L’astéroïde qui a eu la peau des dinosaures ne l’a pas faite trembler. L’élévation de l’Himalaya non plus. Mais aujourd’hui, cette mousse est bel et bien au bord de l’extinction. Une cause : la rapidité de l'actuel réchauffement climatique d’origine humaine.


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    Takakia. C'est ainsi que les scientifiques l'appellent. Une moussemousse -- deux espèces de mousses, en réalité -- pas tout à fait comme les autres. Ses feuilles sont en forme de plumes ! Et elle est la plus vieille mousse au monde. En 400 millions d'années, elle a survécu à pas moins de quatre extinctions de masse. Ainsi qu'à la formation de l’Himalaya, le seul endroit, d'ailleurs, où cohabitent les deux espèces de Takakia.

    Une mousse qui a évolué avec l’Himalaya

    Cette mousse est aujourd'hui la plus vieille sur Terre parce qu'elle est aussi celle qui s'adapte le plus vite à un environnement qui change. Grâce, expliquent des chercheurs de l’Académie chinoise des sciences agricoles, à la présence dans leur génomegénome du plus grand nombre de gènesgènes à évolution rapide de toutes les mousses connues. C'est probablement ce qui a permis à Takakia de supporter la baisse des températures et l'augmentation des quantités de rayonnements ultravioletsultraviolets qu'elle recevait avec l'élévation de l'Himalaya. Le tout en seulement 50 millions d'années.

    Mais ce que les chercheurs nous apprennent surtout, c'est que ces capacités exceptionnelles d'évolution ne semblent pas permettre à Takakia de s'adapter à la grande vitesse à laquelle les températures augmentent aujourd'hui dans l'Himalaya sous l'effet du réchauffement climatique. En un peu plus de dix ans, les scientifiques rapportent que les températures ont grimpé ici de 0,4 °C, faisant reculer l'aire de répartition de Takakia de 1,6 % par an. C'est même plus que les mousses utilisées comme témoins.

    Cette mousse sera-t-elle une victime de plus du réchauffement climatique ?

    À ce rythme-là, les chercheurs estiment que d'ici la fin de ce siècle, Takakia ne trouvera plus de conditions appropriées à son épanouissement que sur moins de 1 500 kilomètres carrés dans le monde. Dans l'espoir de réussir à éviter que le réchauffement climatique d’origine humaine ne vienne à bout de la plus vieille mousse du monde, les scientifiques ont commencé à cultiver et à transplanter des populations de Tatakia dans d'autres régions.