Chaque année, des centaines d’expéditions scientifiques plus ou moins médiatiques sont menées dans le monde. Nombreuses sont celles qui ont un double rôle : repousser les frontières de nos connaissances et sensibiliser le grand public à divers sujets. Futura-Sciences porte un coup de projecteur sur ces missions, à l’occasion de la Fête de la science 2013.

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    Tara Expéditions exploite depuis 2003 la goélette Tara pour mener à bien des missions scientifiques dans le monde entier, tout en sensibilisant le public et les populations rencontrées durant ses escales à divers enjeux environnementaux. © F. Aurat, Tara Expéditions

    Tara Expéditions exploite depuis 2003 la goélette Tara pour mener à bien des missions scientifiques dans le monde entier, tout en sensibilisant le public et les populations rencontrées durant ses escales à divers enjeux environnementaux. © F. Aurat, Tara Expéditions

    La Fête de la science bat son plein depuis hier, mercredi 9 octobre. Le thème de cette édition se veut assez large : de l'infiniment grand à l'infiniment petit. Aujourd'hui, Futura-Sciences a souhaité participer à l'événement en s'arrêtant, non pas sur les galaxies ou les particules élémentaires, mais plutôt sur ces hommes et ces femmes qui cherchent à repousser les limites de nos connaissances sur le monde qui nous entoure, tout en éveillant autant que possible l'intérêt du grand public. Les expéditions et autres exploits scientifiques sont régulièrement au cœur de ces démarches.

    En 2013, le plus grand catamaran solaire de la planète, le <em>MS Tûranor PlanetSolar</em>, a entamé une nouvelle vie dédiée à la recherche scientifique. Il a notamment longé le Gulf Stream au travers de l'Atlantique en enregistrant, à l'aide de divers capteurs, des paramètres physico-chimiques et biologiques, dans l'eau comme dans l'air. L'expédition PlanetSolar DeepWater s'est conclue à Londres, quelques jours avant l'arrivée du navire à Paris. © Philip Plisson, 2013

    En 2013, le plus grand catamaran solaire de la planète, le MS Tûranor PlanetSolar, a entamé une nouvelle vie dédiée à la recherche scientifique. Il a notamment longé le Gulf Stream au travers de l'Atlantique en enregistrant, à l'aide de divers capteurs, des paramètres physico-chimiques et biologiques, dans l'eau comme dans l'air. L'expédition PlanetSolar DeepWater s'est conclue à Londres, quelques jours avant l'arrivée du navire à Paris. © Philip Plisson, 2013 

    Banquise, plancton et microplastiques scrutés par des voiliers

    Deux voiliers ont fait parler d'eux en 2013 : Tara et Swan 47. Le premier, la célèbre goélette, est partie à l'assaut de l'Arctique le 19 mai dernier dans le but d'en faire un tour complet. Au terme de cette circumnavigation de 25.000 km, elle aura alors collecté du plancton dans tous les océans du globe. Les connaissances qu'apportera l'étude de ces organismes nous aideront probablement à mieux comprendre, entre autres, leur impact sur le climatclimat. En effet, le phytoplancton fixe des quantités considérables de CO2 par la photosynthèsephotosynthèse. Il participe ainsi à la capture de ce gaz à effet de serregaz à effet de serre que nous émettons en quantité.

    Tara comptait sur un phénomène qui s'amplifie pour réaliser sa mission sans aide extérieure : la fonte de la banquise arctiquearctique. En 30 ans, elle a perdu près de 40 % de sa surface en été. Finalement, 2013 n'a décroché que la 6e place au tableau des fontes records (derrière 2012 qui domine au classement), ce qui a pimenté le déroulement de la mission Tara Ocean Polar Circle. La goélette allait-elle passer sans encombre les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest ? Elle y est parvenue, mais un brise-glace a dû lui ouvrir une route dans le second.

    Rappelons-le, l'Homme est mis en cause dans la fonte des glaces, tout comme dans la pollution par les microplastiquesmicroplastiques observée dans le gyregyre nord-pacifique. Elle était au cœur de l'expédition 7e Continent menée en mai 2013 depuis le voilier Swan 47. Dirigée par Patrick Deixonne, elle visait à dresser un nouvel état des lieux de cette problématique grandissante, car 10 % du plastiqueplastique produit annuellement dans le monde finirait en mer. En mai 2012, la surface de la plaque de déchets du Pacifique était estimée à 3,43 millions de km², soit environ 5 fois la taille de la France.

    L'expédition 7<sup>e</sup> continent souhaitait rapporter des preuves visuelles de la pollution au plastique des océans, en voici une. Il n'existe pas à proprement parler de continent de plastique, mais les gyres accumulent et dégradent les macrodéchets. On peut observer dix macrodéchets défiler toutes les heures, sur seulement 150 m de long. © Soizic Lardeux, OSL

    L'expédition 7e continent souhaitait rapporter des preuves visuelles de la pollution au plastique des océans, en voici une. Il n'existe pas à proprement parler de continent de plastique, mais les gyres accumulent et dégradent les macrodéchets. On peut observer dix macrodéchets défiler toutes les heures, sur seulement 150 m de long. © Soizic Lardeux, OSL

    La vie dans les profondeurs de la Terre

    Toujours dans le Pacifique, un forage a pour la première fois atteint la couche inférieure de la croûte océanique, celle qui se compose de gabbrosgabbros. Il a été réalisé en ce début d'année 2013, depuis le navire océanographique JOIDES Resolution durant l'expédition Hess Deep Plutonic Crust, à l'intersection de trois plaques tectoniques. Les échantillons récoltés pourraient fournir de nouvelles informations sur un milieu abritant une vie trop longtemps ignorée : la croûte océaniquecroûte océanique. En effet, des études récentes ont montré que des bactéries et des archéesarchées y vivent, et qu'elles respirent même de l'oxygène. Selon certains, cet écosystèmeécosystème serait le plus peuplé de la planète, devant les sédiments marins qui renfermeraient pourtant 2,9 × 1029 organismes unicellulaires, selon un nouveau chiffre revu... à la baisse.

    Pour continuer notre voyage dans les profondeurs de la Terre, il faut maintenant se rendre en Haïti, où les spéléologues de l'expédition Anba Macaya, verticales souterraines explorent actuellement un réseau inconnu de grottes. Menés par Olivier TestaOlivier Testa, ils envisagent d'atteindre le point le plus profond des Caraïbes, tout en caractérisant mieux l'écoulement des eaux souterraines sur l'île. Peut-être découvriront-ils de nouvelles curiosités géologiques ou, pourquoi pas, zoologiques ? Après tout, des insectes ont déjà été trouvés dans des grottes à plus de 2.000 m de profondeur.

    Ces aventures ont été, ou sont à ce jour suivies par Futura-Sciences, qui souhaite ainsi participer à leurs efforts de sensibilisation sur des sujets environnementaux. Ces scientifiques passionnés méritaient que nous leur rendions hommage, tant ces expéditions demandent de l'implication et des sacrifices.