Le donanemab, un anticorps thérapeutique mis au point par Eli Lilly, confirme ses bons résultats ! L'analyse complète de la phase 3 révèle qu'il permet de réduire jusqu'à 60 % le déclin cognitif chez les patients jeunes atteints d'une forme précoce d'Alzheimer.
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Le donanemab est un médicament conçu pour éliminer les plaques amyloïdes dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Après plusieurs années de test, Eli Lilly, la société pharmaceutique à l'origine de cet anticorps thérapeutique, vient de publier les résultats complets de la phase 3 des essais cliniques dans Jama. Les résultats préliminaires partagés en mai dernier étaient très prometteurs avec une diminution de 40 % du déclin cognitif chez les volontaires testés. Le donanemab a-t-il confirmé ces bons résultats ?
Jusqu'à 60 % de réduction du déclin cognitif dans les cas les moins sévères
Les volontaires atteints d'Alzheimer à des stades de sévérité variables ont reçu une dose de donanemab par intraveineuse toutes les 4 semaines pendant 18 mois. À l'issue de ce protocoleprotocole, les scientifiques ont comparé leurs capacités cognitives ainsi que la quantité de plaques amyloïdes présentes dans leur cerveau.
Selon les derniers résultats parus, le donanemab permet de réduire jusqu'à 60 % le déclin cognitif et fonctionnel chez les patients atteints d'une défaillance cognitive modérée due à Alzheimer. Les bénéfices sont moins spectaculaires mais encourageants pour les patients déjà au stade de la démence modérée : la réduction du déclin cognitif pour ce sous-groupe est de 30 %. Il a également permis de détruire jusqu'à 80 % des plaques amyloïdes des volontaires contre 1 % pour le groupe placeboplacebo. Enfin, cet anticorps thérapeutique est plus efficace chez les patients jeunes (moins de 75 ans).
Des données positives qui consolident le dossier déposé par Eli Lilly auprès de la Food and Drug AdministrationFood and Drug Administration (FDA) pour l'autorisation de mise sur le marchéautorisation de mise sur le marché du donanemab. « S'il est approuvé, nous pensons que le donanemab peut fournir des bénéfices significatifs aux patients atteints d'Alzheimer et la possibilité de terminer leur traitement dès 6 mois après l'élimination des plaques amyloïdes », a déclaré Anne White, vice-présidente d'Eli Lilly et présidente de Lilly Neuroscience dans un communiqué de presse publié par la firme pharmaceutique.
Un médicament expérimental et prometteur ralentit le déclin cognitif chez les malades d'Alzheimer
Article de Futura avec ETX Daily Up, publié le 3 mai 2023
Après avoir stagné pendant des années, la recherche d'un traitement contre la maladie d'Alzheimer vient de faire un bond colossal. À l'issue d'un essai clinique conduit par le laboratoire américain Lilly, le donanemab, médicament expérimental, a ralenti de 40 % le déclin cognitif des participants, donnant l'espoir de pouvoir traiter et stabiliser cette maladie neurodégénérativemaladie neurodégénérative chez les personnes qui en sont atteintes.
Un traitement d'Eli Lilly a démontré lors d'un essai clinique de grande ampleur ralentir le déclin cognitif lié à la maladie d'Alzheimer, a annoncé mercredi ce groupe pharmaceutique américain. Ces résultats ont été accueillis avec enthousiasme par les experts, qui ont salué l'entrée dans une « nouvelle ère » dans la prise en charge de la maladie d'Alzheimer, grâce à plusieurs percées récentes.
L'essai clinique, qui comptait 1 200 participants n'ayant pas encore atteint un stade avancé de la maladie, a montré une réduction de 35 % du déclin cognitif des patients traités avec le donanemab, selon un communiqué de l'entreprise. Eli Lilly prévoit de déposer une demande d'autorisation auprès de l'agence américaine des médicaments (FDA) dès ce trimestre, et dans le monde « aussi vite que possible ». Le traitement peut toutefois entraîner des effets secondaires graves, comme des œdèmesœdèmes ou des hémorragies cérébrales. Trois participants à l'essai clinique sont décédés.
Une nouvelle ère pour le traitement de la maladie d'Alzheimer
L'essai clinique a également mesuré la capacité à accomplir des tâches du quotidien, comme conduire, converser, avoir des loisirs ou gérer ses finances. Sur 18 mois, les participants ayant reçu le traitement présentaient une réduction de 40 % du déclin dans leur capacité à réaliser ces tâches. « Ces résultats confirment que nous entrons dans l'ère du traitement d'Alzheimer », s'est réjouie Catherine Mummery, du National Hospital for Neurology and Neurosurgery, à Londres.
Il sera désormais possible « d'espérer de manière réaliste pouvoir traiter et stabiliser une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer, avec une gestion de long terme, plutôt que des soins palliatifspalliatifs et de soutien », a-t-elle ajouté.
La recherche dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer a stagné durant des décennies. Mais deux nouveaux traitements, développés par les entreprises pharmaceutiques japonaise Eisai et l'Américaine Biogen, ont récemment été approuvés aux États-Unis : le Leqembi (dont le principe actifprincipe actif est nommé lecanemab), et l'Aduhelm (moléculemolécule aducanumab).
Si l'autorisation de l'Aduhelm a été controversée, certains experts pointant le manque de preuves sur son efficacité, le lecanemab avait été le premier à démontrer une réduction du déclin cognitif (de 27 %)) dans le cadre d'un essai clinique. Le traitement d'Eli Lilly, s'il est approuvé aux côtés du lecanemab, pourrait « offrir un choix de traitements aux patients », s'est félicitée Liz Coulthard, de l'Université de Bristol. La maladie d'Alzheimer touche des dizaines de millions de personnes dans le monde.
Alzheimer : un début d'espoir thérapeutique ?
Article de Julien Hernandez, publié le 23 mars 2021
Une nouvelle étude clinique de phase 2, financée par le laboratoire Eli Lilly, suggère qu'un traitement - le Donanemab - serait utile pour réduire modestement la progression du déclin cognitif chez des patients au stade précoce de la maladie.
Note : la rédaction n'a eu accès qu'au résumé de l'article scientifique vulgarisé ci-dessous. Les informations divulguées sont donc à prendre avec précaution.
La maladie d'Alzheimer est toujours incurable. Les essais cliniques se succèdent et se soldent par des échecs. Est-ce parce qu'on ne dispose pas d'une théorie complète de la physiopathologie de la maladie ? Est-ce parce que certaines hypothèses sont délaissées ? Ces questions sont complexes. Pour cet essai clinique, les chercheurs restent dans une optique classique et consensuelle de la maladie d'Alzheimer, en essayant de s'en prendre à l'accumulation de protéinesprotéines bêtabêta-amyloïde et Tau - les deux marqueurs clés qui soutiennent le diagnosticdiagnostic de la maladie - grâce à un anticorps monoclonalmonoclonal, le Donanemab.
Un essai de phase 2
L'essai randomisé en double aveugle publié dans le New England Medical Journal of Medicine est un essai de phase 2. Autrement dit, son objectif principal est de déterminer la sécurité et la posologie du traitement. On le constate d'ailleurs avec un échantillon modeste de 257 patients, qui est plus faible que le nombre envisagé initialement par les scientifiques, qui espéraient en recruter 375. Un élément qui altère la robustesse de l'analyse statistique.
Un effet modeste sur le critère primaire...
Les patients ont été répartis aléatoirement en deux groupes qui recevraient respectivement 700 milligrammes de Donanemab pour les trois premières doses et 1.400 milligrammes par la suite ou une injection placebo par intraveineuse toutes les quatre semaines pendant 72 semaines. Avant et après l'intervention, les scientifiques ont évalué leurs patients à l'aide de l'échelle d’évaluation intégrée de la maladie d’Alzheimer (iADRS). Ce test est un outil composite regroupant les scores de la sous-échelle cognitive de l'échelle d'évaluation (ADAS-Cog) et de l'échelle d'activité quotidienne adaptée à la maladie d'Alzheimer (ADCS-iADL). Le score final permet d'évaluer l'état de la cognitioncognition, de la démence et des capacités fonctionnelles.
Plus le score de ce test est bas, plus l'altération cognitive et fonctionnelle est importante. En comparaison avec le groupe placebo, le groupe traitement a vu son score baissé un peu moins rapidement que le groupe placebo après 76 semaines. Pour autant, la marge d'erreur des résultats est trop importante, compte tenu de la taille modeste de l'échantillon, pour qu'on puisse tirer une conclusion robuste.
...et aucun effet sur la plupart des critères secondaires
Les expérimentateurs avaient aussi déterminé plusieurs critères secondaires sur lesquels évaluer l'efficacité du médicament. Parmi eux, encore beaucoup d'évaluations via des tests psychométriques et des critères anatomiques : le changement au niveau du dépôt de plaque d'amyloïde, de protéine Tauprotéine Tau et du volumevolume cérébral. Aucune différence n'apparaît sur la plupart des critères secondaires, hormis au niveau de la réduction des plaques amyloïdes et Tau. Parallèlement, des œdèmes cérébraux et des effusionseffusions concomitantes à cette réduction étaient plus importants dans le groupe Donanemab, sans que ces observations se traduisent par des symptômessymptômes cliniques lors de l'étude.
Vers des études plus longues ?
Devant leurs résultats mitigés, les auteurs concluent à la nécessité d'entreprendre des essais plus longs pour étudier l'efficacité et la sécurité du Donanemab dans la maladie d'Alzheimer. Mais faut-il vraiment s'enliser vers les essais de phase 3 avec ces résultats ? N'y a-t-il pas d'autres pistes de traitements à explorer concernant le traitement de la maladie d'Alzheimer ? La recherche clinique sur la maladie d'Alzheimer n'est-elle pas bloquée dans une escalade d'engagement ?
Jean-Charles Lambert, neuroscientifique spécialiste de la maladie d'Alzheimer et directeur de recherche à l'Institut national de la Science et de la Recherche médicale a commenté ces résultats pour nous : « D'un côté, le premier critère d'évaluation est atteint sur un petit nombre d'individus. C'est plutôt encourageant par rapport à ce qu'on peut voir d'habitude dans les essais cliniques pour traiter la maladie d'Alzheimer. Cependant, les résultats sont très modestes et il est également très compliqué de savoir comment ils se traduiront d'un point de vue clinique. Néanmoins, il ne fait aucun doute que le traitement a eu un effet sur les biomarqueurs ciblés. C'est le deuxième essai thérapeutiqueessai thérapeutique qui tend à montrer un petit effet en ciblant les peptidespeptides amyloïdes par immunisation activeimmunisation active. Par conséquent, ces résultats semblent supporter en partie notre conception actuelle de la pathologiepathologie. D'un autre côté, ils indiquent aussi que ladite conception à la base de ces approches thérapeutiques est probablement trop simpliste. »