Un nouveau variant du coronavirus a émergé en Inde alors que la situation sanitaire est alarmante dans ce pays. Que savons-nous de ces mutations et de leurs effets sur la biologie du virus ? Voici les premiers éléments à disposition.


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    Depuis mars 2021, l'Inde est noyée sous un nombre toujours croissant de cas de coronavirus. Ces derniers jours, le pays enregistre plus de 200.000 nouvelles contaminations journalières, pour un total de 15,6 millions de cas et de 182.553 morts au dernier décompte. Ce rebond sans précédent de l'épidémie coïncide avec la circulation d'un nouveau variant du coronavirus. Appartenant à la lignée B.1.617, ce variant indienvariant indien a été repéré la première fois le 5 octobre 2021, lors du dépistage d'un homme de 31 ans dans l'état du Maharashtra où se trouve Bombay. Que sait-on des mutations de ce variant, de sa transmissibilité et de sa létalité ? Pour le moment, il n'a pas fait l'objet d'études scientifiques poussées, mais quelques unes de ces caractéristiques sont déjà connues.

    Le nombre de cas confirmés journaliers en Inde. © <em>Our World in Data</em>
    Le nombre de cas confirmés journaliers en Inde. © Our World in Data

    Le « double mutant » indien

    Bien qu'identifié en octobre dernier, le variant indien ne circule activement dans la population indienne que depuis quelques semaines. Le 24 mars 2021, le ministère de la Santé en Inde a communiqué sur l'émergenceémergence d'un variant inconnu, qui est responsable de 15 à 20 % des échantillons séquencés par l'Insacog (Indian SARS-CoV-2 Consortium on Genomics). Quelles sont les mutations caractéristiques de ce variant ? Il a été surnommé le « double mutant » par les médias à cause de deux mutations importantes sur sa protéine S, déjà observées par ailleurs. La première mutation concerne la position 484 de la protéine S, qui est aussi présente sur les variants brésilien et sud-africain. Pour ces deux derniers, c'est une lysinelysine qui remplace un acide glutamiqueacide glutamique (E484K). Pour le variant indien, c'est une glutamineglutamine (E484Q).

    Pour rappel, la mutation E484K a été associée à un meilleur échappement au système immunitaire. En d'autres termes, ces variants résistent mieux aux anticorpsanticorps neutralisants issus de l'infection naturelle ou de la vaccinationvaccination. Mais, pour le moment, rien ne permet d'attester formellement que la mutation E484Q provoque le même effet. L'autre mutation majeure de la protéine S est L452R, présente dans le variant californien du coronavirus. Selon une étude prépubliée, cette mutation augmente de 18 à 24 % de transmissibilité du virusvirus et a un impact significatif sur le pouvoir neutralisant des anticorps. Aucune étude sur la létalité du variant indien n'a été conduite pour le moment.

    Un variant déjà sorti des frontières indiennes

    Ce variant a été identifié dans un contexte sanitaire particulièrement difficile, mais aucun lien clair avec l'émergence du variant indien n'a été établi pour le moment, selon un document sur les variants publié par Santé publique France le 8 avril 2021. Un relâchement dans le respect des mesures sanitaires est aussi une explication possible.

    Fin mars, les Indiens se rassemblent traditionnellement pour le festival Holi. Bien qu'interdites dans plusieurs États, dont celui de New Delhi, des célébrations regroupant de nombreuses personnes, le plus souvent sans masque, ont tout de même eu lieu. L'Inde a décidé de mettre sous cloche sa capitale New Delhi dès ce lundi et pour une semaine minimum.

    L'Europe n'est pas épargnée par le variant indien qui a déjà traversé le globe. Au Royaume-Uni, 154 cas ont été identifiés ces quatre dernières semaines. L'Allemagne, la Belgique et la Suisse ont aussi détecté quelques cas. Le variant n'est pas présent en France métropolitaine mais deux cas ont été confirmés en Guadeloupe.