Depuis une semaine, les six spéléologues de l'expédition « Anba Macaya, verticales souterraines » sont à pied d'œuvre à l'extrême ouest d'Haïti, dans un terrain peu connu. Partie pour cartographier le réseau d'eaux souterraines, l'expédition se heurte à des cartes imprécises... et à des grottes obstruées. Heureusement, les habitants jouent les guides, et l'exploration a commencé. En liaison exclusive avec Futura-Sciences, ils nous font partager l'aventure en images !

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    Après une semaine à arpenter le plateau de Formon, en Haïti, la mission Anba Macaya nous a transmis les images des premières grottes explorées et les six spéléologues nous ont confié leurs « premiers doutes ». Marie-Pierre Lalaude-Labayle, chef d'expédition, nous donne ses impressions. « Nous observons que de nombreuses cavités ont été bouchées par la population qui y place des roches, afin d'éviter que les bêtes ne tombent à l'intérieur. Nous ne pensions pas que ce serait aussi fréquent et nous pensions trouver plus facilement des gouffres à potentiel. »

    Guidés par les paysans haïtiens, les explorateurs parcourent chaque jour les pistes qui serpentent à travers le plateau, à la recherche d'entrées de gouffres. Les habitants connaissent tous de nombreux trous, souvent appelés « grands fonds », car personne ne peut y descendre.

    La ravine Casse-Cou à la sortie d'un canyon est impraticable sans cordes. Le relief est plus tourmenté que ce qu'annonçaient les cartes... © Oliv<em></em>ier Testa

    La ravine Casse-Cou à la sortie d'un canyon est impraticable sans cordes. Le relief est plus tourmenté que ce qu'annonçaient les cartes... © Olivier Testa

    Un karst tropical typique

    « Alors qu'au vu des cartes, je m'attendais à un plateau au relief relativement monotone et à une végétation ouverte, nous avons eu la surprise, lors de notre arrivée, d'observer un relief très accidenté », rapporte Olivier Testa, responsable de l'exploration spéléologique.

    Il poursuit : « Sur le massif de Macaya, nous sommes en présence d'un karst tropical typique avec des centaines de pitons, et des dolines qui peuvent aller jusqu'à plusieurs centaines de mètres de diamètre. Le tout est recouvert d'une forêt de pierres de type "Tsingy", appelée ici Kase Dan (Cassé-Dents) et d'une végétation difficilement pénétrable. »

    La résurgence du plateau de Formon. À droite, la rivière principale avec un débit de 50 l/s. Au fond, la grotte d'où sort plus de 1.000 l/s. © Olivier Testa

    La résurgence du plateau de Formon. À droite, la rivière principale avec un débit de 50 l/s. Au fond, la grotte d'où sort plus de 1.000 l/s. © Olivier Testa

    La résurgence du massif a pu être instrumentée

    Après cette première semaine de reconnaissance du massif, l'équipe a pointé au GPSGPS et descendu une vingtaine de gouffres jusqu'alors vierges, mais peu profonds. Le trou Zombi, un gouffre déjà connu et s'ouvrant par une verticale de 95 m, est malheureusement comblé et ne débouche pas sur les galeries horizontales espérées.

    L'équipe a également atteint la résurgence du massif, à une dizaine de kilomètres de marche du camp de base. Elle semble débiter plus d'un mètre cube d'eau par seconde. « Nous l'avons instrumentée à l'aide de sondes de pressionsondes de pression, explique Olivier Testa. Les mesures nous permettront de connaître les débitsdébits d'eau de la résurgence. En corrélant ces données avec les précipitations que nous allons observer, nous aurons un bon indicateur du mode d'écoulement des eaux dans le karst, et donc de la morphologiemorphologie des grottes à l'intérieur du massif. Par ailleurs, nous avons pu observer au loin la sortie d'un canyon dans la ravine Casse-Cou. Cela fera l'objet de l'une de nos futures explorations. »