Le premier passage de Cassini entre Saturne et ses anneaux, qui a eu lieu ce 26 avril 2017, est une réussite. La sonde a survécu à ce périple inédit et vient de transmettre ses premières images.

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    Les dernières nouvelles sont bonnes et rassurantes. Le premier plongeon de Cassini entre Saturne et ses anneaux, à l'intérieur d'un espace d'environ 2.000 km de large, est un grand succès. « We did it ! [« Nous l'avons fait ! »], a tweeté la Nasa. Cassini est en contact avec la Terre et transmet les données [...]. »

    La sonde qui encourait le risque, notamment, d'être endommagée par d'éventuels débris en rotation autour de la planète à une vitesse supérieure à 45 fois à celle d'une balle de fusil a donc survécu à ce périple historique. Rappelons que c'est la toute première fois qu'un engin spatial s'aventure si près de cette planète gazeuse 10 fois plus grande que la Terre.


    Montage de 116 images brutes acquises par la sonde Cassini le 26 avril alors qu'elle passait entre Saturne et ses anneaux. Elles montrent © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute, Youtube, Astro0umsf

    Le plongeon de Cassini promet des images et des données scientifiques intéressantes

    Les scientifiques et aussi les ingénieurs exultent : « C'est la première fois que nous allons pouvoir regarder les anneaux et SaturneSaturne séparément, a confié à Space.com Joan Stupik, membre de l'équipe qui pilote Cassini à 1,4 milliard de kilomètres de la géante. Nous allons pouvoir connaître l'âge des anneaux, ce qui nous donnera beaucoup d'informations sur la façon dont ils se sont formés, et en savoir plus sur l'intérieur de Saturne, quelle est la taille de son cœur, de quoi l'intérieur est fait, comment fonctionne le champ magnétique, etc. ».

    Sur les premières images brutes que Cassini a transmises ce matin, on découvre une multitude de détails de la haute atmosphèreatmosphère de la planète, photographiées hier, alors qu'elle se déplaçait à plus de 100.000 km/h. Dans la galerie, après celles (les dernières) de TitanTitan, on reconnaît le tourbillontourbillon couronnant son pôle nord.

    Chaque orbite de cet ultime chapitre nommé « Grand final » de cette grande mission commencée il y a 13 ans, dure six jours. Vingt-deux sont prévus au total jusqu'au 15 septembre, jour où Cassini fera ses adieux en s'enfonçant dans l'épaisse enveloppe gazeuse de Saturne.


    Animation de la Nasa illustrant le plongeon de Cassini entre Saturne et ses anneaux. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Le grand plongeon entre Saturne et ses anneaux, c’est maintenant !

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 26/04/2017

    Cassini est actuellement en train de faire le grand plongeon entre Saturne et ses anneaux. Il s'agit d'une première ! Jamais la sonde, qui explore la géante gazeusegéante gazeuse et ses luneslunes depuis 13 ans, n'est passée si près de cette planète. Cela promet des vues extraordinaires.

    C'est parti ! Après avoir accompli, le 22 avril dernier, son 127e et dernier survol de la brumeuse Titan, la frôlant à quelque 979 km d'altitude, la sonde Cassini (qui dans cette étape a gagné 860 mètres par seconde) est en ce moment même en train de réaliser son tout premier plongeon entre Saturne et ses anneaux.

    Elle en réalisera au total 22 sur les 4 mois et 20 jours de mission qu'il lui reste. Ce vaisseau a quitté la Terre il y a quasiment 20 ans et cela fait 13 ans qu'il espionne Saturne et ses lunes. Pourtant, il ne s'était encore jamais aventuré si près de cette planète géanteplanète géante.

    Nous sommes tous sur cette photo ! Le 12 avril 2017, Cassini a photographié la Terre et la Lune, vues entre les anneaux de Saturne. Environ 1,4 milliard de kilomètres séparent notre planète de la géante gazeuse et de la sonde. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    Nous sommes tous sur cette photo ! Le 12 avril 2017, Cassini a photographié la Terre et la Lune, vues entre les anneaux de Saturne. Environ 1,4 milliard de kilomètres séparent notre planète de la géante gazeuse et de la sonde. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Un passage de 2.400 km de large

    Ce 26 avril, en fin de matinée, Cassini a donc traversé le plan des anneaux à une vitesse relative à la planète de 123.600 km/h. Elle est passée à l'intérieur de l'espace relativement vide entre Saturne et son anneau le plus proche ; cet espace est large de 2.400 km. Les nuagesnuages de la haute atmosphère ne sont qu'à 1.600 km de la sonde.

    Même si les équipes techniques et scientifiques de la mission ne s'attendent pas à ce que des particules plus grandes que celles de la fumée percutent le vaisseau, il a été décidé par précaution de positionner son antenne à haut gain de 4 mètres de diamètre comme un bouclier. L'instrument RPWS (Radio and Plasma Wave Subsystem) en profitera alors pour mesurer la taille et la densité des petits grains présents.

    Durant ce passage, les communications avec la Terre seront interrompues mais cela n'empêchera pas la sonde de travailler. Le contact sera repris plus tard dans la journée et les premières données brutes devraient être disponibles demain matin, jeudi 27 avril (retrouvez la galerie des images brutes de Cassini ici). Le prochain survolsurvol aura lieu le 2 mai prochain.

    La sonde Cassini va frôler Saturne avant son suicide

    Pour célébrer l’évènement du premier des 22 plongeons de Cassini entre Saturne et ses anneaux, ce mercredi 26 avril, Google a publié un <em>doodle</em> plutôt mignon. © Google

    Pour célébrer l’évènement du premier des 22 plongeons de Cassini entre Saturne et ses anneaux, ce mercredi 26 avril, Google a publié un doodle plutôt mignon. © Google

    Sur le site InternetInternet de la Nasa dédié au « grand final » de la mission Cassini, vous pouvez connaître la position de la sonde en temps réel, le décompte allant jusqu'au prochain tour et celui allant jusqu'à son plongeon final dans l'atmosphère de Saturne, le 15 septembre prochain.

    Toutes les aventures de Cassini sont à suivre aussi sur TwitterTwitter, grâce au compte officiel @CassiniSaturn (en anglais).


    Des images étonnantes des anneaux externes de Saturne

    Article de Xavier Demeersman publié le 01/02/2017

    À l'occasion de ses orbites en rase-motte, la sonde Cassini a réalisé une série de photographiesphotographies étonnantes des anneaux de Saturneanneaux de Saturne, avec une résolutionrésolution sans précédent. Dans les sillons granuleux bien peignés se cachent des structures irrégulières et parfois des lunes minuscules. Des images à savourer, d'autant que cette mission de treize années s'achève bientôt et que, par la suite, nous n'en aurons plus de semblables avant longtemps.

    Saturne doit en grande partie sa beauté à ses innombrables anneaux, s'étalant sur plusieurs dizaines de milliers de kilomètres (et seulement quelques centaines de mètres d'épaisseur !). Leur origine n'est pas encore bien comprise. Ils sont constitués de grains de glace, de poussière, tous de tailles et de densité variables, et forment des ensembles distingués par des vides de différentes largeurs. Des séparationsséparations en somme, dont la plus grande, entre les anneaux A et B, fut observée pour la première fois par Jean-Dominique CassiniJean-Dominique Cassini, en 1675, à environ 1,3 milliard de kilomètres de la planète. D'ailleurs, elle porteporte son nom.

    Le petit satellite Daphnis creuse des vagues dans les anneaux qu’il frôle. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    Le petit satellite Daphnis creuse des vagues dans les anneaux qu’il frôle. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Tout comme la sonde spatiale qui, depuis presque treize ans maintenant, explore ce monde fascinant et ses dizaines de satellites. La moisson de découvertes est prodigieuse. Hélas, il est bientôt temps pour le vaisseau de l'ESAESA et de la Nasa de tirer sa révérence. Son plongeon final dans les limbeslimbes de la deuxième plus grosse planète du Système solaireSystème solaire est programmé pour le 15 septembre prochain. Mais avant cela, la sonde va continuer de nous faire rêver, partageant avec nous ses frissons, au plus près des anneaux.

    De loin, les anneaux ont l’air bien peignés, composés de sillons réguliers et parallèles. Pourtant, observés de plus près, comme sur cette photo prise par Cassini le 18 décembre 2016, à quelque 134.500 km, ils présentent des irrégularités. La densité de matière est en effet loin d’être uniforme. Ici, les petites lunes Janus et Épiméthée, qui circulent sur la même orbite, font onduler les sillons qu’ils frôlent. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    De loin, les anneaux ont l’air bien peignés, composés de sillons réguliers et parallèles. Pourtant, observés de plus près, comme sur cette photo prise par Cassini le 18 décembre 2016, à quelque 134.500 km, ils présentent des irrégularités. La densité de matière est en effet loin d’être uniforme. Ici, les petites lunes Janus et Épiméthée, qui circulent sur la même orbite, font onduler les sillons qu’ils frôlent. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    Cassini au ras des anneaux

    Fin novembre 2016, Cassini a entamé son cycle de 22 orbites dites en « rase-motte » des anneaux (Ring-grazing), qui la fait passer jusqu'à 7.800 km de l'anneau F, le plus externe de l'ensemble principal, et aussi par-dessus ses pôles. Cette phase doit s'achever le 22 avril prochain.

    Ces derniers jours, la Nasa a dévoilé plusieurs images récentes prises par la sonde durant ces survols inédits. Comme on pouvait s'y attendre, elles sont stupéfiantes. Jamais, il n'y en eut de plus détaillées. La résolution de ces structures granuleuses atteint 550 mètres. Cela dépasse les clichés de 2004 pris pourtant d'un peu plus près. On y distingue des irrégularités pailletées, des grumeaux, et aussi les étonnantes structures en forme d'hélices que Cassini a découvertes en 2006, et qui sont créées par des lunes minuscules tapies dans ces vastes champs labourés de poussières.

    Région externe de l’anneau B photographiée par Cassini le 18 décembre 2016, à 51.000 km. La résolution est de 360 m par pixel. Les rayons cosmiques sont à l’origine des traces blanches apparaissant sur l’image. Elles ont été laissées pour ne pas perdre des détails. © Nasa, JPL-Caltech, <em>Space Science Institute</em>

    Région externe de l’anneau B photographiée par Cassini le 18 décembre 2016, à 51.000 km. La résolution est de 360 m par pixel. Les rayons cosmiques sont à l’origine des traces blanches apparaissant sur l’image. Elles ont été laissées pour ne pas perdre des détails. © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute

    « Ces vues rapprochées ouvrent une toute nouvelle fenêtrefenêtre sur les anneaux de Saturne, et au cours des prochains mois, nous attendons des données encore plus étonnantes alors que nous entraînons les caméras sur d'autres parties des anneaux plus proches de la planète », commente Matthew Tiscareno. Ce chercheur est chargé de planifier la prochaine phase - « last but not least » -, conduisant le vaisseau entre les anneaux internes et l'atmosphère.

    La semaine dernière, la Nasa nous émerveillait avec une vue sans précédent de la petite lune Daphnis, dont on avait entrevu jusqu'alors son ombre projetée sur les anneaux qu'elle escorte. C'était déjà un spectacle superbe..., mais cette fois, on voit le satellite de 8 km de long comme jamais. Sur cette photo, capturée à 28.000 km de distance, on peut voir les vaguesvagues créées par la gravitégravité de Daphnis sur les anneaux qu'elle frôle. La petite lune se promène à l'intérieur d'un couloir relativement vide de 42 km de large nommé Keeler GapGap. Il se situe près de l'extrémité des anneaux A. Cassini est encore loin d'avoir dit son dernier mot.