En temps de guerre, mieux vaut cacher ses intentions à l’ennemi. Pendant la première guerre mondiale, dans ce but, on utilisait deux méthodes, l’une par livres de code pour la diplomatie et la marine, l’autre par chiffrement, pour l’armée de terre.

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    Le prototype des livres de codes est le Grand Chiffre de Louis XIV, inventé par Antoine Rossignol. Les lettres, les syllabes et les mots courants y ont chacun leur code, qui est un nombre. En 1914, cette méthode n'avait guère évolué ce qui n'était pas le cas des chiffrementschiffrements, qui avaient atteint le maximum possible sans machine.

    Les faiblesses des livres de code

    Le Grand Chiffre de Louis XIV fut décrypté au XIXe siècle par Étienne Bazeries qui, remarquant la série 124 22 125 46 345, émit l'hypothèse qu'elle signifiait les-en-ne-mi-s, « les ennemis ». En la supposant juste, le code s'écroula progressivement. Tous les livres de code ont cette faiblesse potentielle. La seconde faiblesse est leur sensibilité à l'espionnage. Si l'ennemi en récupère un exemplaire, vos messages perdent tout secret pour lui. Ce système est donc à proscrire dans l'armée de terre où les hasards de la guerre rendent cette occurrence quasi certaine.

    Les systèmes de chiffrements à clefs

    Pour la même raison, les systèmes de chiffrements ne doivent pas être protégés par le secret du système mais par celui d'une clef changée périodiquement. Ce principe, théorisé par Auguste Kerckhoffs en 1883, a été énoncé par Claude Shannon en 1949 sous la forme « l'ennemi connaît le système ». Dès la Renaissance, Blaise de Vigenère a proposé un système de chiffrement par substitution alphabétique variant selon une clef. Dans son système, la clef ABC transforme secret en sferfv, la première lettre étant conservée (A), la seconde décalée d'un cran (B), la troisième de deux (C), etc.

    Une autre méthode consiste à permuter les lettres d'un message. Pour ce faire, on peut disposer le texte à chiffrer sur plusieurs colonnes, en supprimant espaces et accents puis en ajoutant quelques lettres pour obtenir un rectangle, par exemple :

    Image du site Futura Sciences
     

    On modifie ensuite l'ordre des colonnes puis on réécrit le texte obtenu par lignes. La clef de ce chiffrement est donc le nouvel ordre des colonnes. Par exemple, si l'on écrit d'abord les colonnes paires puis les impaires, on obtient : eerpeeldcytmndne... tttoxx.

    Hervé Lehning

    En savoir plus sur Hervé Lehning

    Normalien et agrégé de mathématiques, Hervé Lehning a enseigné sa discipline une bonne quarantaine d'années. Fou de cryptographie, membre de l'Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l'information, il a en particulier percé les secrets de la boîte à chiffrer d'Henri II. 

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    À découvrir également : L'univers des codes secrets de l'Antiquité à Internet paru en 2012 chez Ixelles.