou encore son environnement (est-il intégré dans un beau paysage ? Fait-il partie d'un site historique ?). Kieron Doick, chercheur à Forest Research, et Chris Neilan, concepteur de la méthode CAVAT, ont calculé de cette façon la valeur des sept arbres les plus « chers » du monde. Voici le résultat leur évaluation :
1er : General Sherman, Californie, 12,31 millions d’euros
Haut de 83 mètres, le Général Sherman (du nom d'un général nordiste qui s'est illustré lors de la guerre de Sécession) est un séquoia géant qui se trouve dans le parc national de Sequoia en Californie. Ce n'est pas l'arbre le plus grand du monde, ce titre revenant à l'un de ses acolytes de 115 mètres, mais ce serait l'un des organismes vivants les plus imposants sur Terre, avec ses 1.385 tonnes et ses 1.487 m3 de volumevolume. Âgé d'environ 2.200 ans, il produit encore chaque année l'équivalent en bois d'un nouvel arbre de 30 mètres de haut de 30 centimètres de diamètre.
2e : Arbre tunnel de Wawona, Californie, 10,45 millions euros
Déraciné sous le poids d'intenses chutes de neige en 1969, ce séquoia géant, situé dans le parc national de Yosemite, fut de son vivant l'une des attractions touristiques majeures du XXe siècle. Le tunnel creusé dans son tronc, en 1881, attira des milliers de badauds se faisant photographier avec leur voiturevoiture passant sous l'arbre. Aujourd'hui, on peut toujours admirer le tronc tombé à terre et d'autres séquoias ont été creusés en tunnel pour entretenir la manne touristique. Son prix record de 10,45 millions d'euros s'applique à la valeur avant sa chute. Il était alors âgé de 2.300 ans.
3e : Chêne ange, Caroline du Sud, 963.830 euros
Situé dans le parc Angel oak, sur l'île de Johns, en Caroline du Sud (États-Unis), le chêne ange ne tire pas son nom d'esprits blancs ailés, comme on pourrait le penser, mais de Justus Angel, un Afro-Américain, propriétaire d'esclaves. Sa valeur provient notamment de son immense tronc (8,5 mètres) et de ses magnifiques branches qui génèrent une zone d'ombre de 1.600 m2 ; la plus longue mesure 57 mètres de long. Agé d'environ 500 ans, il a malheureusement été endommagé par l'ouragan Hugo en 1989, mais semble avoir repris des forces depuis. L'arbre appartient, à présent, à la ville de Charleston.
4e : Figuier du Ta Prohm, Cambodge, 881.420 euros
Si vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce figuierfiguier des Pagodes (Ficus religiosa) situé au Cambodge, c'est parce qu'il figure dans une scène mythique du film Lara Croft : Tomb Raider, sorti en 2001. Ses racines monumentales s'enchevêtrent dans les ruines du temple du Ta Prohm, sur le site d'Angkor au Cambodge. Ce temple du XIIe siècle, inscrit au Patrimoine de l'Unesco, est l'un sites des plus touristiques du pays.
5e : Platane victorien du Berkeley Square, Angleterre, 828.180 euros
En passant à côté de ce platane, au centre du Berkeley Square, à Londres, vous ne saurez pas que vous côtoyez un trésor de 750.000 euros. Planté en 1789, il est le plus « cher » du Royaume-Uni, d'après l'indicateur CAVAT, en particulier, à cause de son emplacement privilégié et de sa circonférence (1,8 mètre). Il trône au milieu de 30 autres platanes de son acabit. La totalité des arbres de la capitale britannique a été estimée à plus de 6,4 milliards.
6e : Major Oak, Angleterre, 634.310 euros
La légende raconte que ce chêne, au coeur de la forêt de Sherwood, dans le centre de l'Angleterre, servait de repaire à Robin des Bois pour détrousser les riches nobles et marchands. D'une circonférence de plus de 10 mètres, son âge a été estimé entre 800 et 1000 ans. Très populaire, le Major Oak fait l'objet d'un gros business (y compris d'escroqueries) et a reçu plusieurs distinctions pour sa valeur patrimoniale. Malheureusement, une grande partie des branches se sont cassées et celles qui restent sont soutenues par des échafaudageséchafaudages, ce qui diminue sa valeur.
7e : Vieux Tjikko, Suède, 26.993 euros
Ce vieil épicéa peut sembler maigrichon, mais il a tout de même 9.550 ans au compteur. Très connu des populations locales, son nom lui a été donné par le géologuegéologue et professeur suédois, Leif Kullman, qui a estimé son âge en 2004 et l'a nommé ainsi en l'honneur de son chienchien décédé. Le Vieux Tjikko est pourtant un peu un tricheur : il ne s'agit pas d'un seul arbre, mais de plusieurs arbres qui ont poussé sur le même tronc. Il s'agit ainsi du plus vieil arbre clonal du monde. Malheureusement, il perd quelques points en raison de son aspect relativement décharné.