Aujourd'hui dans Patient bizarre, le défi d'un adolescent qui tourne très mal.


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    Les défis que se lancent les adolescents pour tester leur courage ont parfois des conséquences dramatiques. En Australie, un ado accepte un défi peu ragoûtant lancé par des copains : manger deux limaces qu'ils ont trouvées dans son jardin à Sydney. Chiche ! Le jeune homme s'exécute mais va le regretter amèrement.

    Quelques jours plus tard, il commence à se sentir mal. Il contracte une violente gastrogastro qui dure une semaine mais finit par s'en remettre. Trois semaines plus tard, il se sent nauséeux, vomit à plusieurs reprises et souffre d'une raideur du cou et d'une intolérance aux lumièreslumières fortes. Avec ses parents, il se rend à l'hôpital pour comprendre ce qui cloche. À l'auscultation, les médecins identifient une faible fièvre et les signes d'une méningite, mais son scanner du cerveau ne montre aucun problème.

    En revanche, son bilan sanguin est plus préoccupant. Il a un nombre de granulocytes éosinophilesgranulocytes éosinophiles très au-dessus des valeurs normales ; des monocytesmonocytes sont aussi présents en grande quantité dans son liquideliquide céphalocéphalo-rachidien. L'éosinophilie est habituellement associée à une infection parasitaire ou à une allergieallergie. Les médecins font un test pour détecter deux espècesespèces de vers parasites courants en Australie : Strongyloides et Angiostrongylus. Les résultats sont négatifs. Après 12 jours à l'hôpital il rentre chez lui ; sa méningite considérée comme soignée.

    Voir aussi

    Patient bizarre : des parasites dansent dans son scrotum

     Des <em>Angiostrongylus cantonensis</em>, un ver parasite qui infecte habituellement les rats mais qui peut être pathogène pour les humains. © CDC
    Des Angiostrongylus cantonensis, un ver parasite qui infecte habituellement les rats mais qui peut être pathogène pour les humains. © CDC

    Une infection grave par un ver parasite des rats

    Sauf que son état s'aggrave subitement cinq jours plus tard, forçant sa famille à retourner à l'hôpital. Il est admis dans un état inquiétant : irritable, somnolent, un œdèmeœdème papillaire de l'œilœil qui témoigne d'une pressionpression dans le crânecrâne trop élevée et des mains engourdies. Ses analyses de sang révèlent une éosinophilie trois fois plus sévère que lors de sa première hospitalisation. Cette fois-ci, le scanner du cerveau montre de multiples lésions dans la matièrematière blanche. Les médecins interrogent le jeune patient qui finit par avouer qu'il a mangé deux limaces cinq semaines auparavant. La présence du parasite est enfin confirmée.

    Les deux mollusquesmollusques étaient deux limaces léopardsléopards (Limax maximus), l'un des hôtes intermédiaires de Angiostrongylus cantonensis, un ver parasiteparasite de plusieurs centimètres de long qui infecte normalement les poumonspoumons des rats. L'humain est un hôte accidentel du ver, qui se contamine en mangeant des mollusques crus ou mal cuits, ou des légumes contaminés par des larveslarves. Ces dernières atteignent le stade adulte après deux à trois semaines et provoquent ce que les médecins appellent une méningo-encéphaliteencéphalite à éosinophile.

    Une limace léopard <em>(Limax maximus)</em>. © Andréas, Adobe Stock
    Une limace léopard (Limax maximus). © Andréas, Adobe Stock

    Des cas parfois mortels

    L'ado est resté 17 jours à l'hôpital et a mis plus de cinq mois à se remettre de l'infection avant de retrouver un quotidien normal. Ce cas décrit en 2003 est le premier signalement d'angiostrongyliasis humaine acquise, mais pas le dernier.

    En 2010, un jeune Australien a fait le même défi : manger des limaces. Les mollusques étaient aussi contaminés par des Angiostrongylus qui l'ont plongé 420 jours dans le comacoma et l'ont laissé paralysé de la tête au cou pendant huit ans. Il est finalement décédé en 2018.