Des chercheurs viennent d’identifier les traces d’un ancien glacier à proximité de l’équateur de Mars. Il s’agirait de la première preuve que des glaciers pouvaient occuper les régions de basse latitude dans un passé relativement récent.


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    Dans un lointain passé, Mars a possédé de l'eau liquide à sa surface. C'est un fait désormais établi, notamment grâce aux données rapportées par les différentes missions martiennesmissions martiennes. Aujourd'hui cependant, la Planète rouge ne dévoile que de vastes champs de dunes, témoignage du climatclimat sec et aride qui domine désormais le paysage. L'eau, si elle n'est plus sous forme liquide, est cependant encore présente à la surface de Mars, notamment sous forme de glace au niveau des pôles. Ces calottes glaciairescalottes glaciaires, se formant de manière saisonnière, étaient ainsi jusqu'à présent considérées comme les dernières traces d'eau que renfermerait la planète.

    Paysage martien sous un climat plus chaud et humide, comme c'était le cas il y a plus de 3,5 milliards d'années. © dottedyeti, Adobe Stock
    Paysage martien sous un climat plus chaud et humide, comme c'était le cas il y a plus de 3,5 milliards d'années. © dottedyeti, Adobe Stock

    Pas si sûr, nous expliquent des chercheurs du Mars Institute et du Seti Institute. Car une nouvelle découverte vient soulever la possibilité que de la glace d’eau se trouve encore stockée dans le sol martien à des latitudeslatitudes bien moins élevées. Une équipe de scientifiques a en effet identifié les traces d'un ancien glacierglacier dans une région proche de l'équateuréquateur nommée Noctis Labyrinthus.

    Une morphologie typique d’un ancien environnement glaciaire

    La zone étudiée ne contient ainsi plus de glace mais se caractérise par la présence de sulfates donnant au sol une couleur claire, des dépôts qui témoignent de la présence ancienne d'eau. Mais ce n'est pas tout : cette surface est ici structurée par de nombreuses crevasses et montre la présence de morainesmoraines, des dépôts sédimentaires typiques d’un environnement glaciaire.

    Les traces laissées par le glacier proche de l'équateur de Mars sont visibles dans les zones claires qui correspondent aux dépôts de sulfates © Lee et <em>al.</em>, 2023
    Les traces laissées par le glacier proche de l'équateur de Mars sont visibles dans les zones claires qui correspondent aux dépôts de sulfates © Lee et al., 2023

    Grâce à ces données et en se basant sur des comparaisons terrestres, les scientifiques ont pu estimer que le glacier présent dans cette région faisait 6 kilomètres de long sur 4 kilomètres de large et que son épaisseur pouvait être de 1,3 à 1,7 kilomètre. Cette zone présente également peu d'impacts de cratère, ce qui laisse penser que la formation de ce sol serait relativement jeune, probablement d'âge amazonien, c'est-à-dire la période géologique la plus récente de Mars.

    Une découverte de taille qui suggère que, dans un passé récent, la quantité d'eau à la surface de Mars aurait pu être plus importante que ce que l'on pensait. C'est de plus la première fois que des traces récentes d'un glacier sont observées à de si basses latitudes, au niveau même de l'équateur. Dans le communiqué produit par le Seti Institute, les chercheurs avancent même la possibilité que de la glace soit encore présente sous la couche de sulfates qui l'aurait protégée de la sublimation. Un phénomène qui a notamment été observé dans les Andes, au niveau des salars de l'Altiplano.

    De la glace toujours présente sous la couche de sels de sulfate ?

    La présence de matériel volcanique dans la région permet de comprendre comment cette croûtecroûte de sulfates a pu se former. Noctis Labyrinthus est en effet connu pour son passé volcanique. Lors des éruptions, les cendres et autres matériaux volcaniques se seraient déposés sur la surface du glacier. Or, lorsque ces particules volcaniques entrent en contact avec la glace, il se produit une réaction chimique qui mène à la formation d'un niveau induré de sulfates. Cette croûte aurait donc épousé la morphologiemorphologie du glacier, permettant aujourd'hui d'observer ces marques caractéristiques.

    La potentielle présence de glace d'eau préservée sous la surface de Mars à ces latitudes reste encore à prouver. Mais si l'hypothèse se vérifiait, cela pourrait avoir d'importantes implications pour les futures explorations humaines de la planète, en donnant la possibilité d'extraire de l'eau dans un environnement équatorial présentant des conditions plus favorables que celui des pôles.