Les restes d’une ville datée de 9.000 ans ont été mis au jour à Motza, en Israël. Des vestiges exceptionnellement bien conservés avec de nombreux objets apportant un éclairage inédit sur le mode de vie et le peuplement de la région à cette époque.


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    C'est une découverte exceptionnelle qu'ont faite des archéologues israéliens vers la ville de Motza, à cinq kilomètres à l'ouest de Jérusalem. Les vestiges d'une ville néolithique de 3.000 habitants, l'équivalent d'une très grande métropole comme Tel Aviv aujourd'hui, ont été mis au jour avec des rues, des bâtiments, des sépulturessépultures et de nombreux objets de l'époque (pointes de flèches, médaillons, statuettes, bijoux...). Le site avait été exhumé en 2015 à la faveur de travaux d'élargissement d'une autoroute, mais on ne soupçonnait pas jusqu'ici son ampleur.

    Des graines de lentilles datant de 9.000 ans

    En poursuivant les fouilles, les archéologues sont tombés sur des fondations couvrant entre 30 et 40 hectares, comprenant des maisons privées, des ateliers ainsi que des bâtiments publics et religieux. « Il s'agit sans doute de la plus grande ville du Moyen-Orient du Néolithique », indique à CNN Jacob Vardi, qui a codirigé les fouilles menées par l'Autorité des antiquités israélienne. Le site lève aussi le voile sur le mode de vie à cette époque : les ossements de moutons et de chèvres suggèrent que les habitants pratiquaient l'élevage, tout en continuant à s'adonner à la chasse comme le montrent les pointes de flèches et les lames de couteaux également retrouvées. Des hangars de stockage contenant de grandes réserves de légumineuseslégumineuses, surtout des lentilleslentilles, ont également été découverts. « Le fait que les graines aient été préservées est étonnant au regard de l'âge du site », rapportent Jacob Vardi et son codirecteur de fouilles Hamoudi Khalaily.

    La cité néolithique accueillait plus de 3.000 habitants, l’équivalent d’une très grande métropole aujourd’hui. © <em>Israel Antiquities Authority</em>
    La cité néolithique accueillait plus de 3.000 habitants, l’équivalent d’une très grande métropole aujourd’hui. © Israel Antiquities Authority

    D'autres objets indiquent que ces peuplades s'adonnaient déjà au commerce, avec des obsidiennes originaires d'Anatolie (Turquie actuelle) et des coquillages venant de la mer Rougemer Rouge. Les archéologues sont tombés sur des vestiges plus inhabituels, comme le squelette entier d'un âne domestiqué enterré devant la tombe d'un guerrier. « On peut supposer que l'âne était destiné à servir lors des combats », suggère Jacob Vardi.

    Une sédentarisation précoce des populations au Néolithique

    La découverte relance également les connaissances actuelles sur les premiers peuplements dans la région. « On pensait jusqu'à présent que la région de la Judée était vide à cette époque et que des sites de cette taille n'existaient que sur l'autre rive du Jourdain, ou dans le Levant Nord, expliquent Jacob Vardi et son codirecteur Hamoudi Khalaily. Au lieu d'une zone inhabitée, nous avons trouvé un site complexe, où divers moyens économiques de subsistance existaient, et tout cela à seulement quelques dizaines de centimètres de profondeur », s'enthousiasment les chercheurs. Il faut dire que l'endroit est idéalement situé, dans une vallée fertile comprenant de nombreuses sources d'eau et sur un chemin reliant la région de Shefela à Jérusalem. « Des milliers d'années avant la construction des pyramides d’Égypte, on voit donc que de plus en plus de peuples du Néolithique avaient déjà choisi un mode de vie sédentaire », relate Jacob Vardi.

    Le plus ancien site préhistorique de la région reste toutefois celui de Tell es-Sultan, l'ancienne ville de Jéricho à l'est de la Cisjordanie. Âgée de 10.000 à 9.000 av. J.C., cette cité est considérée comme la plus vieille ville du monde et aussi la plus basse (258 mètres sous le niveau de la mer), mais elle n'a été habitée de façon continue que depuis 3.000 ans avant J.-C. Ces fouilles n'ont en tout cas pas manqué de provoquer des manifestations de juifs ultra-orthodoxes, pour qui la création du monde date de seulement 3.761 ans avant J.-C.