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    Il ne faut pas se fier aux apparences : si l'observation de la Terreobservation de la Terre depuis l'espace, la télédétection, s'est développée plus lentement que la surveillance militaire, les scientifiques, ces autres géniteurs de l'astronautique, en avaient très tôt compris les enjeux.

    Surveillance de la Terre. © Skeeze, CCO

    Surveillance de la Terre. © Skeeze, CCO
    L'ère de Big Brother... © DR

    L'ère de Big Brother... © DR

    Dès 1956, soit un an avant le lancement de SpoutnikSpoutnik, un rapport de l'Académie américaine des sciences souligne l'intérêt que constituerait le recours aux spacecrafts, aux vaisseaux spatiaux pour la recherche géographique ; dix ans plus tard, la même Académie, à la demande de la Nasa et de l'Office of Naval Research, conduit une nouvelle étude sur les possibilités offertes à ce même domaine de la géographie par les techniques spatiales, alors en plein développement.

    Plus de quarante ans se sont écoulés, sans que ces avis n'aient été infirmés, bien au contraire : jamais la Terre n'a été autant observée, auscultée, surveillée. Ce nouveau regard porté sur notre planète présente aujourd'hui deux particularités : celle d'une acuité inimaginable à l'époque où ces rapports ont été rédigés et celle d'un accès aux données qui tend à s'ouvrir à tous.

    Chacun peut-il surveiller la Terre ?

    Une double évolution qui ne manque pas de provoquer autant d'enthousiasme que d'inquiétude : dans quel monde entrons-nous si n'importe qui (ou presque) peut acquérir des images de n'importe quel point de la Terre (ou presque) et ce (presque) en temps réel ? Car, formellement, face aux capacités actuelles d'observation et de surveillance d'un instrument placé en orbite autour de la Terre, les États comme les personnes ne disposent d'aucun droit à l'image ou de son équivalent en terme de protection de la vie privée. Il règne une sorte de droit coutumier qui repose sur la pratique du libre accès à l'espace, instaurée dès le lancement de Spoutnik, sur l'idée que les satellites militaires possèdent un caractère défensif et, de facto, pacifique, voire sur le présupposé que les activités spatiales s'effectuent nécessairement pour le bien et dans l'intérêt des pays, chacun d'entre eux étant disposés à prendre ses responsabilités.

    Le droit de l'espace entérine de telles coutumes et la plupart des États qui en possèdent les moyens techniques ont autorisé le développement de satellites d'observation à usage commercial (IkonosIkonos, GeoEye, Orbimage, Spot, etc.).

    Comment ne pas s'interroger et même s'inquiéter, face à une évolution des techniques et surtout des pratiques qui ne réservent plus l'information et le renseignement aux seules autorités militaires et gouvernementales, mais les répartissent, les éparpillent même, entre des utilisateurs plus nombreux, plus divers aussi ?