Neuf espèces d'oiseaux marins sur dix ingèrent des morceaux de plastique, parce qu’ils les confondent avec de la nourriture ou parce qu'ils en avalent accidentellement. En 2050, ce taux dépassera 99 %. C’est la conclusion de chercheurs australiens qui ont compilé un demi-siècle d’études sur la question pour réaliser un modèle numérique, qu’ils ont ensuite confronté aux mesures récentes.
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La pollution des océans par les matièresmatières plastiques - des gros morceaux jusqu'aux petites particules - est assez bien connue. Récemment, une vidéo de la NasaNasa, basée sur un suivi de la NOAANOAA, visualisait leur accumulation dans cinq grandes régions océaniques. Leur effet sur les écosystèmesécosystèmes, en revanche, est plus difficile à estimer. Une équipe de biologistes australiens du CSIRO (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) s'est attelée à la tâche en s'intéressant à un des derniers maillons de la chaîne alimentairechaîne alimentaire : les oiseaux marins, d'ailleurs considérés comme un bon indicateur de la pollution marine.

Ces animaux ingèrent directement des déchets en plastique, plus ou moins gros et de toute nature, qu'ils prennent pour de la nourriture. Ils peuvent aussi en ingérer accidentellement, sous forme de morceaux plus petits, collés sur des alguesalgues ou déjà ingérés par leurs proies. Ces objets peuvent être dangereux pour eux de deux manières : par risque d'étouffement ou par l'ingestioningestion de produits pouvant être toxiques.

Le risque n'était jusque-là cerné que sur les régions côtières, et de manière imparfaite. Chris Wilcox, Erik Van Sebille et Britta Denise Hardesty sont allés plus loin afin de mesurer ce risque à l'échelle de la planète, y compris pour les oiseaux de haute mer, et de l'estimer pour différentes régions. Ces biologistes ont procédé de deux manières en prenant en compte les habitudes alimentaires de 186 espècesespèces (42 genres, 10 familles), les quantités de déchetsdéchets connues en différents endroits du globe et l'évolution des quantités de matières plastiques produites.

Des déchets de matière plastique de toutes tailles jonchent cette plage de l'île australienne Christmas, au sud de l'île de Java. Ces petits objets s'accumulent en de nombreux endroits de la planète et les oiseaux marins en sont victimes. © CSIRO, Britta Denise Hardesty

Des déchets de matière plastique de toutes tailles jonchent cette plage de l'île australienne Christmas, au sud de l'île de Java. Ces petits objets s'accumulent en de nombreux endroits de la planète et les oiseaux marins en sont victimes. © CSIRO, Britta Denise Hardesty

99,8 % des espèces d'oiseaux marins touchées en 2050

Les chercheurs ont également analysé la littérature et analysé des études menées entre 1962 et 2012 sur 135 espèces d'oiseaux de mer, qui ont montré que les individus de 59 % d'entre elles ingéraient régulièrement du plastiqueplastique. « En réalisant une standardisation des données, nous estimons que la proportion serait de 90 % des individus si ces études étaient menées aujourd'hui », expliquent les auteurs dans le résumé de l'article scientifique publié dans la revue Pnas.

Compte tenu de l'augmentation de la production mondiale de plastique (un doublement tous les onze ans, rappellent les auteurs), cette proportion atteindra 99,8 % des espèces concernées en 2050. Ces valeurs ne sont pas que théoriques puisqu'elles corroborent les observations : en 1960, 5 % des oiseaux passant entre les mains des scientifiques abritaient des morceaux de plastique dans leur tube digestiftube digestif alors que la proportion atteignait 80 % en 2010.

Sur le plan géographique, ces auteurs australiens notent, en s'en étonnant, que la région où le risque est le plus élevé se trouve dans la mer de Tasman, entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Cet endroit est pourtant considéré comme une zone où l'impact des activités humaine est très faible. Selon Erik Van Sebille (cité dans le communiqué du CSIRO), l'effet pollueur des matières plastiques est particulièrement important là où la biodiversitébiodiversité est la plus grande. Au sein des gyresgyres océaniques, là où les débris, désagrégés, se concentrent, la vie animale est pauvre. Selon lui, deux espèces sont davantage touchées : les manchots et les albatros. Britta Denise Hardesty fait remarquer que des scientifiques ont retrouvé près de 200 morceaux de plastique dans l'estomacestomac d'un seul oiseauoiseau...