au sommaire


    Les Grecs de l'Antiquité développèrent le concept d'éther pour désigner un « milieu plus subtil que l'air ». Depuis, d'autres découvertes ont permis d'en savoir davantage sur la notion de vide. Celle de Robert Hooke, liée au son, mais aussi celle d'Isaac NewtonIsaac Newton, ou encore l'étude réalisée par Thomas Young à propos des ondes de lumière.

    Qu'est-ce que le concept de l'éther ? Ici, performance de jonglage avec la lumière. © Patrice Loiez, Maximilien Brice, Cern
    Qu'est-ce que le concept de l'éther ? Ici, performance de jonglage avec la lumière. © Patrice Loiez, Maximilien Brice, Cern

    Au XVIIe siècle, Robert Hooke a découvert que le son ne passait pas à travers du vide. Cela se comprenait par le fait que le son n'est qu'une vibration de l'air, chose connue depuis les philosophes stoïciens de la Grèce antique ; enlevez l'air, et le son disparaîtra aussi. Cela contrastait avec la lumière et le magnétisme car une lampe vue à travers du vide brûlait avec autant d'éclat que vue dans l'air et des aimantsaimants mis dans le vide continuaient à exercer leurs influences réciproques. Une fois que l'air était parti, restait-il quelque chose d'autre, qui soit capable de transmettre ces effets ?

    Robert Hooke. © DR
    Robert Hooke. © DR

    L'éther dans l'Antiquité

    Les Grecs de l'Antiquité étaient si réticents à l'idée de vide que se développa la notion d'« éther » -- un « milieu plus subtil que l'air » qui remplissait tout l'espace, même après que l'air en fut retiré. Isaac Newton croyait en l'éther, même si l'idée qu'il s'en faisait n'était pas très claire. Des idées sur l'éther proliférèrent dans les siècles suivants, jusqu'à ce qu'il soit finalement rejeté par la théorie de la relativité d'EinsteinEinstein. C'est ainsi qu'apparut et disparut l'éther.

    Isaac Newton croyait en l'éther, ce concept développé par les Grecs de l'Antiquité pour désigner ce qui remplissait l'espace. © DP
    Isaac Newton croyait en l'éther, ce concept développé par les Grecs de l'Antiquité pour désigner ce qui remplissait l'espace. © DP

    Newton était un philosophe mécanicien ; il expliquait les phénomènes naturels par le mouvementmouvement de particules dans la matière, ce qui l'amena initialement à décrire la lumière comme un flot de corpusculescorpuscules ou, comme nous les appelons maintenant, de « photonsphotons ». La mécanique de Newtonmécanique de Newton rejetait aussi l'idée d'une « action à distance ». Quant au phénomène de l'attraction électrostatiqueélectrostatique, qui est en œuvre lorsque des petits morceaux de papier sont attirés par un objet en verre qui a été frotté avec un tissu, il le décrivait comme produit par une substance éthérée qui s'écoule du verre et emporte le papier avec elle en y revenant. En 1675 il élabora sa théorie de la lumière, qui incluait un éther universel.

    Mais cela ne le satisfaisait pas. Cinq ans plus tard il avait abandonné l'éther et émis l'idée d'attractions et de répulsions entre particules de matièrematière. Trente-cinq ans plus tard il publia une deuxième édition de son traité Opticks dans lequel il acceptait à nouveau l'idée d'éther, mais d'un éther qui permettait l'action à distance au moyen de répulsions entre les particules qui formaient cet éther.

    Thomas Young et les ondes de lumière

    Au XVIIIe siècle le mathématicienmathématicien et physicienphysicien suisse Leonhard EulerLeonhard Euler rejeta la théorie corpusculaire de la lumière de Newton, et proposa son explication des phénomènes optiques sous la forme de vibrations d'un éther fluide. Tout changea au début du XIXe siècle quand le médecin anglais Thomas Young montra que la lumière est faite d'ondes. Young s'intéressait à la perception ; étudiant en médecine, il avait découvert comment la lentillelentille de l'œil change de forme quand celui-ci se focalise sur des points à différentes distances. Il découvrit les causes de l'astigmatismeastigmatisme en 1801, et s'intéressa alors à la nature de la lumière.

    C'est ainsi qu'il découvrit les phénomènes d'interférenceinterférence, où de la lumière passant à travers deux trous d'aiguille produit une série de bandes alternativement sombres et brillantes. C'était analogue à la façon dont des vaguesvagues se mêlent, donnant des pics là où deux crêtes coïncident et un plat là où une crête et un creux se rencontrent. De la même manière, le mélange de pics et de creux dans les ondulations de la lumière pouvait expliquer naturellement le phénomène ; en tout cas l'idée que deux éléments de lumière puissent se combiner pour donner de l'obscurité était remarquable, et cette explication à l'aide d'ondes fut admise comme preuve définitive de la nature ondulatoire de la lumière.

    La propagation des ondes lumineuses

    L'intérêt pour la nature de la lumière et de l'électricité au XIXe siècle remit au goût du jour la vieille idée de l'éther comme milieu où se propagent les ondes de lumière, le rôle joué par l'air pour les sons. Cet éther de la science du XIXe siècle était supposé sans poids, transparenttransparent, sans frottement, et en fait indétectable par aucun procédé physiquephysique ou chimique. Il baignait toutes choses et partout, et était supposé être solidesolide comme l'acieracier, mais élastique et doté de la propriété remarquable de laisser les planètes le traverser comme s'il n'était pas là. Une bonne partie de l'activité scientifique au XIXe siècle fut consacrée à essayer de détecter cette mystérieuse substance.

    Le concept d'éther répondait à l'énigme de la transmission de la lumière à travers le vide, mais il n'expliquait pas pourquoi la lumière changeait de comportement en passant à travers un milieu transparent, mais pas du tout vide, comme l'eau ou le verre. La vitessevitesse de la lumière dans l’eau est plus petite que dans le vide ; certains matériaux qui sont transparents à la lumière vue directement peuvent néanmoins devenir opaques lorsque cette lumière a été réfléchie auparavant, un phénomène exploité dans les lunettes de soleilsoleil à verresverres polarisants. Or, tous ces phénomènes s'expliquaient naturellement si on suivait l'idée de Maxwell que la lumière est une onde composée de champs électriqueschamps électriques et magnétiques.

    L'éther était supposé être le milieu dans lequel la lumière oscillait. On présumait que l'éther était immobile dans tout l'universunivers et définissait ainsi le repère absolu de Newton. Vers 1887, il devenait clair que la lumière était une onde formée de champs électriques et magnétiques oscillants. Dans le cas des sons, l'onde oscille dans le sens de la propagation ; l'onde électromagnétiqueonde électromagnétique présente cette différence que les oscillations se font à angle droit par rapport à la direction de propagation. Les lois régissant l'électromagnétismeélectromagnétisme et la lumière étaient supposées s'appliquer dans le cas idéal où l'on a affaire à un éther statique.