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Le décryptement du télégramme Zimmermann, un message envoyé le 16 janvier 1917 par Arthur Zimmermann, conduisit à l'entrée en guerre des Américains, ce qui, de fait, allait rendre une victoire de l'Allemagne très improbable. Dans ce message, le ministre allemand des Affaires étrangères proposait au Mexique une alliance contre les États-Unis.
L’espionnage derrière le télégramme Zimmermann
L'histoire de ce télégramme est digne d'un roman d'espionnage. Les Britanniques l'avaient intercepté et décrypté pour l'essentiel. Mais pour deux raisons, ils étaient gênés d'en faire part aux Américains.
Premièrement, ils l'avaient obtenu en espionnant non pas les Allemands mais les Américains, ces derniers permettant aux premiers de communiquer à travers leur réseau pour faciliter les pourparlers de paix. Les Allemands avaient donc fait transiter le télégramme Zimmermann par l'ambassade des États-Unis à Berlin en le chiffrant au moyen d'un code diplomatique récent, le 0075, réputé plus sûr que le code 13040, utilisé antérieurement. Et deuxièmement, ils ne voulaient pas que les Allemands apprennent qu'ils connaissaient le 0075. Ils l'avaient trouvé endommagé à bord d'un sous-marinsous-marin coulé au début de la guerre.
Le télégramme Zimmermann tel qu’il fut envoyé au Mexique par l’ambassadeur allemand à Washington. © Domaine public
L’intelligence au service des Britanniques
Les Britanniques disposaient du code 13040 qu'ils avaient trouvé dans les bagages de Wilhelm Wassmuss, un diplomate allemand en poste en Perse au terme d'une histoire rocambolesque. Les Anglais surent contourner ces deux problèmes. Le télégramme étant destiné à l'ambassadeur d'Allemagne au Mexique, et non à celui de Washington, ils pensèrent qu'il serait transféré par voie télégraphique de l'un à l'autre. Un double devait se trouver à l'agence de la Western Union à Mexico. C'est pourquoi ils demandèrent à leur espion sur place de se le procurer, ce qu'il fit.
Chance incroyable, mais prévisible puisque toutes les ambassades ne disposaient pas des codes modernes. Il était codé avec le vieux 13040. Non seulement, il n'était plus nécessaire de produire le texte chiffré avec le 0075 et donc de révéler qu'ils savaient partiellement le décrypter mais, de plus, ce même texte chiffré avec deux chiffres différents fournissait un outil supplémentaire aux décrypteurs britanniques pour percer les secrets du chiffre 0075 !
Hervé Lehning
En savoir plus sur Hervé Lehning
Normalien et agrégé de mathématiques, Hervé Lehning a enseigné sa discipline une bonne quarantaine d'années. Fou de cryptographie, membre de l'Association des réservistes du chiffre et de la sécurité de l'information, il a en particulier percé les secrets de la boîte à chiffrer d'Henri II.
- Son blog MATH'MONDE sur Futura
- Le dernier livre d'Hervé Lehning :
À découvrir également : L'univers des codes secrets de l'Antiquité à Internet paru en 2012 chez Ixelles.