L’incroyable défi lancé par Google et la Fondation X Prize - un concours pour une course à la Lune - a un premier compétiteur : William Whittaker, qui construit un scarabée autonome, après bien d’autres conceptions...

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    Le Scarab, un prototype de 4 x 4 lunaire capable de forer le sol, est actuellement à l’étude pour les futures missions de la Nasa vers la Lune. © Debra Tobin

    Le Scarab, un prototype de 4 x 4 lunaire capable de forer le sol, est actuellement à l’étude pour les futures missions de la Nasa vers la Lune. © Debra Tobin

    Pour avoir une idée de ce que seront les prochains robotsrobots américains à arpenter la surface lunaire, il faut se rendre sur le site de l'université Carnegie Mellon (Pittsburgh, Etats-Unis). On y voit le dessin d'un scarabée (Scarab, de son nom anglais), un robot tout terrain, en cours de mise au point et qui fait partie d'un projet financé par la Nasa pour les prochaines expéditions automatiques vers la Lune. L'équipe qui l'a conçu est dirigée par William « Red » L. Whittaker, grand spécialiste de la robotiquerobotique et multirécidiviste des exploits médiatisés.

    Son équipe a déjà réalisé une étude pour la recherche de glace sur les pôles lunaires, a participé au Darpa Grand Challenge de 2005, une course de voituresvoitures entièrement autonomes et prépare la prochaine édition, qui aura lieu en novembre prochain, et où les véhicules devront se débrouiller dans un milieu urbain !

    L'université Carnegie Mellon ne peut participer en son nom au concours le plus fou de la décennie, le GoogleGoogle Lunar X Prize, organisé par la Fondation X Prize et Google, car il est réservé aux particuliers et aux entreprises financées à 90 % sur fonds privés. Cette initiative inattendue pour sponsoriser la seconde phase de l'exploration lunaire, que Google baptise « Lune 2.0 », a été lancée mi-septembre et offre trente millions de dollars de récompense, répartis en plusieurs prix, pour la réalisation d'un engin capable de se poser en douceur sur notre satellite et d'envoyer des images. Pour gagner le premier prix (« Grand Prix »), il faudra que le robot parcourt au moins 500 mètres et transmette ses images vers la Terre. La récompense sera de 20 millions de dollars si l'exploit est réalisé avant le 31 décembre 2012 et, ensuite, de 15 millions avant fin 2014. Après, ce sera trop tard... En parcourant moins de 500 mètres, le robot fera gagner 5 petits millions seulement à ses concepteurs. Le reste de l'argent sera réservé à d'autres prix, venant s'ajouter aux deux premiers pour saluer certaines performances, comme le parcours le plus long ou la survie à une nuit lunaire (14,5 jours terrestres).

    Un robot géologue et un robot photographe

    William Whittaker a annoncé qu'il s'engageait à concourir pour le Google Lunar X Prize et qu'il commençait à constituer une équipe. Le scarabée de Carnegie Mellon, conçu sur des fonds de la Nasa, ne prendra pas le départ de la course et ne quittera d'ailleurs jamais la Terre puisqu'il ne s'agit que d'un démonstrateurdémonstrateur. Mais il est probable que l'engin sur lequel planchera Whitaker, s'il s'engage effectivement dans cette course, lui ressemblera au moins un peu.

    Avec son poids de près de 300 kilos (sur Terre), ses grosses roues et ses énormes suspension, Scarab, qui mesure 1,65 mètre sur 90 centimètres, pourra se déplacer sur un sol très irrégulier. Il devra travailler durant la longue nuit lunaire et ne pourra donc compter sur la lumière du Soleil. Il fabriquera son électricité grâce un générateurgénérateur thermoélectrique à |587d5b698cee85f5532b68b358cb3b5d|-isotopeisotope, une technique bien maîtrisée et largement utilisée dans les sondes spatiales (la radioactivitéradioactivité naturelle d'un corps comme le plutoniumplutonium produit de la chaleurchaleur, transformée en courant électriquecourant électrique dans un thermocouple).

    Sa mission sera plus ambitieuse et plus scientifique que l'objectif du Google Lunar X Prize, qui n'est que de prendre des photos. La Nasa veut creuser la surface lunaire et le Scarab transporte une impressionnante mèche de forage. Ses suspensions lui permettent de se soulever de plus de cinquante centimètres pour faciliter ensuite le forage en s'aidant de tout son poids.

    Sur son projet pour le X Prize, William Whittaker ne sera pas embarrassé par des tâches aussi complexes. Le travail sera donc plus aisé. Heureusement car lui et son équipe devront y travailler les week-ends et les jours fériés, puisque le projet est complètement indépendant du Scarab que le même Whittaker prépare durant la semaine à l'université Carnegie Mellon. Nul ne sait ce qu'il adviendra de ce concours hors du commun mais il a déjà commencé à faire rêver certains...