L’extraordinaire moisson de données récoltée par New Horizons lors de son survol du 14 juillet dernier continue, au rythme lent d’un téléchargement à très bas débit, de parvenir sur Terre. Du cœur de Pluton, découvert sur les premières images, à son ciel bleu, présenté cette semaine, la planète naine et ses satellites se dévoilent au compte-goutte. Retrouvez les images les plus importantes dans notre diaporama régulièrement mis à jour et revivez quelques épisodes épiques.

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    Le désormais célèbre cœur de Pluton : une grande région glacée, baptisée du nom du découvreur de cette planète (naine), Clyde Tombaugh. Ses deux lobes sont assez différents et sa composition précise, faite de glaces d’azote, de méthane et de monoxyde de carbone, est mal connue. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Le désormais célèbre cœur de Pluton : une grande région glacée, baptisée du nom du découvreur de cette planète (naine), Clyde Tombaugh. Ses deux lobes sont assez différents et sa composition précise, faite de glaces d’azote, de méthane et de monoxyde de carbone, est mal connue. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Partie en janvier 2006, la sonde News Horizons s'est retrouvée en approche de PlutonPluton 9 ans plus tard, en février 2015. Réveillée de sa 18e hibernation et après avoir vérifié que tout en elle fonctionnait bien, elle a pu commencer les observations, principalement grâce à son télescope Lorri et son capteurcapteur monochrome. Notre dossier, dont la première publication remonte à janvier 2006, mis à jour depuis, vous explique tout :

    Mi-mai, New HorizonsNew Horizons a atteint la « zone BTH », pour Better Than Hubble : à partir de ce moment, le télescope Lorri envoyait des images dont la résolutionrésolution était meilleure que celle du télescope spatialtélescope spatial. Pourtant, durant plusieurs jours, la sonde n'a rien envoyé, occupée qu'elle était à saisir des images et à faire des relevés de position pour assurer un survolsurvol précis le 14 juillet au terme de son voyage de 6,4 milliards de kilomètres. Avec un débitdébit variant de 1.000 à 4.000 bits par seconde selon les options choisies (et ce à cause de la distance), la sonde ne pouvait en effet expédier que de rares images, qui de plus sont compressées en JPeg. Déjà, le contrastecontraste de Pluton commençait à intriguer, même s'il avait déjà été mis en évidence depuis la Terre.

    Cette image en fausses couleurs réalisée par l’instrument Ralph/MVIC montre la diversité des matériaux qui maquillent la surface de Pluton et Charon. La distance entre les deux n’est pas respectée (ces deux corps sont en réalité plus éloignés) et les deux ont été photographiés séparément, le 13 juillet 2015. © Nasa, JHUAPL, SwRI © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Cette image en fausses couleurs réalisée par l’instrument Ralph/MVIC montre la diversité des matériaux qui maquillent la surface de Pluton et Charon. La distance entre les deux n’est pas respectée (ces deux corps sont en réalité plus éloignés) et les deux ont été photographiés séparément, le 13 juillet 2015. © Nasa, JHUAPL, SwRI © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Un survol court mais fécond

    Le 13 juillet, c'est le branle-bas de combat. Jour de pont en France, entre un dimanche et un mardi 14 juillet, mais jour sur le pont pour les amateurs d'astronomie (et les équipes de New Horizons au JPLJPL et au Southwest Research Institute). La sonde a déjà ému les Terriens en découvrant un « cœur », vaste région glacée. C'est elle que visaient les responsables de la mission. Elle est bien là et manifestement plus complexe que prévu avec deux lobes distincts.

    Au bord de la plaine Spoutnik, dans la région Tombaugh, dans le cœur de Pluton, la glace, étonnamment jeune, semble couler, peut-être comme celle d’un glacier. Il y a du mouvement sur cette petite planète qui, il y a seulement 25 ans, passait à son périhélie, au plus près du Soleil. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Au bord de la plaine Spoutnik, dans la région Tombaugh, dans le cœur de Pluton, la glace, étonnamment jeune, semble couler, peut-être comme celle d’un glacier. Il y a du mouvement sur cette petite planète qui, il y a seulement 25 ans, passait à son périhélie, au plus près du Soleil. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Le 14 juillet, il ne se passe rien de ce côté-ci du Système solaire. Près de Pluton et Charon, en revanche, la sonde mitraille et exécute durant 24 heures une série de mesures précisément minutées. L'instrument RalphRalph, avec ses deux spectromètres, MVIC (bleu, rouge et infrarouge) et Leisa (infrarouge), capte des données qui deviendront des images en couleurscouleurs mais qui cartographieront aussi le méthane, l'eau, l'azoteazote et les températures, ainsi que les pressionspressions de la fine atmosphèreatmosphère. Lorri pointe des cibles et saisit les images avec la meilleure résolution.

    Juste après le passage, Alice, un spectromètre (encore un), s'active quand la sonde passe dans l'ombre de Pluton, puis de CharonCharon, et observe l'atmosphère éclairée par la lumièrelumière solaire. De quoi l'analyser.

    L’atmosphère de Pluton vue 16 heures après le survol, à 770.000 km de distance, éclairée par le Soleil qui se trouve derrière. L’image de gauche n’a reçu qu’un léger traitement. Sur celle de droite, la structuration en couches est mise en évidence. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    L’atmosphère de Pluton vue 16 heures après le survol, à 770.000 km de distance, éclairée par le Soleil qui se trouve derrière. L’image de gauche n’a reçu qu’un léger traitement. Sur celle de droite, la structuration en couches est mise en évidence. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Pluton surprend

    Dans les jours qui suivent, les images commencent à arriver et les résultats s'accumulent. Les conférences de presse aussi, où les responsables de la mission et les planétologues tentent de répondre aux déluges de questions. Les couleurs de Pluton surprennent. Ses montagnes étonnent. Les stupéfiantes glaces mouvantes restent sans explication certaine. Le canyon de Charon intrigue. L'atmosphère de Pluton, avec sa fuite de 500 tonnes par heure vers l'espace, déroute. L'image du contre-jour émerveille. Pluton semble active, bien plus que ce que l'on attendait...

    Charon, dans une image réalisée avec le spectromètre imageur MVIC, doté de détecteurs sensibles au bleu, au rouge, à l’infrarouge et aux longueurs d’onde correspondant à la réflexion du méthane. Le relief du satellite de Pluton apparaît varié, avec une grande région lisse et cratérisée au sud et une surface plus tourmentée au nord. Entre les deux, une sorte d’immense vallée mesure un millier de kilomètres de longueur. Et de quoi est faite cette étrange tache rouge ? © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Charon, dans une image réalisée avec le spectromètre imageur MVIC, doté de détecteurs sensibles au bleu, au rouge, à l’infrarouge et aux longueurs d’onde correspondant à la réflexion du méthane. Le relief du satellite de Pluton apparaît varié, avec une grande région lisse et cratérisée au sud et une surface plus tourmentée au nord. Entre les deux, une sorte d’immense vallée mesure un millier de kilomètres de longueur. Et de quoi est faite cette étrange tache rouge ? © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Des surprises sont encore à venir

    Avec le mois d'août survient un silence radio. Non que la sonde soit silencieuse mais, au contraire, elle poursuit le téléchargement. Il faudra 16 mois pour que les données récoltées en 24 heures soient transmises à la Terre. Les résultats des autres instruments, notamment ceux qui ont scruté l'atmosphère de Pluton (car Charon en semble dépourvue), commencent à transiter vers notre planète. Mais, en septembre, les annonces reprennent. La NasaNasa a décidé d'envoyer les images à haute résolution plus tôt que prévu. Alors jusqu'en ce mois d'octobre, les surprises de Pluton continuent de nous parvenir à flux irrégulier. Nous venons même de découvrir son ciel bleu... Il en reste à venir puisque le téléchargement ne se terminera qu'en octobre 2016 !