C'est fait. Seize ans après le coup d'envoi du programme Copernicus, le premier satellite de ce programme d'observation de la Terre sans précédent est en orbite. Sentinel 1A a été lancé cette nuit depuis le Centre spatial guyanais. Il sera rejoint en orbite par Sentinel 1B d'ici 18 mois. Claire-Anne Reix, directrice du projet Copernicus pour le groupe Thales, et Éric Béranger, directeur des programmes chez Airbus Space Systems, nous expliquent plusieurs aspects de ce programme.

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    Pour son septième lancement depuis le Centre spatial guyanais, le lanceur russe (mis au standard européen) SoyouzSoyouz a lancé avec succès Sentinel 1A, premier satellite du programme Copernicus. Le lanceur a décollé à 23 h 02, heure de Paris et placé le satellite sur l'orbite visée. Sentinel 1A tourne maintenant autour de la Terre sur une orbite héliosynchronehéliosynchrone à une altitude d'environ 693 km. Il devrait fonctionner pendant au moins sept ans.

    Construit sous la maîtrise d'œuvre de Thales Alenia Space (TAS), il a pour instrument principal un radar en bande C fourni par Airbus Espace qui fournira des images de la surface de la Terre, de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météorologiques. Ce radar, d'une résolutionrésolution bien meilleure que les systèmes précédents, promet des avancées significatives. Nous y reviendrons dans un prochain article.

    Un nouveau regard sur la Terre

    Bien plus qu'un simple satellite d'observation de la Terreobservation de la Terre, Sentinel 1A pose un nouveau regard sur le Globe en ouvrant la voie à de nouveaux services qui vont vers plus de connaissance et plus de sécurité pour les citoyens européens. Comme le souligne Claire-Anne Reix, directrice du projet Copernicus pour le groupe Thales, « le succès du lancement d'aujourd'hui constitue une étape majeure, celle d'une nouvelle ère de la gestion de notre environnement ». Un avis que partage Éric Béranger, directeur des programmes chez Airbus Space Systems, qui précise que « lorsque tous les satellites du programme Copernicus auront été lancés, tous les aspects de notre planète (forêts, océans, atmosphèreatmosphère, magnétisme, etc.)) seront sous monitoring permanent ».

    « Une situation inédite » pour les futurs utilisateurs des services Copernicus et la communauté scientifique, se réjouit Yves-Louis Desnos, spécialiste radar et responsable du support auprès des scientifiques et des utilisateurs et membre du département Sciences, applications et technologies futures à l'Agence spatiale européenne. Inédite, car c'est « la première fois que la continuité des données est garantie sur une très grande période », précise-t-il. À partir des données de n'importe quel capteurcapteur de Copernicus, il sera possible de faire des prédictions de moyen terme, typiquement 20 ans, ce qui n'était pas possible auparavant. Les prédictions se limitaient à la duréedurée de vie du satellite concerné.

    En vue d'artiste, le futur Sentinel 2 du programme Copernicus. Deux satellites de ce type fourniront des images en haute résolution et travailleront dans le visible et l'infrarouge. Sentinel 2 étudiera les terres émergées et suivra l'étendue et l'activité du couvert végétal. Ses observations serviront à l'aménagement du territoire, à l'agriculture, à l'exploitation forestière ou à l'assistance en cas de catastrophe naturelle. © Airbus Defence and Space

    En vue d'artiste, le futur Sentinel 2 du programme Copernicus. Deux satellites de ce type fourniront des images en haute résolution et travailleront dans le visible et l'infrarouge. Sentinel 2 étudiera les terres émergées et suivra l'étendue et l'activité du couvert végétal. Ses observations serviront à l'aménagement du territoire, à l'agriculture, à l'exploitation forestière ou à l'assistance en cas de catastrophe naturelle. © Airbus Defence and Space

    Futura-Sciences : Un petit mot pour saluer le succès du lancement de Sentinel 1A ?

    Claire-Anne Reix : Thales Alenia Space partage le succès du lancement d'aujourd'hui avec ArianespaceArianespace, les agences spatiales européenneagences spatiales européenne et italienne et Airbus Defence and Space (Airbus DS), qui a réalisé l'instrument radar selon nos spécifications. Rappelons que ce satellite va être d'une très grande utilité citoyenne, car ses applications en matièrematière d'observation environnementale sont nombreuses : la surveillance des glaces en mer, la détection des navires et icebergs, celle des déversements d'hydrocarbureshydrocarbures, l'observation des vaguesvagues, des courants océaniques et des ventsvents de surface de la mer, la classification de la couverture terrestre, la surveillance de l'affaissementaffaissement de la surface terrestre ainsi que la gestion des risques et urgences.

    Éric Béranger : D'emblée, je pense aux équipes que je ne peux que féliciter pour ce travail remarquable. Je suis très heureux de ce succès et je partage cette joie avec notre partenaire Thales Alenia Space. Et également avec la Commission européenne et l'Agence spatiale européenne, devant la réussite du lancement du premier satellite de ce programme exceptionnel, le plus ambitieux à ce jour en matière de surveillance de notre planète.

    C'est grâce aux satellites et à leurs instruments que nous pouvons observer de façon continue l'environnement à l'échelle planétaire, et nous sommes fiers que notre expertise dans la haute technologie bénéficie à la surveillance de l'environnement ainsi qu'à la sécurité dans le monde.

    Quels sont les apports technologiques de vos sociétés à ce programme ?

    Claire-Anne Reix : Thales Alenia Space est maître d'œuvremaître d'œuvre des missions Sentinel 1 et Sentinel 3. À ce titre, nous sommes responsables de la conception, du développement, de l'intégration et des tests des satellites. Sentinel 1A a été intégré au sein de notre établissement de Rome. Il a été livré sur le pas de tir après avoir effectué les derniers tests dans les salles blanches de TAS, à Cannes. Il a été construit autour de la plateforme Prima, que nous avons développée pour le compte de l'Agence spatiale italienne. Sa résolution oscillera entre 5 et 25 mètres, en fonction du mode opératoire. Les données du satellite seront collectées par plusieurs centres de réceptionréception européens, parmi lesquels la station au sol du centre spatial de Matera, en Italie, opérée par e-Geos.

    Les technologies de base, telles que les modules de transmission-réception et l'électronique centrale pour le radar à ouverture synthétique en bande C, la gestion de données avancées, les sous-systèmes de transmissions et l'ordinateurordinateur de bord, ont toutes été conçues et développées par nous. Les modules de transmission-réception ainsi que l'électronique centrale constituent le cœur de l'antenne radar à ouverture synthétique en bande C, développée par Airbus DS selon nos spécifications.

    Éric Béranger : Sur Sentinel 1A, c'est notre savoir-faire en matière de radar qui fera la différence. Plus long et plus précis que ses prédécesseurs, il a été élaboré sur la base de la toute nouvelle technologie radar à synthèse d'ouverturesynthèse d'ouverture (SAR). Cet instrument radar en bande C permettra pour la première fois de recueillir des données clés pour l'observation de la Terre 24 heures sur 24. Une fois cette antenne radar déployée en orbite, la plus grande en service (12,30 m sur 0,90 m), l'Europe aura franchi une étape décisive dans la mise en place de ce programme clé pour la sécurité de notre planète.