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Petit vase daté de l’âge du bronze ancien, découvert sur le site archéologique de l'Inrap au Bono (Morbihan), au fond d’une sépulture. © Laurent Juhel, Inrap
L'Inrap mène actuellement des recherches sur le site de Mané Mourin au Bono, dans le cadre de l'aménagement d'une ZAC par EADM (Espace, aménagement et développement du Morbihan). Un diagnosticdiagnostic (des sondages) avait préalablement mis en évidence la présence de vestiges du Néolithique et de l'âge du bronze, conduisant alors l'État (service régional de l'archéologie de Bretagne) à prescrire une fouille préventive sur une surface de deux hectares avant que les travaux ne se poursuivent.
Une équipe d'une dizaine d'archéologues, dirigée par Laurent Juhel, intervient depuis début mars et jusqu'en juillet sur ce site remarquable, marqué par la mise au jour d’une nécropole de l'âge du Bronze d'un type peu étudié jusqu'ici dans l'ouest de la France.
De nombreux fours et foyers du Néolithique
Les vestiges consistent essentiellement en de nombreuses structures de combustion, dites « fours à pierres chauffées », caractéristiques du Néolithique moyen (vers 4.200 avant notre ère). Ils permettaient une cuisson à l’étouffée, les aliments étant posés sur de nombreux blocs de granit préalablement chauffés, puis déposés dans une fosse circulaire. Une trentaine de ces fours ont été découverts, plusieurs étant parfois regroupés dans un même secteur. Leur concentration pourrait témoigner de repas collectifs partagés à l'occasion d'événements communautaires.
Dégagement d’une sépulture de l’âge du bronze ancien au Bono, dans le Morbihan, lors d'une fouille préventive de l'Inrap. © Laurent Juhel, Inrap
Quatre fours rectangulaires de plus grande taille (3 m de long environ pour 2 m de large) ont également été trouvés. Ils sont aussi exceptionnels en raison de leur aménagement particulièrement soigné, le fond et les parois étant entièrement pavés de dalles de granit. Leur découverte étant singulière, les archéologues s'interrogent actuellement sur leur fonction : servaient-ils pour la cuisson des aliments ? Étaient-ils liés à une activité artisanale ou à un tout autre usage, rituel par exemple ?
La réalisation de datations radiocarbones permettra rapidement d'affiner la chronologie de ces structures. La poursuite des études permettra ensuite d'affiner les hypothèses sur leur usage et de comprendre le lien entre ces fours, inédits pour la Bretagne, et les autres éléments présents sur le site. Les chercheurs étudieront notamment des prélèvements de sédimentssédiments et de pierres brûlées, à la recherche de résidus de cuisson.
Une nécropole de l’âge du bronze ancien
La découverte d'un ensemble funéraire daté du bronze ancien (autour de 2.000 avant notre ère) est l'élément majeur de la fouille conduite au Bono. Une dizaine de tombes sont regroupées sur une surface d'environ 300 m2. Cinq sépulturessépultures sont parfaitement alignées. La découverte au fond de l'une d'elles d'un petit vase déposé en offrande a permis de dater la nécropole : la forme de la poterie et les décors incisés sur cette céramiquecéramique étant attribuables au début de l'âge du bronze.
Les tombes regroupées sur le site de Mané Mourin constituent sans doute le petit cimetière, familial ou communautaire, d'une population relativement modeste. Les pratiques funéraires de cette période étant mieux connues par les nombreux tumulus, la nécropole du Bono, par le type de sépultures, leur nombre et leur organisation, constitue une découverte inédite pour l'âge du bronze ancien armoricain. Elle viendra compléter et enrichir notre perception des pratiques funéraires de ces sociétés anciennes.