Les humains enterraient-ils leurs congénères selon le statut social qu’ils occupaient au sein de leur communauté ? C’est ce qui est communément admis, mais une nouvelle étude favorise l'idée que les rites funéraires sont plutôt liés à la culture de l’ensemble de la communauté.


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    Deux communautés d'Hommes du Néolithique se sont côtoyées dans la région de Rioja Alavesa en Espagne. Bien que séparées seulement de quelques kilomètres (entre 4 et 6,5 kilomètres), leur mode de vie divergeait. Comment pouvons-nous le savoir ? Grâce à des dents retrouvées sur des restes humains inhumés selon deux rites funéraires distincts. C'est la conclusion émise dans une étude parue dans Science Advances, le 22 janvier 2020. Celle-ci reconsidère l'idée que le statut social d’un individu détermine la façon dont son corps sera traité après sa mort chez nos ancêtres du Néolithique.

    La tombe mégalithique d’Alto de la Huesera est l’une des tombes examinées dans l’étude. © Javier Orodoño
    La tombe mégalithique d’Alto de la Huesera est l’une des tombes examinées dans l’étude. © Javier Orodoño

    Des rites funéraires culturels ?

    Malgré leur proximité géographique, les deux populations humaines ne partageaient pas les mêmes mœurs. Les scientifiques ont prélevé des dents sur des restes humains reposant sous le sol d'une caverne ou dans des tombes mégalithiques. Les premiers Hommes enterrés dans des grottes sont datés d'une époque allant de 3.500 à 2.900 avant notre ère, tandis que l'utilisation des pierres tombales mégalithiques s'étend sur une période similaire à quelques centaines d'années près, à la fois plus tôt et plus tard.

    Pour en savoir plus sur leur mode de vie, les scientifiques ont examiné 27 molairesmolaires adultes. L'analyse des isotopes des atomes du carbone et d'azote, présents dans le collagènecollagène de la dentinedentine, suggère aussi un régime alimentaire différent. La population qui préfère placer ses morts dans des tombes en pierre semble avoir un régime riche en plantes. De nombreuses caries ont été retrouvées sur les dents, témoignant, selon les chercheurs, d'une consommation importante de plantes sucrées.

    L'analyse des isotopes du carbone, du strontium et de l'oxygèneoxygène dans l'émailémail permet d'estimer l'âge auquel les enfants ne se nourrissent plus du lait maternellait maternel. Sur ce point aussi, les deux communautés examinées divergent. Les dents retrouvées dans les grottes montrent que les jeunes enfants étaient sevrés plus tôt que ceux enterrés dans des pierres tombales.

    Selon les auteurs de cette étude, les restes retrouvés dans les deux tombes témoignent d'une culture propre à chaque population. Les rites funéraires ne seraient alors pas dus à un statut social au sein de la communauté, mais à un mode de vie particulier. Les coutumes décrites ici semblent être un témoin d'une différence culturelle ancienne entre deux populations proches.