Des chercheurs canadiens et écossais publient une étude qui corrobore les liens souvent postulés entre adhésion à la désinformation et perception de la transparence du gouvernement. Ils démontrent également que les fausses nouvelles et la perception du manque de transparence politique s'alimentent mutuellement et contribuent conjointement au rejet des mesures sanitaires provenant du gouvernement.


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    Les gens ne sont pas irrationnels. Autrement dit, ils ne prennent pas de décision sans avoir de bonnes raisons. Pendant la pandémie de Covid-19, les personnes opposées aux mesures sanitaires ont été caractérisées de bien des manières, ce qui ne permet en aucun cas de comprendre ce qui les pousse à rejeter les mesures sanitaires.

    Dans la recherche en science politique sur les liens entre perception de la transparencetransparence du gouvernement, confiance envers le gouvernement et adhésion aux fausses nouvelles, peu de résultats empiriques sont disponibles pour tisser une toile claire des associations entre ces différents paramètres. Pourtant, ils sont souvent considérés comme allant de soi.

    Des chercheurs canadiens et écossais ont voulu tester les hypothèses couramment admises dans ce champ de recherche. Ils révèlent que l'adhésion aux fausses nouvelles altère la perception de transparence du gouvernement, que le niveau d'adhésion aux fausses nouvelles détermine en partie l'évolution de cette perception à travers le temps et que les personnes qui adhèrent à ces fausses nouvelles s'en servent pour rationaliser leur perception du gouvernement.

    Fausses nouvelles et perception de la transparence

    Pour évaluer ce lien, les chercheurs ont comparé le degré moyen d'adhésion envers six fausses nouvelles concernant la pandémie et la perception de la cohorte interrogée envers la transparence de leur gouvernement. Plus une personne adhère à des fausses nouvelles, plus il semble que sa perception vis-à-vis de la transparence du gouvernement soit mauvaise. Les auteurs ont comparé l'effet de l'adhésion aux fausses nouvelles à d'autres variables telles que l'idéologie politique, la confiance envers la communauté scientifique ou encore la manière de consommer de l'information (réseaux sociaux, journaux, etc.). Aucune variable n'a un effet aussi important que l'adhésion aux fausses nouvelles. 

     Les personnes qui adhèrent aux fausses nouvelles s'en servent pour rationaliser leur perception du gouvernement. © JrCasas, Adobe Stock
     Les personnes qui adhèrent aux fausses nouvelles s'en servent pour rationaliser leur perception du gouvernement. © JrCasas, Adobe Stock

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    Leurs résultats suggèrent également qu'il existe peut-être un seuil en matièrematière d'adhésion envers des fausses nouvelles et l'évolution de la perception de transparence. En effet, les auteurs ont mesuré les modifications en matière de perception de la transparence à travers le temps. Les personnes adhérant à trois fausses nouvelles ou plus témoignent d'une perception fixe à travers le temps tandis qu'en dessous de ce seuil, cette perception semble évoluer favorablement. 

    L'importance du climat politique

    Un élément intéressant de l'investigation est le fait que les personnes qui adhèrent aux fausses nouvelles les utilisent souvent pour justifier leur perception du gouvernement. Les auteurs précisent qu'ils n'ont pas déterminé la direction du lien entre fausses nouvelles et perception de transparence. De notre perception, il s'agit probablement d'un lien bi-directionnel où le climatclimat politique est le dénominateur commun. Rappelons qu'en valeur absolue, les personnes adhérant aux fausses nouvelles sont relativement peu nombreuses et cette étude vient encore le confirmer (jusqu'à 60 % de la cohorte n'adhèrent à aucune fausse nouvelle proposée) et qu'il semble urgent de mieux étudier les personnes qui composent ce groupe, homogène concernant l'adhésion aux fausses nouvelles mais probablement hétérogène sous d'autres aspects. 

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    En effet, comme nous l'évoquions dans de précédents articles, plus que l'adhésion envers les fausses nouvelles, c'est un scepticisme généralisé envers la fiabilité du gouvernement et des médias qui touche une grande partie de la population. Il s'agit de mettre toute notre énergieénergie dans ce qui est le plus à même de produire les conséquences les plus néfastes. De ce point de vue, améliorer la communication des pourvoyeurs d'informations et créer un environnement socio-politique qui renforce l'intérêt de la population sur le plan politique semble être les objectifs primordiaux à atteindre. Car, si les fausses nouvelles sont de mauvaises raisons pour déduire le degré de transparence du gouvernement, ce même degré de transparence est loin d'être optimal comme nous avons pu l'observer tout au long de cette pandémie.