La liste des caractéristiques étonnantes des tardigrades semble vouloir régulièrement s’allonger. Cette fois, des chercheurs en ont chargé dans un pistolet. Et ils ont survécu. Jusqu’à une certaine limite. De quoi nous donner de nouvelles pistes pour la recherche de formes de vie dans notre Système solaire.


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    Les tardigradestardigrades sont de petits êtres étonnants. Ils survivent à des températures proches du zéro absolu. Tout comme à des chaleurs supérieures à 100 °C. Ils supportent le vide de l'espace. Et même des doses de rayonnement qui nous seraient certainement mortelles.

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    Tardigrades : on sait comment ils survivent aux conditions extrêmes

    En 2019, une sonde israélienne nommée Bereshit avait emporté vers la Lune quelques-uns de ces arthropodesarthropodes ne mesurant pas plus d'un millimètre de long. Avec des dessins d'enfants, une Bible, des extraits d'ADNADN et même les secrets de certains tours de magie de David Copperfield. Dans le cadre d'un projet visant à stocker le savoir de l'humanité un peu partout dans le Système solaire. Mais la sonde en question s'était écrasée sur la Lune.

    Les tardigrades ont-ils pu se sortir vivants du crash ? C'est la question qui taraudait quelques chercheurs de l’université Queen Mary et de l’université du Kent (Royaume-Uni). Non pas de savoir si la capsule qui les contenait avait pu rester intacte, mais si les tardigrades, dans la capsule, avaient pu survivre à l'impact. Pour le savoir, les chercheurs ont mené une drôle d'expérience.

    Cette expérience a également des implications sur notre capacité à détecter la vie sur les lunes glacées de notre Système solaire externe. Encelade, par exemple, la lune de Saturne. Elle éjecte des panaches d’eau dans l’espace depuis un océan souterrain qui pourrait abriter la vie. Ainsi, une sonde en orbite autour d'Encelade — à des vitesses relativement faibles de centaines de mètres par seconde — pourrait échantillonner et détecter la vie existante sans la tuer. Pour l’heure, aucune mission de ce type n'est prévue. © dottedyeti, Adobe Stock
    Cette expérience a également des implications sur notre capacité à détecter la vie sur les lunes glacées de notre Système solaire externe. Encelade, par exemple, la lune de Saturne. Elle éjecte des panaches d’eau dans l’espace depuis un océan souterrain qui pourrait abriter la vie. Ainsi, une sonde en orbite autour d'Encelade — à des vitesses relativement faibles de centaines de mètres par seconde — pourrait échantillonner et détecter la vie existante sans la tuer. Pour l’heure, aucune mission de ce type n'est prévue. © dottedyeti, Adobe Stock

    Un nouveau regard sur la vie dans le Système solaire

    Ils ont placé une vingtaine de tardigrades en hibernation, un état dans lequel leur métabolismemétabolisme ne fonctionne plus qu'à 0,1 % de son activité normale. Pour y arriver, il a suffi de les passer au congélateur pendant 48 heures. Mais c'est ensuite que l'expérience prend une tournure extraordinaire. Puisque les chercheurs ont placé leurs tardigrades dans des balles creuses. Des balles qu'ils ont tirées à des vitesses croissantes à l'aide d'un pistolet conçu pour mener des expériences de physique !

    Résultat : les tardigrades ont survécu à des impacts de balles tirées jusqu'à 900 m/s -- soit environ 3.200 km/h. Et à des pressionspressions de choc allant jusqu'à 1,14 gigapascal (GPa). Au-delà, les petits êtres innocents... ont bouilli ! Une conclusion qui fait dire aux chercheurs que les tardigrades embarqués à bord de Bereshit n'ont malheureusement pas survécu. La pression du choc de l'engin à la surface de la Lune étant estimée à bien plus de 1,14 GPa.

    Ces travaux éclairent aussi d'un nouveau jour la question d'une contaminationcontamination extraterrestre à l'origine de la vie sur Terre. L'hypothèse de la panspermiepanspermie. De l'arrivée de la vie sur notre Planète à la suite d'un impact de météoritemétéorite. Selon les chercheurs britanniques, cette hypothèse est improbable. Mais tout de même pas impossible. Dans d'autres circonstances surtout. Ils imaginent, par exemple, que des morceaux de roches arrachés de la Terre pourraient voyager jusqu'à la Lune à des vitesses suffisamment basses pour que des tardigrades survivent. Et encore plus pour que des microbesmicrobes subsistent. Car des études antérieures ont montré que ces derniers pouvaient, eux, supporter jusqu'à 5.000 m/s.


    Des milliers de tardigrades auraient survécu au crash de la sonde Bereshit sur la Lune

    En avril dernier, la sonde israélienne Bereshit s'écrasait sur la Lune. À son bord, un millier de tardigrades. À ce jour, le sort de ces animaux réputés quasiment indestructibles reste incertain.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 10/08/2019

    La sonde Bereshit qui s’est crashée sur la Lune en avril dernier, transportait un millier à de tardigrades à son bord. © Fotolia
    La sonde Bereshit qui s’est crashée sur la Lune en avril dernier, transportait un millier à de tardigrades à son bord. © Fotolia

    Lorsqu'elle s'est crashée sur la Lune, en avril dernier, la sonde israélienne Bereshit transportait à son bord, un étrange équipage. Un millier de tardigrades. De petits arthropodes mesurant à peine un millimètre de long et capables de résister à des conditions de vie extrêmes. Des tardigrades donc qui pourraient bien avoir survécu à l'accidentaccident.

    Peu de risque, pourtant, qu'ils colonisent la Lune à notre insu. Déshydratés à leur embarquement, ils seraient bloqués dans un état dit de cryptobiosecryptobiose, comprenez un état de pause métabolique. Mais des conditions plus favorables à la vie pourraient les en faire sortir. Même si celles-ci doivent survenir d'ici plusieurs dizaines d'années seulement.

    Cette image prise par <em>Lunar Reconnaissance Orbiter</em> (LRO) montre le site du crash de la sonde Bereshit sur la Lune. On pourrait y trouver des tardigrades vivants. © Nasa, GSFC, <em>Arizona State University</em>, Wikipedia, Domaine public
    Cette image prise par Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO) montre le site du crash de la sonde Bereshit sur la Lune. On pourrait y trouver des tardigrades vivants. © Nasa, GSFC, Arizona State University, Wikipedia, Domaine public

    Des tardigrades potentiellement toujours en vie

    Ces tardigrades constituaient une partie du projet développé par l'Arch Mission Fondation. Son ambition : stocker le savoir de l’humanité un peu partout dans le Système solaire. Ainsi, une capsule avait-elle été intégrée à la sonde. Elle contenait des dessins d'enfants, des chansons, une Bible, les secrets des tours de magie de David Copperfield et d'autres informations. Ainsi que des extraits d'ADN... et les tardigrades en question.

    Sur la base de leurs analyses, les chercheurs semblent confiants. La capsule devrait s'être sortie du crash presque totalement intact. Et de futures missions pourraient permettre de récupérer les tardigrades potentiellement encore en vie. Heureusement pour l'Arch Mission Fondation, la Lune n'est pas considérée par le Bureau de protection planétaire de la NasaNasa comme un site à protéger d'éventuelles contaminations par le vivant.

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