À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, une étude s'est penchée sur l'effet de la réduction des inégalités de genre sur l'espérance de vie des femmes et des hommes. Selon cette dernière, œuvrer pour la parité entre hommes et femmes permet à tout le monde de vivre mieux et plus longtemps.


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    Œuvrer pour combler les inégalités entre les femmes et les hommes est aussi une question de santé. Trois scientifiques du George Institute for Health (Royaume-Uni), avec la collaboration de l'Imperial College de Londres, ont essayé de comprendre comment la réduction des inégalités de genre pouvait influencer l'espérance de vie des femmes et des hommes. « De nombreux facteurs qui déterminent combien de temps vous vivrez - comme les conditions de travail et de vie, l'exposition à la pollution, l'accès aux soins de santé, l'éducation, le revenu et le soutien social - s'ajoutent aux différences entre les sexes dans le monde », explique Ana-Catarina Pinho-Gomes, chercheuse à la tête de cette étude parue dans Plos Global Public Health.

    Des progrès dans la réduction des inégalités et l'espérance de vie

    Cette étude est la première de son genre, elle est basée sur une version modifiée du Global Gender GapGap Index (GGGI), un outil mis au point par le Forum économique mondial pour comparer les efforts faits en faveur de la parité et de l'égalité des sexes entre les 156 pays référencés. Le GGGI attribue à chaque pays un score allant de 0, la non-parité, à 1, la parité entre les genres. Évidemment, il y a de grandes disparités entre les pays.

    En bas du tableau, on trouve l'Afghanistan avec un score de 28 % et en pole position, l'Islande qui atteint les 87 %. Le GGGI classique intègre des données de santé dans son calcul, mais dans la version modifiée utilisée ici, les scientifiques les ont retirées pour pouvoir comparer l'évolution du GGGI avec l'espérance de vie à la naissance entre 2010 et 2020.

    En dix ans, le GGGI a peu évolué, passant de 58 % à 62 %, au niveau mondial, témoignant de progrès timides dans l'égalité entre les genres. L'espérance de vie des femmes est passée de 75,7 ans à 77,6 ans et de 69,7 ans à 71,4 ans pour les hommes. Les analyses longitudinales n'ont pas mis en évidence d'association significative entre l'évolution du GGGI et celle de l'espérance de vie. Mais les analyses cross sectionnelles si. Chaque augmentation de 10 % du GGGI permet aux femmes de grapiller 4,3 mois d'espérance de vie et les hommes 3,5 mois, augmentant ainsi l'écart dans l'espérance de vie de 7,8 mois.

    Encore trop de petites filles n'ont pas accès à l'école à travers le monde. © Pressmaster, Shutterstock
    Encore trop de petites filles n'ont pas accès à l'école à travers le monde. © Pressmaster, Shutterstock

    L'école, un secteur crucial pour l'égalité homme-femme

    Quand l'analyse est encore affinée et que chaque dimension du GGGI est étudiée seule (politique, économique, éducative) - la santé ayant été exclue pour cette étude -, les scientifiques se sont aperçus que les égalités de genre dans l'éducation ont le plus fort impact sur l'espérance de vie. En d'autres termes, plus le milieu de l'éducation est égalitaire, plus les femmes comme les hommes vivent plus longtemps. « Cela suggère qu'investir dans l'éducation est primordial, particulièrement dans les pays pauvres et à revenu intermédiaire, où beaucoup de filles se voient toujours refuser un accès à l'éducation », explique le docteur Pinho-Gomes.

    Les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, mais réduire les inégalités de genre qui pénalisent essentiellement les femmes et les autres minorités de genre semble profiter à tout le monde. « Pour cette Journée internationale des droits des femmes, n'oublions pas la preuve qui démontre qu'améliorer la représentation des femmes dans de nombreux secteurs contribue à une société plus riche et saine pour tout le monde », conclut Ana-Catarina Pinho-Gomes.