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Fin novembre 2016, l'Itab, l'Institut technique de l'agriculture biologique, a remis son rapport « Quantifier et chiffrer économiquement les externalités de l'agriculture biologique ? » commandé en juin 2015 par le ministère de l'Agriculture. C'est le premier du genre en France dont l'objectif est d'évaluer précisément les bienfaits d'une agriculture affranchie de pesticides, d'insecticides et autres engrais chimiques ou semences OGM. Cela permet de rendre les bénéfices plus visibles à la fois dans le champ public et la sphère politique.
Visiblement et sans surprise, au premier coup d'œilœil du tableau récapitulatif (voir ci-dessous) du document rédigé en partenariat avec l'Inra et qui s'appuie sur quelque 280 études scientifiques, les impacts sont globalement positifs dans les trois « externalités » environnement, santé humaine et performances sociales. Finalement, la seule case qui fait défaut, en rouge, qui montre donc un effet négatif, est celle des rendements. Comparés à ceux de l'agriculture conventionnelle, ils sont en majorité plus faibles.
Tous les domaines concernés de près ou de loin par l'agriculture bio (laquelle rappelons-le se doit de respecter le cahier des charges de la filière) ont été passés au crible par ses auteurs Natacha Sautereau (Itab) et Marc Benoît (Inra). Aidés d'une vingtaine de chercheurs, ils ont tenu à quantifier tous les services rendus par ce type d'agriculture, directement et indirectement, de la qualité des sols jusqu'aux nombres d'emplois créées. Ils ont souhaité aussi estimer la valeur économique de ses acteurs et vecteurs comme par exemple la pollinisation des abeilles.
Tableau récapitulatif des effets bénéfiques de l’agriculture bio. © Itab
Les effets positifs du bio sur la santé humaine et sur l'emploi
Les études référencées font des constats alarmants sur l'état de l'environnement. Au sujet de l’eau par exemple : « la France connaît une contaminationcontamination généralisée de ses massesmasses d'eau par les pesticides détectés dans 90 % des points de mesures, ainsi que par l'azoteazote, présent sous forme de nitrate dans 83 % des points de suivi des eaux de surface », indique le rapport, et cela concerne « toutes les régions ».
Pour la santé, le document rappelle que « les centres antipoison et de toxicovigilance enregistrent 5.000 à 10.000 cas d'intoxications par les pesticides par an ». Sur cette question, il y a eu des avancées significatives ces dernières années. Plusieurs pathologiespathologies comme ParkinsonParkinson et le LymphomeLymphome malin non hodgkinien ont en effet été reconnues comme maladies professionnelles. « [...] des liens sont avérés ou plausibles entre expositions chroniques aux pesticides et certains types de cancerscancers, des maladies neurologiquesmaladies neurologiques, des troubles de la reproduction et du développement. Des effets sont aussi suspectés pour d'autres pathologies telles que les maladies respiratoires, les troubles immunologiques, et des troubles du comportement » explique le rapport.
Même si la question est sujet « à des débats récurrents », les premiers résultats des études en cours montrent que les consommateurs de produits biologiques sont en meilleure santé : « [ils] connaissent moins de problèmes de surpoids et d'obésitéobésité et de pathologies associées ». Sans doute aussi parce qu'« ils ont généralement un mode de vie plus sain ».
Sur le plan social, les bénéficies de l'agriculture biologique ont aussi été chiffrés. Le volumevolume de travail a augmenté dans la plupart des fermes qui se sont créées ces trois dernières années, au contraire de celles de l'agriculture industrielle, écrivent les auteurs. Le bénéfice en emploi est estimé entre 10 et 18 euros par hectare de grande culture chaque année.
À cela s'ajoute, un renforcement des liens sociaux, notamment grâce aux réseaux de distributions comme les Amaps, ou d'approvisionnement direct à la ferme.
La synthèse de l'Itab est disponible ici. L'intégralité du rapport est téléchargeable ici.