Des chercheurs français ont montré que l’évolution du VIH ralentissait la fabrication d’un vaccin. Ils ont cependant identifié une combinaison de deux anticorps capable d’inhiber le développement des variants les plus récents du VIH. Reste à trouver l’astuce pour les faire directement produire par les patients…

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    Cellule infectée par le VIH examinée au microscope électronique à balayage. © Philippe Roingeard, Inserm

    Cellule infectée par le VIH examinée au microscope électronique à balayage. © Philippe Roingeard, Inserm

    Des travaux, dirigés par des chercheurs de l'Inserm de l'université de Tours montrent qu'au cours de l'épidémie de Sida, le virus de l'immunodéficience humaine 1 (VIH-1) s'est adapté à la réponse immunitaireréponse immunitaire de l'Homme, et est devenu de moins en moins sensible aux anticorps élaborés par l'organisme des patients séropositifs. Ces observations, publiées dans la revue Plos Pathogens, expliquent pourquoi la mise au point d'un vaccinvaccin préventif est si complexe.

    Le VIH, ou virus du Sida, agit en affaiblissant le système immunitaire, rendant ainsi les sujets atteints vulnérables à diverses infections. © Sebastian Kaulitzky, Shutterstock

    Le VIH, ou virus du Sida, agit en affaiblissant le système immunitaire, rendant ainsi les sujets atteints vulnérables à diverses infections. © Sebastian Kaulitzky, Shutterstock

    Pour aboutir à ces résultats, les chercheurs ont analysé les virus issus de prélèvements de patients infectés de la fin des années 1980 jusqu'aux années 2010. « S'il était connu qu'à l'échelle individuelle le virus savait s'adapter et contourner les propres moyens de défense de l'individu, nos travaux montrent qu'il en est également capable à l'échelle de la population », explique Martine Braibant, participante à cette étude.

    Deux anticorps capables de neutraliser le VIH

    Leur travail ne s'est heureusement pas arrêté là. En effet, les scientifiques ont également mis en évidence une combinaison de deux anticorps monoclonauxanticorps monoclonaux qui serait capable de neutraliser in vitroin vitro les variants du VIH les plus récents à une concentration compatible avec son utilisation chez l'Homme. Il reste cependant nécessaire de surveiller l'évolution de la sensibilité des variants du VIH-1 à cette « combinaison miracle » d'anticorps.

    Ces anticorps, dits neutralisants, inhibent les étapes précoces de l'infection et empêchent le virus du Sida de se répliquer. La prochaine étape consiste à induire leur synthèse in vivoin vivo chez les patients afin qu'ils puissent lutter efficacement contre le virus. Et c'est là que le bât blesse. En effet, pour le moment, les scientifiques n'ont pas réussi à faire produire ces anticorps par les personnes séropositives.

    Afin de contourner cette difficulté, la piste envisagée par les chercheurs consiste à insérer les gènesgènes des anticorps neutralisants dans un vecteur d'expression puis à l'inoculer aux patients. Ces derniers pourront alors produire les anticorps capables d'inhiber le développement du virus. Cette approche a été réalisée avec succès dans plusieurs modèles animaux. Des essais cliniquesessais cliniques chez l'Homme sont maintenant envisagés. Ainsi, même si le chemin semble encore semé d'embûches, ces travaux ouvrent des perspectives intéressantes pour la mise en place d'un vaccin contre le VIH.