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    On désigne sous le terme d'« arme chimique », tout produit chimique utilisé dans le but de provoquer des blessures permanentes ou la mort par son action sur les processus vitaux. Et plus largement, tout matériel destiné à transformer en arme des produits chimiques toxiques.

    Les armes chimiques peuvent agir de différentes manières. Le gaz moutarde, par exemple, a notamment pour effet d'aveugler les soldats ennemis. Ou de les empêcher de respirer en plus des brûlures sévères qu'il inflige. Mais sa létalité directe n'est que de l'ordre de 5 %. Le gaz sarin, quant à lui, fait partie des armes dites neurotoxiques -- les plus dangereuses de toutes -- qui tétanisent les muscles, y compris les poumonspoumons, et provoquent ainsi la mort par asphyxieasphyxie. Sa létalité est ainsi très élevée.

    Les humains utilisent des armes chimiques depuis l'Antiquité. Elles prenaient alors la forme de poissonspoissons tirés des plantes. Qui pouvaient être répandus à plutôt grande échelle. Comme lorsque des racines d'hellébore ont été jetées dans le fleuve qui abreuvait les habitants d'une ville assiégée. C'était en 600 av. J.-C. Les Indiens d'Amazonie, eux, ont longtemps compté sur des pointes de flèches empoisonnées au curare.

    Les armes chimiques ont ensuite été employées à plusieurs reprises lors de la Première Guerre mondiale. Des attaques au chlore, au phosgène -- un agent suffocant -- ou encore à l'acide cyanhydriqueacide cyanhydrique, et au tristement célèbre gaz moutarde -- du sulfure d'éthyle dichloré qui provoque des brûlures très douloureuses. Elles ont fait quelque 100.000 morts directs au combat. Mais on évalue à environ 1,3 million le nombre de morts des suites de lésions plus ou moins graves dues à ces gaz.

    La bataille d’Ypres (Belgique) reste dans les mémoires comme celle durant laquelle le gaz moutarde a été utilisé pour la première fois. © John Gomez, Adobe Stock
    La bataille d’Ypres (Belgique) reste dans les mémoires comme celle durant laquelle le gaz moutarde a été utilisé pour la première fois. © John Gomez, Adobe Stock

    Les armes chimiques, des armes trop abjectes

    Durant la Seconde Guerre mondiale, les armes chimiques ne semblent pas avoir été utilisées sur les champs de bataille. Le ProtocoleProtocole de Genève (1925) était censé en interdire l'utilisation comme moyen de guerre. Car les armes chimiques non seulement frappent de manière indiscriminée, mais peuvent aussi avoir des effets bien au-delà de la fin du conflit. Pourtant, elles ont bel et bien servi à cette période, notamment dans les camps de concentration nazis.

    En 1992, une Convention sur les armes chimiques -- qui regroupe aujourd'hui 189 pays -- a été adoptée avec la création d'une Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) avec pour mission :

    • d'appliquer les dispositions de la Convention sur les armes chimiques et d'assurer un régime transparenttransparent et fiable pour vérifier la destruction des armes chimiques ;
    • de prévenir leur réapparition dans tout État partie ;
    • de fournir protection et assistance contre les armes chimiques ;
    • d'encourager la coopération internationale dans l'utilisation pacifique de la chimie ;
    • et de réaliser une adhésion universelle à l'OIAC.

    Des recherches sont aujourd'hui en cours pour le développement d'armes chimiques dites non conventionnelles et non létales. Parce qu'elles ne visent pas l'humain, mais les caoutchoucs -- pour paralyser une armée en usant ses pneuspneus et autres joints --, le cuivre ou le siliciumsilicium -- pour détruire les systèmes de communication.