Depuis la promulgation de la loi AGEC en 2020, avec obligations pour les restaurateurs de sortir du plastique à usage unique, les mentalités sont en train d’évoluer. Il était temps, car plus de 13 milliards d'emballages jetables sont générés chaque année, sauf pour ceux qui ont opté pour un système comme celui que propose La Consigne GreenGo.


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    « Le meilleur déchetdéchet, c'est celui qu'on ne produit pas. » Ce principe, qui a servi de base à la création de la start-up La Consigne GreenGo, a permis depuis 2018 d'éviter 900 000 emballages, soit 22 000 tonnes de déchets, comme le souligne Yasmine Dahmane, cofondatrice de la société, qui répond à nos questions.

    Yasmine Dahmane, cofondatrice de La Consigne GreenGo. © La Consigne GreenGo
    Yasmine Dahmane, cofondatrice de La Consigne GreenGo. © La Consigne GreenGo

    Futura : Quelle est votre solution ?

    La Consigne GreenGo a pour vocation d'éviter les tonnes de déchets d'emballages avec un modèle de réemploi sur mesure de contenants en verre pour la majorité. Nous proposons un accompagnement sur toute la chaîne de valeur, le sourcing d'emballages, leur traçabilitétraçabilité, le lavage, le mécanisme de collecte, le dispositif marketing pour maximiser le taux de retour. Nous avons plus de 180 clients : les acteurs de la restauration collective qui équipent les grands groupes de notre service, les plateformes de livraison, l'événementiel et plus de 75 chaînes et restaurants indépendants. En tout, cela représente plus de 70 000 utilisateurs !

    Futura : Comment réussissez-vous à convaincre vos clients d’essayer de changer leurs habitudes avec un modèle certes vertueux mais un peu plus contraignant ?

    Yasmine Dahmane : Les motivations de nos clients sont diverses, il y a ceux qui disposent d'une culture RSE forte, ceux avec une fibre écologique et ceux qui sont contraints par la loi AGEC (loi anti-gaspillage pour une économie circulaireéconomie circulaire). Il y a bien entendu une dimension rentabilité et adhésion des usagers à prendre en compte. C'est pour cette raison que nous leur proposons une traçabilité précise du contenant, à l'aide de QR Codes ou puces RFIDpuces RFID, qui permet de visualiser l'état de leur stock et donc d'en optimiser la gestion et de s'assurer de la rentabilité économique. La donnée est essentielle quand on la possède, mais il faut la traiter pour améliorer le service en continu. En plus de cette couche technologique, il y a donc une dimension marketing importante afin de motiver les usagers par la pédagogie et la sensibilisation aux enjeux de réemploi, la mise en place d'une caution et des procédés de gamification personnalisés par client pour proposer une expérience ludique et positive, comme les programmes de fidélité par exemple.

    Futura : Avez-vous réalisé une analyse de cycle de vie afin de vous assurer que votre solution ne soit pas au final moins vertueuse que le problème qu’elle est censée régler ?

    Yasmine Dahmane : L'analyse du cycle de vie de nos produits est en cours. C'est un processus long et coûteux mais qui nous apparaît nécessaire pour être certain du bienfait de notre solution. Néanmoins, le fait d'avoir choisi une production 100 % française de contenants en verre réutilisés en moyenne 60 fois, lavés localement, mais aussi de militer en faveur d'une mobilité douce avec une reverse logistique qui permet de ne jamais rouler à vide, nous rend confiant sur l'issue de cette analyse.

    Le mécanisme de collecte des contenants. © La Consigne GreenGo
    Le mécanisme de collecte des contenants. © La Consigne GreenGo

    Futura : Pourquoi votre start-up va changer le monde ?

    Yasmine Dahmane : En tout, plus de 13 milliards d'emballages jetables sont générés chaque année. Il est donc vraiment temps d'agir, dans un contexte d'explosion du take away, du click & collect, qui ont multiplié les emballages, surtout depuis la pandémiepandémie de Covid-19Covid-19. D'autant que 88 % des Français sont favorables au réemploi des emballages et qu'ils sont 9 sur 10 à considérer que la réduction des déchets doit être une priorité nationale. En tout, 900 000 emballages, soit 22 000 tonnes de déchets, ont ainsi été évités depuis le début de l'aventure GreenGo.

    Futura : Comment a grandi le projet ?

    Yasmine Dahmane : Ingénieure de formation, j'ai d'abord travaillé pour le secteur pétrolier dans lequel j'ai beaucoup appris mais aussi pu constater les dégâts causés à l'environnement. J'ai toujours eu la fibre entrepreneuriale et j'ai donc d'abord voulu m'investir dans un projet à impact dans le domaine des énergies renouvelablesénergies renouvelables. Et puis, je me suis aperçue de l'immense problème de la gestion des déchets en France. Ma rencontre avec Lucas Graffan qui travaillait sur un projet de consigne a alors été déterminante. Nous avons été incubés par Makesense qui accompagne des entreprises dans le domaine de l'ESS et avec qui nous avons eu une véritable love story, puisqu'ils sont investisseurs dans notre projet maintenant... Six mois après avoir créé la start-up, nous avions un premier client, Biocoop, qui a cru en nous, financé notre premier POC (proof of concept), nous a apporté de la crédibilité et nous a véritablement mis sur les bons rails.

    Futura : Quelle est la suite de l’histoire ?

    Yasmine Dahmane : La loi AGEC a vraiment été un boosterbooster pour nous, car elle contraint les restaurateurs à sortir du plastique à usage unique. Nous avons donc affiné nos modèles pour accompagner l'ensemble des acteurs du secteur. Nous sommes aussi en pleine levée de fonds pour doubler nos effectifs, nous ouvrir à l'international et rester le leader sur le marché.

    Futura : Si vous étiez Première Ministre, quelle mesure phare mettriez-vous en place ?

    Yasmine Dahmane : La mauvaise nouvelle, c'est qu'il ne nous reste plus beaucoup de temps pour inverser la tendance. Nous ne pouvons donc pas juste compter sur les individus et faute de lois pour contraindre les acteurs économiques à changer leur modèle, il va être difficile d'aller dans le sens de l'histoire.

    Futura : À quoi va ressembler le monde en 2050 ?

    Yasmine Dahmane : Je suis de nature optimiste mais je constate que la tendance est malheureusement à l'individualisme et les démarches collectives ont du mal à prendre de l'ampleur. C'est pour ça que nous essayons d'agir à notre niveau et je reste convaincue que nous allons y arriver, mais ce ne sera pas simple. Il y a aussi vraiment un devoir des politiques à être exemplaires pour que les citoyens se responsabilisent.

    Futura : Quel sujet d'actualité de Futura vous a passionné ?

    Yasmine Dahmane : La technologie est au service de l'environnement, mais l'humain au cœur de tout. Nous sommes particulièrement admiratifs du parcours du bateau Plastic Odyssey qui part pour un grand effort de sensibilisation sur la pollution plastiqueplastique, au niveau mondial. C'est une mission plus que nécessaire pour faire évoluer les mentalités !