Depuis quelques semaines, plusieurs journaux ont titré que des champignons mortels pour les vivants se trouvaient sur des momies conservées au Mexique. Face aux diverses informations, parfois très alarmistes, faisons un point sur ce cas qui concerne des momies naturelles emblématiques du pays, à Guanajuato.


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    L'histoire de champignonschampignons mortels pour les humains émanant de momies conservées au Mexique s'est répandue avec alarmisme dans les journaux avec plus ou moins de recul quant à la situation actuelle. Une information initialement communiquée par l'Inah, Instituto Nacional de Antropología e Historia du Mexique, qui met en lumière des momies très célèbres sur place et chez les passionnés, mais assez peu connues en dehors du Mexique par le grand public.

    Des momies naturelles

    Les momies de Guanajuato font partie des momies dites naturelles. À contrario des momies égyptiennes que tout le monde connaît et qui sont créées par des humains, les momies naturelles existent grâce à un ensemble de facteurs chimiques, biologiques et atmosphériques, qui ont occasionné une telle conservation. Il n'y a pas eu d'embaumement sur ces corps qui ont été inhumés entre le XIXe et la première moitié du XXe siècle au Mexique. À l'époque, ces défunts ont été inhumés comme le veut le rite funéraire dans un cimetière, néanmoins, les familles devaient payer une taxe annuelleannuelle pour conserver la tombe. Or, lorsque cette dernière n'était pas payée, les corps étaient déterrés et quelle surprise, certains étaient momifiés naturellement.

    Les momies de Guanajuato au musée qui leur est dédié. © Cedarblu, Wikimedia, CC by-sa 2.0
    Les momies de Guanajuato au musée qui leur est dédié. © Cedarblu, Wikimedia, CC by-sa 2.0

    Une lutte autour des momies exposées

    Comme de nombreuses autres momies naturelles découvertes de façon fortuite dans le monde, celles de Guanajuato ont été rapidement exposées au cours du XXe siècle pour devenir une attraction touristique macabre et lucrative. De plus, leur conservation étant considérée par certains comme des faits miraculeux, les légendes autour de ces dernières ont été nombreuses. À l'époque, impossible de savoir leur histoire, leur apparence a laissé naître des rumeurs d'enterrements vivants, de massacres, alors qu'elles ne portent que les stigmatesstigmates classiques de la mort comme la bouche ouverte naturellement. Par la suite, un musée a été créé pour accueillir ces momies derrière des vitresvitres, et elles sont devenues des célébrités locales.

    Au XXIe siècle, la considération de ces corps morts aidée par l'évolution des mentalités, a remis en question le traitement de ces momies. C'est de là que s'opposent l'Inah et les personnes qui ont la garde des momies. Les uns ayant été avertis que les conditions de traitement de ces dernières manquent de sérieux, les autres n'étant pas nécessairement en phase avec les protocolesprotocoles liés à la conservation de dépouilles. C'est ici que les champignons qui ont fait les choux gras de la presse interviennent.

    L'Inah se désolidarise d'une exposition des momies

    Dans un communiqué officiel, l'Inah qui veille à la protection des biens culturels du Mexique annonce qu'elle se désolidarise des actions en cours concernant les momies. Une commission a été créée avec des spécialistes pour envisager un avenir et une conservation plus adaptés à ces dépouilles. Or, certaines momies ont été sorties et déplacées sans avis des scientifiques pour une exposition de promotion du tourisme dans le pays, sans que l'Inah en ait été averti. Et c'est par le biais des réseaux sociauxréseaux sociaux que les chercheurs ont pu constater que les installations d'exposition des momies n'étaient pas en adéquation avec les normes sécuritaires et sanitaires, tant pour le public que pour les professionnels sur place.

    Un champignon mortel ?

    À partir de photographiesphotographies prises sur place, l'Inah et ses spécialistes des momies ont pu constater que certaines portaient les traces de proliférations fongiques. Il n'est pas écrit dans le communiqué qu'il y a un risque mortel lié à ces champignons. Il est surtout question de soulever qu'il existe des risques pathogènespathogènes liés à ces momies, comme pour de nombreuses autres momies dans le monde. Par conséquent, les attentes sanitaires ne sont pas respectées aux yeuxyeux des spécialistes de l'Inah qui ne s'associent pas aux manquements de cette exposition en cas de dangers sanitaires divers pour les vivants.

    Ainsi, bien que de nombreux journaux aient titré de façon alarmiste que des champignons mortels se trouvent sur les momies, la source même de l'Inah est claire sur les risques et les attentes liées aux corps. Les corps morts, qu'ils soient anciens ou récents, doivent être traités dignement, et de façon sécuritaire tant pour ceux qui les manipulent, que pour les personnes qui leur rendent visite. L'Inah rappelle par conséquent, dans son communiqué, l'importance d'adapter la prise en charge des momies de façon scientifique, tout en laissant une porteporte ouverte au dialogue avec les organisateurs de l'évènement. Les malédictions autour des momies font toujours les choux gras de la presse, mais les explications scientifiques permettent d'avoir un regard plus réaliste face aux enjeux liés aux corps conservés.