Une récente revue parapluie fait le point sur les interventions qui fonctionnent selon la littérature scientifique concernant la promotion de la consommation de fruits et légumes.

 

 


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    Les recommandations nutritionnelles nous encouragent à consommer au moins cinq portions de fruits et de légumes par jour. Pourtant, selon les données de Santé publique France datant de 2015, les Français boudent ces conseils. Seulement 28 % des adultes et 13 % des enfants suivent ces derniers concernant les fruits et légumes. Quelles seraient les stratégies à envisager ou à améliorer pour accroître le taux d'individus suivant les recommandations pour ce groupe d'aliments ? Une revue parapluie (une méta-revue qui consiste à réaliser la revue des revues systématiques déjà entreprises) publiée dans International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity fait le point sur cette question.

    La communication visant à changer les comportements 

    On peut scinder ces stratégies en quatre parties spécifiques dépendantes du contexte : la sensibilisation du public à travers la communication ou l'information, la délivrance de conseils dans un contexte clinique et les interventions pour apporter outils et connaissances en nutrition dans un contexte éducatif, de travail, privée (à la maison) ou communautaire. 

    Le contexte éducatif semble très propice à accroître la consommation de fruits et légumes, par exemple à l'aide d'ateliers culinaires. La seule éducation nutritionnelle (on parle de connaissances fonctionnelles) sans l'acquisition des compétences techniques pour les mettre en place (on parle de connaissances procédurales) ne semble avoir aucun effet sur la consommation de fruits et légumes. Au sein d'un environnement hospitalier, des études démontrent un effet chez les enfants lors d'ateliers pour découvrir de nouveaux aliments mais aucun effet concernant l'éducation nutritionnelle des parents. Concernant les interventions à la maison, on constate la même chose : l'effet des connaissances seules ne change rien, tandis que des ateliers pratiques ont un effet positif mesurable. Dans l'environnement de travail, des interventions comme accroître la disponibilité des fruits et légumes, diminuer les prix pour attirer le consommateur, le tout combiné à de l'éducation nutritionnelle marchent également à court terme. Les résultats sont plus mitigés à long terme. 

    Des interventions ciblant les nouvelles technologies (envoi de message textuel, création de site InternetInternet ou de réseau socialréseau social spécialisé pour l'alimentation) fonctionnent plutôt bien sur la consommation de fruits et légumes à l'inverse des jeux vidéojeux vidéo ou des applicationsapplications mobilesmobiles. La communication de masse dans les médias semble avoir un effet sur la consommation. 

    Le contexte éducatif semble très propice à accroître la consommation de fruits et légumes, par exemple à l'aide d'ateliers culinaires. © Konstantin Yuganov,
    Le contexte éducatif semble très propice à accroître la consommation de fruits et légumes, par exemple à l'aide d'ateliers culinaires. © Konstantin Yuganov,

    L'environnement et le système alimentaire 

    Des interventions architecturales comme un meilleur affichage des aliments, une modification de la description des aliments et une plus jolie présentation ne semblent pas produire d'effets significatifs à long terme sur la consommation de fruits et légumes. À l'inverse, le dépôt de label comme le Nutri-Score semble fonctionner. Seul problème, celui-ci n'est pas conçu pour être apposé sur des produits bruts.

    La prolifération des services de paniers locaux ou de marché mobile a un effet assez important sur la consommation de fruits et légumes tandis que celle des supermarchés aurait un effet négatif sur cette dernière. Posséder un jardin et produire ses propres fruits et légumes contribuent aussi largement, selon un nombre restreint d'études, à accroître la consommation de fruits et légumes. Si vous décidez de faire cela, vérifier bien au préalable que votre sol soit aux normes concernant la teneur de certaines moléculesmolécules d'intérêt. Enfin, les interventions sur le prix ont un effet considérable. Des subventions allouées aux ménages ou des réductions sur les prix augmentent la consommation tandis que des taxes ou des augmentations de prix la diminuent.

    La prolifération des services de paniers locaux ou de marché mobile a un effet assez important sur la consommation de fruits et légumes. ©  igishevamaria, Adobe Stock
    La prolifération des services de paniers locaux ou de marché mobile a un effet assez important sur la consommation de fruits et légumes. ©  igishevamaria, Adobe Stock

    Miser sur les connaissances procédurales et faciliter l'accès

    Fort de toutes ces données, il semble clair que pour optimiser la consommation de fruits et légumes dans la population, il faut accroître les compétences pratiques des individus et mettre en œuvre des mesures systémiques pour augmenter la disponibilité géographique et l'accessibilité financière de ces produits. Les autres mesures sont intéressantes et utiles mais si on raisonne en taille d'effet et de priorités, ce sont celles citées qui sont à mettre sur le devant de la scène. Il est fort probable que, via l'effet de simple exposition, les messages de santé publique constamment rabâchés lors des publicités soient intégrés et considérés de manière positive par la population. Néanmoins, certaines études suggèrent que leurs effets ont pu être mitigés voire contraires à leurs objectifs