Longtemps supposée sur la base de récits historiques, l’éruption volcanique sous-marine qui aurait déclenché la période iconoclaste dans l’Empire Byzantin en l’an 726 aurait bien eu lieu. Une récente campagne sur la caldeira du Santorin apporte les preuves de cet événement et révèle que ce volcan aurait un comportement plus imprévisible qu’on ne le pensait.


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    Si le Santorin est principalement connu pour son éruption dévastatrice qui s'est produite il y a 3 600 ans, entraînant la chute de la civilisation Minoenne, de récentes études révèlent que ce complexe volcanique aurait violemment explosé à de nombreuses reprises au cours des derniers millénaires.

    Un cycle volcanique qui se termine à chaque fois par la formation d’une caldeira

    L'étude des éruptions passées laisse supposer que, comme beaucoup de grands systèmes volcaniques, le Santorin suit des cycles durant lesquels on observe d'abord une phase de recharge magmatique marquée par une constructionconstruction des édifices volcaniques, par le biais de petites et fréquentes éruptions, puis une phase de maturation du système durant laquelle les éruptions vont s'espacer et devenir plus puissante, jusqu'à la génération d'une explosion majeure engendrant un effondrementeffondrement de la chambre magmatique et la formation d'une caldeiracaldeira.

    L’île de Santorin, qui n’est autre que l’immense caldeira du volcan Théra. © Nasa, <em>Wikimedia Commons</em>, domaine public
    L’île de Santorin, qui n’est autre que l’immense caldeira du volcan Théra. © Nasa, Wikimedia Commons, domaine public

    Chaque cycle pourrait ainsi durer plusieurs dizaines de milliers d'années. Actuellement, le Santorin est dans sa phase d’accumulation de magma. Nous serions donc encore loin d'une nouvelle éruption majeure.

    Des récits historiques qui laissaient penser à une violente éruption en 726

    Mais la première phase de ce cycle pourrait ne pas être aussi calme qu'on le pensait. C'est ce que révèlent les résultats d'une campagne océanographique (IODP 398). Ils suggèrent en effet qu'une violente éruption sous-marineéruption sous-marine se serait produite en l'an 726. Des observations qui s'accordent avec les récits historiques, qui relatent un « bouillonnement de la mer », l’arrivée massive de « pierres flottantes » sur les côtes d'Asie mineure et de Macédoine, et la formation d'une nouvelle île dans la mer Égée. Un phénomène qui aurait d'ailleurs été interprété par l'Empereur Leo III de Constantinople comme une manifestation du courroux divin face au culte des icônesicônes. Pour apaiser la colère de son dieu, l'empereur byzantin aurait alors ordonné la destruction de toutes les images représentant les personnages saints.

    Église Sainte-Irène, à Istanbul. La décoration ne comporte qu'une simple croix. Il s'agit d'un exemple typique d'art iconoclaste. © Nina Aldin Thune, <em>Wikimedia Commons</em>, CC by-sa 3.0 Deed
    Église Sainte-Irène, à Istanbul. La décoration ne comporte qu'une simple croix. Il s'agit d'un exemple typique d'art iconoclaste. © Nina Aldin Thune, Wikimedia Commons, CC by-sa 3.0 Deed

    Cet iconoclasme aura d'importantes répercussions dans la société byzantine, entraînant une forte instabilité de l'Empire. Si les récits sont bien détaillés, aucune preuve scientifique n'avait jusqu'à présent permis d'attester cet événement éruptiféruptif. La dernière campagne scientifique a permis de le mettre en évidence, avec la découverte d'un niveau de cendres et de pierres ponces d'une épaisseur de 40 mètres au fond de la mer.

    Un comportement volcanique plus aléatoire que prévu

    Ces nouveaux résultats, publiés dans la revue Nature Geoscience, révèlent ainsi que, même dans sa phase relativement calme d'accumulation de magma, le Santorin est capable de produire de puissantes explosions. Des données qui permettent de mieux évaluer le potentiel éruptif et la dangerosité de ce système volcanique.