Au cours de leurs longues soirées d'imagerie céleste, les astrophotographes voient régulièrement leur champ d'observation traversé brièvement par des intrus : étoile filante, satellite ou avion. Le résultat se traduit généralement par une traînée lumineuse disgracieuse qui réduit à néant les efforts de l'astronome. Mais parfois le hasard fait bien les choses...


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    Bernard Lesourd, astrophotographe, fréquente assidûment notre forum d'astronomie. Il se définit lui-même comme « un enfant de Futura-Sciences ». Ce médecin de 61 ans installé dans la région toulousaine a redécouvert l'astronomie il y a trois ans en ressortant un télescope acquis des années plus tôt. « Naviguant sur les forums scientifiques, je me suis arrêté sur le forum dédié à l'astrophotographie de Futura-Sciences. La gentillesse et la disponibilité de ses membres ont fait le reste. J'ai d'abord fait mes armes en imagerie planétaire et de fil en aiguille, mais surtout d'intérêt en passion, je me suis dirigé vers le ciel profond et ses merveilles. »

    C'est ainsi que Bernard Lesourd (dont le pseudo sur le forum est Bearny) nous propose régulièrement de très belles images de nébuleuses et de galaxies. Les dernières nuits du mois d'octobre, il avait décidé de s'attaquer à une nouvelle cible céleste : la nébuleuse du CoconCocon. Connue également sous le nom d'IC 5146, cette nébuleuse se trouve dans la constellation du Cygne, encore bien haute dans le ciel le soir, à cette époque de l'année. IC 5146 se situe environ à 4.000 années-lumière de nous. S'étalant sur 15 années-lumière, c'est une région de formation d'étoiles dont la couleurcouleur rouge caractéristique correspond à l'hydrogènehydrogène ionisé contenu dans un grand nuagenuage moléculaire.

    Quand la chance sourit

    Pour réaliser les images colorées du ciel qu'ils nous proposent aujourd'hui, les astrophotographes ont pris l'habitude de composer entre eux plusieurs clichés du même objet, pris avec des temps de poses de quelques minutes. Cette technique permet d'augmenter le contrastecontraste en diluant le bruit électronique des capteurscapteurs, bruit qui se manifeste aléatoirement d'une prise à l'autre. C'est en regardant sur son ordinateurordinateur l'une de ces prises que Bernard Lesourd a découvert une trace particulière.

    Laissons-lui raconter cette aventure avec sa verve habituelle : « Hier soir 28 octobre, ciel dégagé. Dans notre jargon le seeing était bon. Avant que Sélène ne brille de tous ses feux, j'avais décidé de poursuivre l'acquisition d'images d'une nébuleuse nommée Cocoon Nebula. Il s'agissait en l'occurrence de lui donner des couleurs en utilisant un filtre rouge, puis vert et enfin bleu. Les poses sont courtes (2 minutes 30), le capteur CCDCCD minuscule.

    Nous sommes habitués à retrouver les lignes témoignant du passage de satellites, mais ce matin la surprise était de taille en découvrant cette empreinte d'avion dont on distingue l'arrière du fuselagefuselage mais aussi l'éjection des réacteurs. Les contours en sont rouges car il s'agissait d'une pose avec le filtre rouge, les feux d'ailes sont continus d'où les lignes régulières, plus marquées sur le côté bâbord car le feufeu y est rouge, l'opposé est vert et le feu arrière est blanc et à éclats. J'ai eu le bonheur d'en saisir un, comparons cela à un effet stroboscopique. Donc point d'OVNI au nom d'une ufologie incertaine, juste un concours de circonstances... »

    Vous pouvez retrouver cette aventure insolite dans la discussion de notre forum intitulée « comme un avion sans ailes ». Quant aux images de Bernard Lesourd, que nous remercions pour sa fidélité, elles sont visibles dans son album.