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L’amlexanox, un médicament anti-inflammatoire, induit une perte de poids chez les souris obèses. En sera-t-il de même chez l’Homme ? © Bigplankton, Wikimedia Commons, DP
L'obésité est un problème sanitaire majeur qui frappe toutes les régions du monde. Selon l'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de cas aurait doublé depuis 1980. En 2008, 35 % des adultes étaient en surpoids et 11 % étaient obèses.
D'autre part, 40 millions d'enfants de moins de cinq ans seraient en surcharge pondérale. Ces personnes ont un risque accru de développer différents troubles comme le diabète de type 2, l'hypertensionhypertension et les problèmes cardiovasculaires. De nos jours, l'obésité tuerait d'ailleurs trois fois plus que la faim dans le monde !
L’amlexanox, dont la structure est représentée ci-dessus, est le composé actif d’un médicament anti-inflammatoire utilisé pour le traitement des aphtes. Il pourrait également soigner l’obésité. © Fvasconcellos, Wikimedia Commons, DP
L'obésité est pourtant évitable si l'on conserve une bonne hygiène de vie. Les recommandations des différentes institutions sanitaires ne semblent cependant pas porter leurs fruits et l'épidémie d’obésité n'en finit pas de grandir. Pour faire face à ce problème, les scientifiques sont à la recherche de nouvelles solutions thérapeutiques.
Plusieurs pistes ont déjà été empruntées mais aucune n'a pour le moment débouché sur un traitement miracle. Des chercheurs ont par exemple découvert que la stimulation cérébrale profonde pouvait influencer les comportements alimentaires. Plus récemment, une équipe de microbiologistes a montré qu'en contrôlant la flore intestinale on pouvait prévenir la prise de poids.
Des adipocytes qui brûlent à nouveau les graisses
L'amlexanox, le principe actif d'un médicament anti-inflammatoire utilisé pour soigner les aphtes, pourrait venir en aide des personnes obèses. L'année dernière déjà, dans une étude publiée dans la revue Nature, des chercheurs de l'université du Michigan (États-Unis) ont découvert que l'obésité conduisait à un état d'inflammation au niveau du foie et des tissus adipeux, par le biais de la voie de signalisation NFkB. Suite à ce résultat, ils ont testé l'amlexanox sur des souris obèses et ont montré que cette moléculemolécule favorisait la perte de poids et réduisait le risque de diabètediabète chez ces animaux. Cette fois ci, les scientifiques sont allés un peu plus loin et ont voulu comprendre le mécanisme par lequel ce médicament faisait maigrir. Leurs résultats sont publiés dans la revue elife.
Les adipocytes, les cellules spécialisées dans le stockage des graisses, peuvent fixer des hormoneshormones appelées catécholamines, parmi lesquelles figure l'adrénalineadrénaline. En réponse à cette liaison, les cellules se mettent à brûler des lipideslipides et libèrent dans le sang des acides grasacides gras, qui sont ensuite utilisés par les autres tissus. Grâce à des techniques de biochimiebiochimie et de biologie moléculairebiologie moléculaire, les chercheurs ont montré que chez les souris obèses, la protéineprotéine NFKB favorisait l'expression de deux gènesgènes codant pour les enzymesenzymes IKKε et TBK1. Cette activation réduit la capacité des récepteurs présents sur les adipocytesadipocytes à répondre aux catécholamines et à brûler les graisses. En d'autres termes, chez les rongeursrongeurs obèses, les adipocytes sont moins stimulés et les lipides s'accumulent progressivement.
Pourquoi l'amlexanox fait-il perdre du poids aux souris obèses ? Les auteurs ont montré que ce médicament interférait avec IKKε et TBK1 et rendait les adipocytes à nouveau sensibles aux catécholamines. Les cellules se mettent donc à nouveau à brûler les graisses et les souris commencent à maigrir. « En quelque sorte, l'amlexanox délivre le système d'utilisation des graisses qui était emprisonné chez les souris obèses », explique Alan Saltiel, le directeur de l'étude. Le mois prochain, son équipe va démarrer un essai cliniqueessai clinique pour tester l'efficacité de ce médicament dans le traitement de l’obésité et du diabète chez l'Homme.