Dans l’Arctique, bien plus qu’ailleurs, les températures augmentent. Poussant peu à peu les forêts vers le nord. Jusqu’à menacer la toundra. Si des mesures cohérentes de lutte contre le réchauffement climatique ne sont pas engagées dès à présent, ce biome unique disparaîtra d’ici le milieu de ce millénaire.


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    Notre Terre se réchauffe. Son pôle Nord un peu plus rapidement encore. Au cours de ces 50 dernières années, la température en Arctique a déjà augmenté de plus de 2 °C. Et si nous ne parvenons pas à limiter nos émissions de gaz à effet de serre (GESGES), les modèles annoncent même une hausse assez spectaculaire des températures estivales d'ici 2100. Jusqu'à plus 14 °C !

    Le saviez-vous ?

    La toundra est une « terre sans arbre ». L’un des quatorze biomes terrestres. Le plus jeune d’entre eux puisque la toundra ne s’est formée que depuis environ 10.000 ans.

    De quoi, les chercheurs nous le disent depuis longtemps maintenant, faire fondre la glace. Mais les changements de paysages risquent de ne pas s'arrêter à cela. « L'environnement terrestre va radicalement changer. Les vastes étendues de toundra en Sibérie et en Amérique du Nord seront massivement réduites car, dans un avenir proche, la limite des arbres, qui change déjà lentement, avancera rapidement vers le nord. Dans le pire des cas, il n'y aura pratiquement plus de toundra d'ici le milieu de ce millénaire », explique Ulrike Herzschuh, chercheur à l’Institut Alfred Wegener (AWI, Allemagne), dans un communiqué.

    Son équipe a étudié dans le détail le cas de la toundra du nord-est de la Russie. Pour essayer de comprendre comment préserver cette région, sa flore -- des espèces comme le pavot ou le saule arctiques -- et sa faunefaune -- le renne, le lemming ou le bourdon arctique -- uniques, tout autant que les peuples autochtones et leurs traditions.

    Des chercheurs de l’Institut Alfred Wegener (AWI, Allemagne) ont étudié la réponse de la toundra au réchauffement climatique. Ils concluent que, même si l’atmosphère se refroidissait à nouveau au cours du millénaire, les forêts ne libéreraient pas complètement les anciennes zones de toundra. Pour l’heure, seuls des arbres isolés peuplent la toundra, ici près du lac Nutenvut, à Keperveem, (Russie). © Stefan Kruse, Institut Alfred Wegener
    Des chercheurs de l’Institut Alfred Wegener (AWI, Allemagne) ont étudié la réponse de la toundra au réchauffement climatique. Ils concluent que, même si l’atmosphère se refroidissait à nouveau au cours du millénaire, les forêts ne libéreraient pas complètement les anciennes zones de toundra. Pour l’heure, seuls des arbres isolés peuplent la toundra, ici près du lac Nutenvut, à Keperveem, (Russie). © Stefan Kruse, Institut Alfred Wegener

    Limiter nos émissions pour sauver la toundra

    Grâce à leur modèle, les chercheurs ont pu, par exemple, décrire le cycle de vie complet des mélèzes de Sibérie dans la zone de transition vers la toundra -- de la production et de la distribution des graines à la germination, jusqu'aux arbres adultes. Une manière très réaliste de représenter la façon dont la limite des arbres avance dans un climatclimat qui se réchauffe.

    Les résultats sont sans équivoque. Les forêts de mélèzes pourraient s'étendre vers le nord à une vitessevitesse pouvant atteindre 30 kilomètres par décennie. Et en raison de la proximité de l'océan Arctique, certaines régions de toundra ne peuvent pas se déplacer. Elles diminueraient de plus de plus. Dans la majorité des scénarios, d'ici le milieu de ce millénaire, il resterait moins de 6 % de la toundra d'aujourd'hui. Pour en préserver seulement 30 %, nous devrions mettre en œuvre des mesures assez ambitieuses de réduction de nos émissionsémissions de GES. Sans quoi la ceinture de toundra sibérienne longue aujourd'hui de 4.000 kilomètres se diviserait en deux parcelles, distantes de 2.500 kilomètres.

    « À ce stade, c'est une question de vie ou de mort pour la toundra sibérienne », déclare Eva Klebelsberg, chef de projet Aires protégées et changement climatiquechangement climatique/Arctique russe au WWFWWF (Allemagne). « Car les populations de flore et de faune locales sont très vulnérables aux influences perturbatrices. » Comme un morcellement des habitats. « Et une chose est claire : si nous continuons comme si de rien n'était, cet écosystèmeécosystème disparaîtra progressivement. »