Les aigles royaux aiment les défis de taille, comme en témoignent trois images prises par un piège photographique en Russie. On y voit un rapace fermement accroché sur le dos d’un jeune cerf sika, qui finira par y laisser la vie. Il s’agit d’un nouvel exemple du comportement de prédation opportuniste que peuvent adopter ces oiseaux.

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    Depuis quelques années, d'importants efforts sont faits pour mieux connaître les tigres de Sibérie (Panthera tigrisPanthera tigris altaica), notamment par la Société zoologique de Londres (ZSL, pour Zoological Society of London) et la Société pour la conservation de la vie sauvage (WCS, pour Wildlife Conservation Society). Il ne subsisterait actuellement que 3.050 à 3.950 individus sauvages dans le monde, ce qui justifie l'inscription de l'espèce sur la liste rouge de l'UICNUICN, dans la catégorie « en danger d'extinction ».

    Ces grands félins vivent notamment dans la réserve naturelle de l'État de Lazovsky, à l'extrême est de la Russie, là justement où des pièges photographiques ont été installés dans le cadre d'un programme d'étude conjoint. Cependant, c'est sur un tout autre animal que ce dispositif a fourni de nouvelles informations : l'aigle royal (Aquila chrysaetos).

    Que vient faire ce rapace de 5,4 kgkg et de 2,3 m d'envergure dans cette histoire ? On y vient. En décembre 2011, Linda Kerley (ZSL) était déjà chargée du projet exploitant les dispositifs photographiques, lorsqu'elle s'est rendue sur un site équipé de l'un d'eux. Elle y a alors trouvé une carcasse, celle d'un jeune cerf sika (Cervus nipponCervus nippon), mais quelque chose clochait.

    Le cerf sika (<em>Cervus nippon</em>), la victime de cet aigle royal, vit également en Europe, où il a été introduit au XIX<sup>e</sup> siècle. Une population sauvage de 250 individus a par exemple élu domicile près d'Armainvilliers (Seine-et-Marne ; données de l'ONCFS). © Linda Kerley, <em>Zoological Society of London</em>

    Le cerf sika (Cervus nippon), la victime de cet aigle royal, vit également en Europe, où il a été introduit au XIXe siècle. Une population sauvage de 250 individus a par exemple élu domicile près d'Armainvilliers (Seine-et-Marne ; données de l'ONCFS). © Linda Kerley, Zoological Society of London

    Les aigles royaux ont les yeux plus gros que le ventre

    Les empreintes présentes dans la neige laissaient croire que le cervidé avait couru seul, avant de s'arrêter puis de mourir. Aucune trace d'un quelconque prédateur carnivore n'a donc été observée autour des restes de l'animal. Ce n'est qu'une fois de retour à son camp que la chercheuse s'est mise en quête d'indices en regardant les photographiesphotographies prises par le piège du site concerné. Trois images réalisées en deux secondes ont alors tout expliqué : le jeune cerf a été attaqué depuis les cieux, par un aigle royal. On voit très clairement le rapace accroché sur le dosdos de sa victime sur les clichés.

    Ce goût des aigles royaux pour les défis, comme chasser de grandes proies en regard de leur taille, a déjà été observé et documenté à plusieurs reprises dans le monde (des vidéos diffusées sur InternetInternet peuvent en témoigner). Ainsi, s'ils se nourrissent le plus souvent de lapins, il leur arrive également de s'en prendre à des coyotes, à d'autres cervidés, voire à des oursons bruns, selon des précisions apportées par Jonathan Slaght (WCS) sur le site Live Science. Il ajoute également que Linda Kerley a eu de la chance en capturant avec une telle qualité d'image ce moment rare.

    Ensemble, Linda Kerley et Jonathan Slaght viennent de décrire le comportement de prédation opportuniste de cet aigle dans le Journal of Raptor Research.