Dans la prise en charge de l'obésité, l'étude du fonctionnement du tissu adipeux est la clé. Une équipe de l'Inserm a pu mettre en avant le caractère inflammatoire de l'obésité, grâce à de nouvelles avancées dans la compréhension de cet « organe à part entière ».

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    Les cellules impliquées dans les réactions inflammatoires sont plus nombreuses chez les personnes obèses. © Phovoir

    Les cellules impliquées dans les réactions inflammatoires sont plus nombreuses chez les personnes obèses. © Phovoir

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    En 2004, l'équipe du professeur Karine Clément (équipe Inserm Avenir de l'Hôtel Dieu à Paris) avait révélé le caractère inflammatoire de l’obésité. En marge du 18e Congrès européen sur l'obésité qui s'est tenu à Istanbul (Turquie) en mai dernier, celle-ci a présenté ses dernières découvertes sur le tissu adipeux. Un « organe à part entière » dont la compréhension constitue l'une des clés de l'amélioration de la prise en charge du surpoids et de l'obésité.

    Pour rappel, les cellules graisseuses (que l'on appelle des adipocytes) sont entourées par des cellules impliquées dans les réactions inflammatoire et immunitaire : les macrophagesmacrophages et les lymphocyteslymphocytes T. Plus nombreuses chez les personnes obèses, elles se disposent en couronne autour de chaque adipocyte. Et d'après Karine Clément, elles pourraient contribuer à leur destruction lorsqu'ils sont trop volumineux. Les adipocytes vieillissants seraient alors remplacés par d'autres, plus jeunes. Et ces derniers deviennent plus nombreux à mesure que le sujet grossit. Ils sont ensuite détruits... et le cycle se poursuit. Pour le professeur Clément, « le tissu adipeux est donc un véritable organe. Il n'est pas inerte. Il y a un renouvellement cellulaire ».

    Mais ce n'est pas tout. Macrophages et lymphocytes T entretiennent également un foyer inflammatoire, qui augmente le risque de pathologiespathologies liées au surpoids comme le diabète ou les troubles cardio-vasculaires. « Laisser évoluer le surpoids, c'est entretenir ce terrain inflammatoire, source de complications qui finiront par devenir irréversibles » souligne la spécialiste.

    Une explication au yo-yo 

    Autre élément important : en se développant chez l'obèse, le tissu adipeux se laisse peu à peu envahir de fibrosefibrose. Il s'agit de collagènecollagène qui va enserrer les adipocytes comme le ferait une coque rigide. Et selon l'équipe du professeur Clément, « plus les fibroses sont nombreuses et plus il est difficile de perdre du poids ». Cette fibrose tissulaire pourrait en outre expliquer que les « victimes du yoyo pondéral ou celles qui sont en surpoids depuis de nombreuses années aient tant de mal à maigrir ».

    La prochaine étape est déjà tracée. Il s'agira d'« évaluer la quantité de fibrose présente dans le tissu adipeux d'un patient. Cela permettrait de préjuger de sa plus ou moins grande capacité à bien maigrir grâce à un régime ou un acte chirurgical ». À suivre...