Hubert Guillaud, d'InternetActu, propose ici une traduction partielle d'un article de Jennifer Granick, directrice du Center for Internet and Society de l'Ecole de droit de Stanford, publié dans Wired (voir lien ci-dessous), sur les technologies de surveillance massive.

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    Jennifer Granick, directrice du Center for Internet and Society de l'Ecole de droit de Stanford

    Jennifer Granick, directrice du Center for Internet and Society de l'Ecole de droit de Stanford

    "Le gouvernement américain a ou aura bientôt accès à la technologie qui rend la surveillance massive possible. La question pour les citoyens et les politiciens est de savoir si et comment il va utiliser cette technologie.

    Souvent, les gens disent que nous devons tout faire pour mettre fin au terrorisme. Cette affirmation aurait un sens dans un monde où les technologies de surveillance massive (TSM) seraient efficaces contre le terrorisme, les ressources pour la sécurité nationale illimitées et où les risques de mauvais fonctionnement, d'abus intentionnel ou de mauvaise utilisation innocente seraient nuls. Mais nous ne vivons pas dans un tel monde.

    ...

    Il y a peu, pour autant qu'il y en ait une, d'études qui démontrent l'efficacité de la surveillance de massemasse. Les gens qui ont des choses à cacher savent le faire, comme les adolescents qui disent à leur parents qu'ils vont voir un film alors qu'ils sortent boire une bière (...). Les technologies de filtrage modernes ne savent pas voir la différence entre un site qui parle du cancer du seincancer du sein et un site pornographique. Aucun algorithme de recherche, qu'il soit public ou pas, n'est capable de faire la distinction entre des communications innocentes ou criminelles.

    Même si la technologie marchait, cela échouerait. Une TSM efficace à 99,9 % produirait un faux positif toutes les 1000 fois. Utilisée dans la reconnaissance faciale, comme dans l'analyse des communications par e-mail, les TSM produiraient un nombre innacceptablement élevé de faux positifs. Des centaines de milliers de gens innocents ne seront pas autorisés à réserver leurs avions, auront leurs comptes en banque gelés - au moins jusqu'à ce que le problème puisse être résolu. Au mieux, une alerte nécessitera que quelqu'un regarde plus précisément l'information et nous aurons besoin de toujours plus d'agents pour le faire, que nous n'en avons ou pourrons en avoir.

    ...

    La surveillance de masse n'est pas seulement illégale, elle est probablement une mauvaise idée. Nous avons besoin de traquer de vrais terroristes, pas de créer un écran de fumée trompeur et dispendieux derrière lequel ils sauront se cacher. Ce n'est pas plus d'information qui nous rendra plus intelligent. C'est plus d'information intelligente."