Après le 15 janvier 2020, aspirine, paracétamol et ibuprofène ne seront plus en libre-service dans les pharmacies, a annoncé hier l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui entend ainsi limiter les risques liés à un mauvais usage de ces produits vendus sans ordonnance. Désormais, ces médicaments seront placés derrière le comptoir. Les personnes qui souhaiteront en disposer devront donc les demander à leur pharmacien.


au sommaire


    Fini l'aspirine, le Doliprane ou l'Advil en libre-service dans les rayons des pharmacies : même si ces médicaments très utilisés restent vendus sans ordonnance, il faudra obligatoirement les demander au pharmacienpharmacien à partir du 15 janvier, pour limiter les risques liés à un mauvais usage.

    « À compter du 15 janvier 2020, ces médicaments ne pourront plus être présentés en libre accès dans les pharmacies » et « devront tous être placés derrière le comptoir du pharmacien », a annoncé mardi l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Cela « renforce le rôle de conseil du pharmacien auprès des patients qui souhaitent en disposer sans ordonnance », a ajouté l'ANSM. Après un premier avis en ce sens début octobre, cette décision finale a été prise au terme d'une procédure contradictoire auprès des laboratoires concernés. Cette mesure concerne les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine.

    Après le 15 janvier 2020, plus de libre-service pour le paracétamol, l'aspirine ou l'ibuprofène. Ces médicaments seront derrière le comptoir du pharmacien. © constrastwerkstatt, Adobe Stock
    Après le 15 janvier 2020, plus de libre-service pour le paracétamol, l'aspirine ou l'ibuprofène. Ces médicaments seront derrière le comptoir du pharmacien. © constrastwerkstatt, Adobe Stock

    Avoir recours au pharmacien pour limiter l'automédication

    Ces médicaments sont les plus utilisés en automédication comme antidouleurs ou contre la fièvre chez les adultes et les enfants, selon l'ANSM. Jusqu'à présent, ils peuvent être vendus en accès directaccès direct, le client se servant lui-même dans les rayons de la pharmacie. Toutefois, dans les faits, nombre de pharmaciens ont déjà choisi de les placer derrière leur comptoir, avant même la décision de l'ANSM. « Ce sont des médicaments très utilisés, c'est bien que les patients puissent y avoir accès, mais il faut faire le maximum pour qu'ils soient utilisés correctement », explique à l'AFP le docteur Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.

    Un mauvais usage comporte des risques

    Car un mauvais usage comporte des risques. Pris à des doses trop élevées, le paracétamolparacétamol peut provoquer de graves lésions du foiefoie, qui peuvent nécessiter une greffegreffe, voire être mortelles. Fin 2017, une jeune femme, Naomi Musenga, est morte après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, ce qui avait provoqué une grosse vaguevague d'émotion en France. Selon l'enquête, cette mort était « la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours ».

    Mésusage ou surdosage = danger

    Pour un adulte sain de plus de 50 kilogrammeskilogrammes, la dose maximale de paracétamol est de trois grammes par 24 heures, en ne dépassant pas un gramme par prise avec un espace d'au moins six heures entre chaque prise.  En outre, la duréedurée maximale de traitement recommandée est de « trois jours en cas de fièvre, cinq jours en cas de douleurdouleur, en l'absence d'ordonnance », rappelle l'ANSM.

    En juillet, le gendarme du médicament a décidé que l'avertissement « surdosage = danger » devrait désormais figurer sur les boîtes de paracétamol. De leur côté, les AINS « sont notamment susceptibles d'être à l'origine de complications rénales, de complications infectieuses graves et sont toxiques pour le fœtusfœtus en cas d'exposition à partir du début du 6e mois de grossessegrossesse », selon l'ANSM. Elle avait émis un avertissement à ce sujet en avril, au terme d'une enquête qui suggérait le rôle aggravant de deux types d'AINS, ceux à base d'ibuprofène et de kétoprofène, en cas d'infection.

    En 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de complications infectieuses, dont 32 décès, ont été répertoriés pour l'ibuprofène. L'enquête montrait en outre qu'on persiste à utiliser les AINS pour traiter les enfants atteints de varicelle, alors qu'ils doivent être évités au profit du paracétamol. « En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d'infection courante comme une angineangine ou une toux, il faut privilégier l'utilisation du paracétamol en respectant les règles de bon usage », souligne l'ANSM. Les principaux laboratoires concernés par la décision de l'ANSM, Sanofi (qui fabrique le Doliprane), Biogaran et Upsa, ont jugé qu'elle favorisait « la préventionprévention du risque » et le « bon usage » du médicament.

    Dans la même logique, l'ANSM a annoncé qu'elle souhaitait « sécuriser l'utilisation des vasoconstricteurs », très utilisés pour traiter les symptômessymptômes liés au rhume et dont certains sont accessibles sans ordonnance (par exemple : Actifed Rhume, Dolirhume ou Humex Rhume). « Un mésusage important est constaté avec ces produits : il s'agit majoritairement d'une utilisation prolongée au-delà de cinq jours », a expliqué l'ANSM. Or, ces médicaments peuvent « être associés à un risque d'effets indésirables rares mais graves, en particulier cardiovasculaires et neurologiques ». L'ANSM envisage qu'une « fiche d'information » soit remise au patient par le pharmacien lors de la délivrance du médicament. Là encore, la décision sera prise au terme d'une phase contradictoire auprès des labos.