La nécessaire transition vers le bio ne se fait ni sans heurts, ni sans contradictions : une nouvelle étude révèle que les champs conventionnels utiliseraient davantage de pesticides lorsqu'ils sont à proximité des parcelles bio ! Un constat qui pointe la nécessité de mener des recherches pour optimiser les pratiques.


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    Un champ peut en cacher un autre, et l'agriculture biologique peut cacher... une utilisation accrue de pesticides chez ses voisins conventionnels. C'est ce que révèle une étude menée en Californie sur près de 14 000 parcelles agricoles : des chercheurs des universités de Californie, British ColumbiaColumbia, et Colorado Boulder ont en effet observé que les champs biologiques abritent souvent plus d'insectes nuisibles, mais aussi plus de prédateurs naturels que la moyenne.

    La présence des polluants éternels explosent dans les fruits et légumes. Décryptage avec Adèle Ndjaki dans Futura Récap. © Futura

    Mauvaise nouvelle : cela crée une pressionpression des ravageurs pouvant entraîner une augmentation de l'utilisation de pesticides dans les champs conventionnels situés à proximité. En revanche, c'est une bonne chose pour les parcelles biologiques voisines qui bénéficient de la présence des prédateurs, capables de réguler les populations d'insectes.

    Un phénomène encore mal compris

    « Nous constatons que les cultures biologiques entraînent généralement une diminution de l'utilisation des pesticides dans les champs biologiques avoisinants », s'est réjouie la chercheuse Ashley Larsen lors d'une conférence de presse. Cependant, les mécanismes précis de ces effets restent mal identifiés, modère la chercheuse en sciences environnementales de l'Université de Californie et autrice principale de l'étude publiée dans Science.

    Outre la distance entre les parcelles, ces interactions pourraient également être influencées par les types de cultures, leur résistancerésistance aux insectes nuisibles, et les pratiques individuelles des agriculteurs. Un sujet qu'il faut absolument explorer, estime Ashley Larsen. « On s'attend à une croissance de l'agriculture biologique à l'avenir, alors comment faire pour que cela ne cause pas de dommages collatéraux ? »

    Un enjeu terriblement actuel et dont la réponse pourrait résider dans le regroupement de champs pratiquant l'agriculture biologique afin qu'ils bénéficient l'un de l'autre et épargnent les champs conventionnels.