Le risque de décès diminue de 2 % pour chaque année passée sur les bancs de l'école et, plus tard, de l'université. C'est le constat d'une étude qui a quantifié les effets d'une absence d'éducation scolaire de qualité dont les conséquences sont aussi néfastes que le tabagisme. Les auteurs de cette étude plaident pour des investissements accrus dans le domaine de l'éducation scolaire afin de réduire les inégalités mondiales en matière de mortalité.


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    Vous souhaitez vivre plus longtemps ? Faites des études ! Cette injonction peut paraître surprenante, mais c'est pourtant le constat établi par des chercheurs qui se sont intéressés à l'impact de l'éducation sur l'espérance de vie. Leurs travaux révèlent que chaque année supplémentaire passée à l'école pourrait permettre de réduire significativement la mortalité, de l'ordre de 2 %.

    Nombreuses sont les études qui se sont attachées à démontrer que les niveaux d'études élevés étaient associés à une plus longue espérance de vie, mais aucune n'est parvenue à déterminer dans quelle mesure l'éducation pouvait réduire la mortalité. Une équipe de chercheurs de la Norwegian University of Science and Technology s'est penchée sur la question, suggérant à l'issue de ses travaux que chaque année passée à l'école avait une influence sur l'espérance de vie, et ce de manière significative.

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    « L'éducation est importante en soi, ne serait-ce que pour ses bienfaits sur la santé, mais le fait de pouvoir désormais quantifier l'ampleur de ces bienfaits constitue une avancée significative », explique le Dr Terje Andreas Eikemo, coauteur et directeur du Centre for Global Health Inequalities Research de la Norwegian University of Science and Technology, dans un communiqué.

     Accéder à une éducation scolaire de qualité permet de sauver des vies et de réduire l'écart de mortalité dans le monde. © Gorodenkoff, Adobe Stock
     Accéder à une éducation scolaire de qualité permet de sauver des vies et de réduire l'écart de mortalité dans le monde. © Gorodenkoff, Adobe Stock

    Un niveau d'études secondaires réduit le risque de décès de 25 %

    Les chercheurs se sont basés sur des données provenant de pas moins de 59 pays, dont les États-Unis, la France, l'Inde, l'Australie, ou encore le Royaume-Uni avec, à la clé, plus de 10 000 observations collectées à partir de plus de 600 articles publiés. Si ces travaux reposent sur un vaste panel de données, les scientifiques précisent que la plupart d'entre elles proviennent de pays à revenu élevé -- ce qui constitue une limite et incite d'ores et déjà les auteurs à poursuivre leurs recherches dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

    Publiées dans The Lancet Public Health, leurs conclusions mettent l'accent sur le fait que chaque année d'études supplémentaire est associée à un risque de mortalité moindre de 2 %. Ils précisent que cela correspond à une baisse du risque de décès de 13 % en moyenne pour celles et ceux qui finissent le cursus de l'école primaire (environ six années d'école selon les régions) par rapport à celles et ceux qui ne sont pas allés à l'école. L'obtention du diplôme d'études secondaires (environ 12 années) était, quant à elle, associée à une baisse de la mortalité de 24,5 % et l'obtention du diplôme d'études supérieures (niveau master) à une baisse du risque de décès de l'ordre de 34 %.

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    « Nous devons augmenter les investissements sociaux pour permettre l'accès à une éducation de meilleure qualité dans le monde entier afin de mettre fin aux inégalités persistantes qui coûtent des vies. Plus d'éducation conduit à un meilleur emploi et à des revenus plus élevés, à un meilleur accès aux soins de santé et nous aide à prendre soin de notre propre santé. Les personnes avec un niveau élevé d'éducation ont également tendance à développer un ensemble plus large de ressources sociales et psychologiques qui contribuent à leur santé et à leur longévité », souligne Mirza Balaj, co-auteure de ces travaux.

    Ne pas aller à l'école est aussi néfaste que la cigarette ou l'alcool

    Fait encore plus surprenant, les chercheurs suggèrent que les bienfaits sur l'espérance de vie de 18 années d'études seraient similaires à ceux liés à une consommation idéale de légumes. L'étude révèle également que le fait de ne pas aller à l'école serait aussi néfaste que de boire cinq verresverres d'alcoolalcool ou plus par jour ou de fumer la moitié d'un paquetpaquet de cigarettes par jour pendant dix ans.

    Malgré les limites de cette étude, notamment liées à la moindre inclusion de pays à faible revenu, les scientifiques indiquent n'avoir mis en lumièrelumière « aucune différence significative » dans les bienfaits observés « entre les pays ayant atteint des stades de développement différents ».

    « Combler le fossé éducatif signifie réduire l'écart de mortalité, et nous devons interrompre le cycle de la pauvreté et des décès évitables avec l'aide d'un engagement international. Afin de réduire les inégalités en matièrematière de mortalité, il est important d'investir dans des domaines qui favorisent les opportunités d'accès à l'éducation. Cela peut avoir un effet positif sur la santé de la population dans tous les pays », conclut Claire Henson, chercheuse à l'Institute for Health Metrics and Evaluation de l'université de Washington, qui a également participé à ces recherches.