À faible dose, le THC présente un important potentiel thérapeutique. Pourtant, il reste peu utilisé compte tenu des effets secondaires qui lui sont liés. Mais des chercheurs suisses nous présentent aujourd’hui une « mousse » qui pourrait bien résoudre le problème.

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    L'usage médical des cannabinoïdes qui sont extraits du cannabis fait débat. Certains les louent pour leurs effets sur la douleur notamment, ou sur d'autres symptômes comme les crampes musculaires ou les vertiges. D'autres réclament toujours plus d'études scientifiques pour percer le mode d'action du THC.

    Rappelons que le THC -- pour tétrahydrocannabinoltétrahydrocannabinol -- est la principale substance responsable des effets thérapeutiques du cannabis chez l'homme. Des effets qui résultent de la capacité de cette moléculemolécule à se lier aux récepteurs cannabinoïdes présents dans nos organismes. Et notamment à certains récepteurs cérébraux impliqués dans le traitement des informations relatives à la douleur. L'ennui, ce sont les puissants effets psychoactifs observés lorsque le THC est consommé à fortes doses.

    Pendant 30 ans, les chercheurs ont pensé que le cannabis était la seule plante à produire du THC. Mais en 1994, un phytochimiste japonais a découvert dans une hépatique -- une plante cousine des moussesmousses --, RadulaRadula perrottetii, une substance apparentée. Le perrottétinène -- comme il l'a baptisée -- est constitué d'atomesatomes liés entre eux de manière similaire à celle du THC. Elle présente toutefois un groupe benzyle supplémentaire et une structure tridimensionnelle différente.

    Certains voient dans la Radula perrottelii, un « planant légal ». © Stefan Fischer, université de Berne

    Certains voient dans la Radula perrottelii, un « planant légal ». © Stefan Fischer, université de Berne

    Du perrottétinène plutôt que du THC ?

    Il y a quelques années, les chercheurs ont appris que cette substance étant connue sur InternetInternet pour procurer des effets planants. C'est ainsi que des chimistes suisses ont décidé d'enquêter sur ses éventuelles propriétés pharmacologiques. Aujourd'hui, ces chercheurs suisses montrent que le perrottétinène atteint facilement le cerveau pour y activer spécifiquement les récepteurs des cannabinoïdes.

    « Cette substance présente un effet psychoactif plus faible que le THC, mais elle est capable d'inhiber les processus inflammatoires dans le cerveau de manière plus importante que ce dernier », raconte Andrea Chicca, chercheur à l'université de Berne (Suisse). Contrairement au THC, le perrottétinène inhibe en effet les prostaglandinesprostaglandines du cerveau qui sont des facteurs d'inflammationinflammation. Ce faisant, il a un effet similaire à celui des endocannabinoïdes produits naturellement par notre corps.

    Pour arriver à ces conclusions, il aura fallu aux chercheurs user de grandes quantités de cette substance bioactive. Difficile à l'isoler dans l'hépatique, relativement rare, qui la produit, ils ont décidé de mettre au point une méthode de synthèse leur permettant de contrôler la structure moléculaire. De quoi imaginer travailler maintenant sur des modèles précliniques afin de définir plus précisément son action sur les douleurs chroniques et inflammatoires.