Est-ce vrai que Pluton n’est pas une planète ? C’est un débat qui revient assez souvent, si bien qu’on a un peu du mal à suivre. Là, comme ça, je vous dirais que si, c’est une planète… Ou peut-être que non… Ah, je sais plus, bon, allez, on va se pencher dessus quelques minutes pour pouvoir donner une réponse définitive.


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    Découvrez le podcast à l'origine de cette retranscription dans Science ou Fiction. © Futura

    Alors, déjà, question bête mais c'est un bon point de départpoint de départ, savez-vous ce qu'est une planète ?

    Petit point définition

    C'est un objet céleste relativement imposant, qui tourne en orbite autour d'une étoile. Évidemment, ce n'est ni un satellite ni un astéroïde, ce sont bien des objets distincts. Pour déterminer si on considère un astre comme étant une planète, il y a plusieurs conditions. La première, c'est que l'astre doit obligatoirement avoir une orbite et tourner autour d'une étoile, comme je vous l'ai dit à l'instant. Donc par exemple, la Lune n'est pas une planète puisqu'elle est en orbite autour, justement, d'une planète, et non d'une étoile. Ensuite, on attend d'une planète qu'elle ait une forme sphérique. Cela nécessite donc un diamètre au minimum de l'ordre d'un millier de kilomètres, ce qui élimine les astéroïdes qui sont par définition plus petits. Pour être une planète, il y a aussi toute une compétition ! Toute une lutte pour le titre ! Si un objet est entouré de plein d'autres corps célestes de taille similaire, alors ce n'est pas une planète. C'est un peu curieux, mais pour être considéré comme tel, l'objet doit avoir absorbé ou éjecté ses rivaux. On appelle ça le nettoyage du voisinage. En gros, on dégage les astres environnants. Si ce n'est pas le cas, mais qu'il valide les critères précédents, il sera qualifié de « planète naine ». Pas vraiment une planète, mais un peu quand même, quoi. En fait, il faut que l'objet soit vraiment massif, mais pas trop non plus, attention, sinon il pourrait provoquer des réactions de fusion nucléaire, qui en feraient donc une étoile ou une naine brune, c'est-à-dire, en gros, une étoile ratée, qui est trop grosse pour être une planète mais pas assez pour être une vraie étoile. Pour faire simple, une planète ne doit pas dépasser dix fois la massemasse de Jupiter.

    Les planètes telluriques et les planètes géantes

    Sur ce principe, on connaît depuis l'Antiquité cinq planètes autres que la Terre et qui sont observables à l'œilœil nu : MercureMercure, Vénus, Mars, JupiterJupiter et SaturneSaturne. Par la suite, on a découvert UranusUranus et NeptuneNeptune. On distingue d'ailleurs les planètes telluriques des planètes géantesplanètes géantes. Si on prend le Système solaireSystème solaire, on compte quatre planètes telluriquesplanètes telluriques : Mercure, VénusVénus, Mars, et notre belle Terre. Toutes trouvent en leur sol des roches et du métalmétal, et ont une architecture précise : elles possèdent un noyau métallique, un manteaumanteau de roche et une croûtecroûte, rocheuse aussi. Leur surface est solidesolide, vous le voyez avec la Terre, on ne s'enfonce pas dedans, et elles ont une densité élevée. Elles sont plus proches du SoleilSoleil - ou de leur étoile, si on sort du Système solaire - et leur température de surface est, de fait, plus élevée. Enfin, elles ont peu ou aucun satellite naturel. Nous, on en a un, la LuneLune, mais par exemple Mercure n'en a pas. Et enfin, les planètes telluriques sont plus petites que les autres. Ce qui nous amène aux planètes géantes justement. 

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    Pareil que pour les telluriques, si on prend le Système solaire, on en a quatre : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Ces immenses planètes ont pu capter du gazgaz, en particulier de l'hydrogènehydrogène et de l'héliumhélium, qui leur donne cette taille impressionnante. Au tout début du Système solaire, il y avait cent fois plus de gaz que de solide, donc facile d'en récupérer ! Surtout pour Jupiter, qui est la plus grosse planète du Système solaire, et Saturne. Ce sont les deux géantes gazeusesgéantes gazeuses. Uranus et Neptune n'ont pas eu le temps d'en accumuler autant et de grossir autant que les deux autres, et sont donc restées au stade de planètes géantes certes, mais de glace. Ici, on a de la glace et de la roche qui ont pu les aider à capter du gaz. Elles ont de nombreux satellites, et des anneaux formés de petits débris, par exemple les incroyables anneaux de Saturneanneaux de Saturne.

    Illustration de notre Système solaire et de ses planètes (les distances et les tailles ne sont pas à l'échelle). © Nasa
    Illustration de notre Système solaire et de ses planètes (les distances et les tailles ne sont pas à l'échelle). © Nasa

    Et alors, pour Pluton ?

    Bon, depuis le début, je ne vous parle pas de PlutonPluton, et c'est tout à fait volontaire, c'était pour garder le suspense évidemment. Alors, en fin de compte, avec tout ce qu'on s'est dit depuis le début : Pluton, planète ou pas planète ?

    Jusqu'en 2006, on considérait Pluton comme une planète, et depuis que l'Union astronomique internationaleUnion astronomique internationale (UAI) s'est réunie à Prague cette année-là pour décider de son sort, elle n'est plus considérée comme telle. Pour l'historique rapide, elle avait été découverte en 1930, lors de la quête d'une éventuelle planète qui expliquerait les anomaliesanomalies dans l'orbite d'Uranus et Neptune. Finalement, elle était bien trop petite, avec son diamètre de 2 370 kilomètres, pour créer des anomalies, et de toute façon depuis, ces anomalies ont été réfutées. Quoi qu'il en soit, ces explorations ont conduit à découvrir d'autres corps célestes, comme ErisEris, qui semblait plus grosse que Pluton, et en fait non, légèrement plus petite, avec un diamètre de 2 330 kilomètres. Mais bref, du coup, « à cause » de ces découvertes, si Pluton avait gardé son titre de planète, il aurait fallu l'attribuer à tous les autres objets du même type qui avaient été découverts, mais qui n'appartenaient pas vraiment à cette catégorie. Donc, pour éviter ça, l'UAI a décidé de revoir la définition de « planète », et a ajouté le critère du fameux nettoyage du voisinage, et c'est sur ce dernier que Pluton a été reléguée au rang de planète naine. Évidemment, c'est qu'un titre, hein, ça ne veut pas dire que Pluton sort du Système solaire, elle continue bien sûr de tourner autour du Soleil, avec une période de révolutionpériode de révolution de 248 ans ! Eh oui, forcément, elle est loin, alors elle prend son temps !

    Du coup, on a bien huit planètes dans le Système solaire, et plusieurs planètes naines qui accompagnent Pluton, comme CérèsCérès, Eris, Makémaké et HauméaHauméa. Qui sait, si ça se trouve dans le futur, on révisera à nouveau le titre de planète, et peut-être aurons-nous à ce moment-là cinq nouvelles planètes, avec un retour en force de Pluton ? Affaire à suivre !