Ce singe noir, à la face blanche et aux narines largement ouvertes, vit au nord du Myanmar, ex-Birmanie. Il n’avait jamais été décrit par les zoologistes. Pourtant, sur place, on sait depuis longtemps qu’il n’aime pas la pluie…

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    Le rhinopithèque de Striker, Rhinopithecus strykeri, une espèce de primate birman nouvelle pour la science mais pas pour les populations locales qui connaissent ses éternuements. © Martin Aveling/Fauna & Flora International

    Le rhinopithèque de Striker, Rhinopithecus strykeri, une espèce de primate birman nouvelle pour la science mais pas pour les populations locales qui connaissent ses éternuements. © Martin Aveling/Fauna & Flora International

    Tout au nord du Myanmar, dans les forêts profondes à la frontière de la Chine, une équipe a fait une découverte rare : un nouveau primate. L'animal est de bonne taille : 55 centimètres de la tête au coccyxcoccyx pour l'un des individus décrits, avec une queue très longue, de 78 centimètres, soit un rapport d'environ 140 %. Pour saluer cet événement rare, la revue Journal of Primatology, où Thomas Geissmann et ses collègues ont décrit cette nouvelle espèce, rend l'article libre d'accès avec, en prime, quelques images de l'animal.

    L'espèce appartient au genre Rhinopithecus, rhinopitèque en français. Ces singes asiatiques sont faciles à reconnaître : ils n'ont pas de neznez. Leurs narinesnarines prennent la forme de fentes verticales qui s'ouvrent largement. Herbivores, ils fréquentent les forêts de montagnes. Jusque-là, on en connaissait quatre espèces, en Chine et au Vietnam.

    Toutes sont considérées comme en danger d’extinction. Cette cinquième espèce a reçu le nom de Rhinopithecus strykeri, en l'honneur de Jon Stryker, président de la fondation Arcus, qui a participé au financement de ce programme de recherches.

    Reconstitution dessinée du nouveau rhinopithèque. Il n’est pas le seul primate à arborer un nez retroussé à ce point. L’article scientifique, dans la revue <em>Journal of Primatology</em>, montre notamment une photographie d’un de ses cousins, <em>Rhinopithecus bieti</em>, aux narines largement ouvertes. Cette anatomie pose problème les jours de pluie… © Thomas Geissmann

    Reconstitution dessinée du nouveau rhinopithèque. Il n’est pas le seul primate à arborer un nez retroussé à ce point. L’article scientifique, dans la revue Journal of Primatology, montre notamment une photographie d’un de ses cousins, Rhinopithecus bieti, aux narines largement ouvertes. Cette anatomie pose problème les jours de pluie… © Thomas Geissmann

    Un territoire très réduit

    Menée par Ngwe Lwin, du Conservatoire pour la préservation de la biodiversité et de la nature (Biodiversity and Nature Conservation Association, BANCA), l'équipe de primatologues n'a pas vu le singe vivant mais a rencontré des chasseurs qui ont exhibé cinq individus.

    L'animal, en effet, est connu dans la région et on sait, là-bas, que ce singe aux larges narines est gêné par la pluie qui le fait éternuer. Quand il pleut beaucoup, expliquent les habitants, ce singe s'accroupit et enfouit son nez dans le pelage de ses genoux en attendant la fin de l'averse.

    La nouvelle espèce reste localisée sur un petit territoire de 270 kilomètres carrés, séparé de celui des autres rhinopithèques par le Mékong et la Salouen. Les zoologisteszoologistes estiment que la population compte entre 260 et 330 individus seulement. À peine découvert, ce primate doit donc être considéré comme en danger critique d’extinction.