Proposée depuis quelques années, l’hypothèse de la présence d’un océan d’eau liquide vient d’être appuyée par une nouvelle étude se basant sur les données acquises par la sonde New Horizons en 2015. Des modélisations révèlent que cet océan serait situé entre 40 et 80 kilomètres de profondeur et qu’il serait composé d’eau salée !


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    Quelque -220 °C ! Voici la température qui règne à la surface de PlutonPluton, planète naine qui se trouve à la limite externe de notre Système solaire. Aucune chance d'y trouver de l'eau à l'état liquideétat liquide, en surface tout du moins. L'étude des lunes gelées de SaturneSaturne et de JupiterJupiter nous montre en effet que ces températures proches de celle du vide spatial n'empêchent pas la présence d'un océan loin sous la surface. EnceladeEncelade, GanymèdeGanymède, Europe ou encore MimasMimas posséderaient ainsi chacune une couche d'eau plus ou moins épaisse, abritée sous une croûtecroûte de glace de plusieurs kilomètres d'épaisseur. L'état liquide serait maintenu par l'activité géothermique induite par les gigantesques forces de marée tiraillant ces lunes orbitant autour des deux géantes gazeuses. Un point important, qui fait toute la différence avec le cas de Pluton.

    Plusieurs lunes du Système solaire, comme Encelade, posséderaient un océan d'eau liquide caché sous une croûte de glace. © Science-illustrer, Adobe Stock
    Plusieurs lunes du Système solaire, comme Encelade, posséderaient un océan d'eau liquide caché sous une croûte de glace. © Science-illustrer, Adobe Stock

    Un océan liquide loin sous la surface de Pluton ?

    Car cette planète naine, qui est d’ailleurs nettement plus petite que notre Lune, évolue seule en compagnie de son satellite CharonCharon. Sa petite taille fait qu'il est vraisemblable que sa quantité de chaleur initiale, apportée au cours de sa formation, soit depuis longtemps épuisée. De fait, on pourrait penser que Pluton est un corps totalement solide et gelé, de son noyau rocheux jusqu'à sa surface. Toutefois, certaines observations laissent penser qu'il pourrait bien exister un océan d'eau liquide caché. Cette hypothèse a été émise par de précédentes études, sur la base d'analyses de composition et de densité de la planète naine. Il a en effet été supposé que Pluton est composée pour moitié de glace d'eau. Dans ce contexte, les hautes pressionspressions régnant en profondeur sous la couche gelée pourraient permettre le maintien d'un océan à l'état liquide. Une hypothèse appuyée par l'observation de cryovolcans crachant des particules de glace et de vapeur d'eau.

    Pluton (au premier plan) et Charon, son principal satellite. © Nasa, JHUAPL, SwRI
    Pluton (au premier plan) et Charon, son principal satellite. © Nasa, JHUAPL, SwRI

    Un océan salé caché à près de 80 km sous la surface

    En 2015, lors de son passage aux abords de Pluton, la sonde New Horizons révélait la présence de fissures et de bombements dans la région de la plaine SpoutnikSpoutnik, vaste bassin hérité d’une collision majeure il y a plusieurs milliards d’années. Sur la base de ces observations, deux chercheurs ont effectué des modélisationsmodélisations permettant de contraindre la nature et la localisation de cet océan liquide.

    Leurs résultats, présentés dans la revue Icarus, suggèrent ainsi que cet océan se situerait à une profondeur de 40 à 80 kilomètres sous une croûte de glace et que sa densité serait environ 8 % plus importante que celle de nos océans. L'océan caché de Pluton serait donc particulièrement salé, autant que le Grand Lac Salé aux États-Unis.  

    Des résultats qui seront cependant difficiles à vérifier par d'autres observations, aucune nouvelle mission spatiale n’étant pour l’instant programmée à destination de la lointaine Pluton.